Les abcès de pied chez le cheval
Les abcès de pied représentent une des causes majeures de boiterie aiguë chez le cheval. Ils sont dus à une infection bactérienne à l’intérieur du sabot, très douloureux pour le cheval. L’abcès se situe en profondeur au sein du sabot et n’est donc pas visible de l’extérieur.
Les abcès de pied provoquent des boiteries impressionnantes, mais s’ils sont bien soignés, le cheval se remet rapidement et sans séquelle. Cependant, ils ne sont pas à prendre à la légère car un traitement inadapté peut retarder la guérison voire engendrer de graves complications.
Les symptômes des abcès de pied chez le cheval
Les symptômes rencontrés sont assez caractéristiques, cependant ils peuvent parfois prêter à confusion avec d’autres causes de boiterie, notamment des fractures de la troisième voire de la deuxième phalange.
Ainsi, les signes cliniques sont les suivants :
Selon le grade de douleur, le cheval peut montrer des signes généraux :
- Baisse de l’appétit
- Abattement
- L’abcès peut être associé à une hyperthermie modérée (38 à 39°C)
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Quelles sont les causes des abcès de pied chez le cheval ?
Un abcès de pied va se former suite à l’introduction de bactéries au sein de la sole. Si la corne est très humide et/ou présente quelques fissures, cela facilite leur introduction.
Il existe 3 causes principales d’abcès de pied chez le cheval :
Traumatique
Un choc sur la sole, avec un caillou ou un objet pointu (fils barbelés, clous …) peut engendrer une fissure de la sole et une contusion locale (bleime) et ainsi favoriser le développement de bactéries.
Lié à l’environnement
Les abcès de pied chez le cheval sont particulièrement fréquents lors de périodes humides, notamment chez les chevaux vivant en paddock boueux.
La corne humide en permanence devient plus perméable et les bactéries y rentrent plus facilement, notamment au niveau de ce qu’on appelle la ligne blanche.
Suite à la ferrure
Des fers posés incorrectement peuvent également être à l’origine d’abcès de pied.
En effet, un clou broché un peu trop haut dans le pied, trop proche de la chair, crée une inflammation locale pouvant évoluer en abcès. Dans ce cas, la boiterie intervient généralement dans les jours qui suivent la ferrure.
Le développement des bactéries dans la boite cornée va être à l’origine de la formation d’une poche de pus (abcès) dont la taille va augmenter avec le temps.
Lorsque l’abcès va atteindre une certaine taille, il va créer une forte pression au sein du sabot, à l’origine d’une douleur très intense.
La boiterie peut être visible progressivement ou se déclarer brutalement quand la pression est trop forte.
En général, cette phase aiguë ne dure que quelques jours, jusqu’à ce que l’abcès se perce, en général au niveau de la sole. Une fois percé, la douleur diminue très rapidement.
Parfois, si l’abcès est localisé très haut ou si la sole est particulièrement dure, il peut se percer au niveau de la couronne. Le contenu de l’abcès va se déverser à l’extérieur via cette porte de sortie et un écoulement de pus est alors visible.
Comment faire le diagnostic ?
Le test à la pince exploratrice est le meilleur moyen de diagnostiquer un abcès de pied chez le cheval.
Il s’agit, à l’aide d’une pince à sonder prévue à cet effet, de détecter la présence éventuelle d’un abcès et de le localiser. Cette pince permet d’appliquer une pression précise sur la sole, la fourchette et même les talons. Normalement, ce test n’est pas douloureux ou très peu.
Si le cheval présente une douleur en un point précis à la pression de la pince, c’est qu’un abcès est probablement localisé à cet endroit.
En cas de doute, il est possible de confirmer ce diagnostic en effectuant des radiographies du pied suspect. Cet examen complémentaire va permettre d’écarter ou non la présence d’une fracture de la troisième phalange. L’abcès peut parfois se voir à la radiographie mais ce n’est pas systématique.
Traitement contre les abcès de pied chez le cheval
Avant tout traitement, il est nécessaire de déferrer le cheval afin de rechercher l’origine de l’abcès avec une reinette.
En creusant, le vétérinaire (ou le maréchal) trouvera une poche de pus, en général noir et nauséabond. Il ouvrira bien la corne à ce niveau pour permettre le drainage de l’abcès.
La douleur est généralement plus diffuse et l’exploration à la reinette infructueuse.
Dans ce cas, il va falloir faire murir l’abcès.
Ainsi, l’objectif va être de ramollir la corne du sabot à l’aide de cataplasmes.
Pour cela, les graines de lin sont un des meilleurs outils.
Utilisées humides, cuites et chaudes, en une couche épaisse sur la sole, elles vont permettre de bien la ramollir tout en accélérant la maturation de l’abcès. Il existe aussi des pansements tout faits à utiliser humides dans le même objectif.
Le cataplasme est à changer tous les jours jusqu’à ce que l’abcès perce. En général, lorsque c’est le cas, le cheval retrouve très rapidement du confort et l’odeur nauséabonde au changement de pansement le confirme.
Une fois l’abcès percé
Par la suite, un nettoyage quotidien du pied avec une solution antiseptique est nécessaire.
Les bains de pied avec une solution javellisée sont souvent recommandés.
La javel est un antiseptique puissant et a de plus un effet astringent permettant d’attirer les impuretés et d’assainir la corne. Il faudra également poser un pansement et le changer tous les jours jusqu’à guérison. Le but ici est de protéger le pied d’une nouvelle infection bactérienne.
Ces soins locaux peuvent devenir un vrai calvaire si le cheval n’est pas coopératif.
Heureusement, des chaussures de traitement sont disponibles et peuvent remplacer les pansements ou faciliter leur tenue. Certaines peuvent même permettre de réaliser des bains de pied sur les chevaux les plus récalcitrants.
Enfin, le traitement d’un abcès de pied chez le cheval passe par un repos jusqu’à guérison complète dans un box qui doit rester le plus propre possible et exempt d’humidité.
S’il ne l’est pas, un sérum antitétanique sera administré. Sauf dans des cas particuliers (infection osseuse, clou de rue profond…), les antibiotiques et anti-inflammatoires sont contre-indiqués. En effet, ils vont bloquer l’évolution de l’abcès, l’empêchant de mûrir. Cela peut entrainer une infection profonde du pied et favoriser l’évolution vers une fistule en couronne.
Prévention des abcès de pied chez le cheval
- Elle passe avant tout par un entretien quotidien des pied de votre cheval.
- Un entretien avec de l’onguent est également nécessaire afin d’éviter un assèchement de la corne et donc l’apparition de fissures. Enfin, un parage et/ou un ferrage régulier sont nécessaires.
- Il est important que les sabots soient curés quotidiennement afin d’en retirer les éventuels cailloux et en même temps de vérifier la ferrure et contrôler l’état de la corne (présence de blessures, fissures …).
- Enfin, il vaut mieux éviter de laisser un cheval dans un paddock boueux, surtout s’il est déferré (la ligne blanche est plus accessible), et de manière générale éviter de déferrer un cheval en plein hiver. En effet, ses pieds fragiles habitués aux ferrures et présentant les trous des anciens clous sont particulièrement exposés aux bactéries.
Pour conclure :
Les abcès de pied chez le cheval représentent une des sources principales des boiteries. Ils ne sont pas anodins mais se soignent bien à condition de réaliser scrupuleusement les soins locaux. Le rôle du propriétaire est donc crucial et la coopération du cheval déterminante. Malgré une boiterie souvent très impressionnante, il est primordial d’éviter de donner des anti-inflammatoires au cheval pour favoriser la guérison.
Attention en cas de clou de rue (clou planté dans le pied), appelez toujours votre vétérinaire avant de faire quoi que ce soit. Les conséquences peuvent être bien plus sévères qu’un simple abcès de pied.
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Références :
- Anne Couroucé-Malblanc et Francis Desbrosse. Maladies des chevaux, 2ème édition. Guides France Agricole, 2010. Pathologie du sabot et notions de maréchalerie, p. 248.
- Céline Amare. Boiteries chez le cheval : conseils à l’officine [en ligne]. Thèse Docteur en Pharmacie. Toulouse : Université Toulouse III – Paul Sabatier, 2014, 108 p. Disponible sur : http://thesesante.ups-tlse.fr/685/1/2014TOU32109.pdf (consultée le 02/03/2018).