Leptospirose chez le cheval

Maladie infectieuse cosmopolite, la leptospirose se retrouve chez de nombreuses espèces domestiques et sauvages, ainsi que chez l’homme. C’est une maladie d’importance croissante, notamment en France. 

Les cas de leptospirose en France sont la plupart du temps trouvés entre juillet et novembre. Les individus à risque chez l’homme sont principalement des professionnels ou personnes en contact avec des eaux contaminées, il y a très peu de transmission de l’animal à l’homme.

Cependant la leptospirose chez le cheval passe fréquemment inaperçue : notamment aujourd’hui, beaucoup de chevaux d’apparence saine sont détectés positifs. A cela, s’ajoute le caractère polymorphe de cette maladie, provoquant divers problèmes chez le cheval, allant de contre-performances à un vice rédhibitoire à la vente. Pour cette maladie, il va donc être important de connaitre les mesures de prévention applicables à votre animal afin d’éviter une infection.

Le « leptospire » : l’agent bactérien responsable de la maladie

Le responsable de la leptospirose n’est autre qu’une bactérie : le leptospire, appartenant à l’ordre des Spirochaetales (genre Leptospira). Plusieurs sous-groupes (appelés sérovars) sont retrouvés chez le cheval et notamment un sous-groupe pathogène : Leptospira interrogans (qui est aussi pathogène pour l’homme). Il faut noter que parmi ces différents sérovars, seuls très peu sont pathogènes chez le cheval.

Du fait de leur très petit diamètre (0,1-0,2 µm), les bactéries du genre Leptospira sont relativement difficiles à observer en microscopie. Elles sont aérobies (nécessitent de l’oxygène pour vivre et se développer) et fragiles dans les matières biologiques du milieu ambiant (dans lesquelles elles ne survivront qu’environ 6h).

Néanmoins, ces bactéries auront une très bonne persistance dans l’eau et les sols humides légèrement basiques à des températures moyennes de 20°C.

Comment se fait la transmission ?

Les sources de leptospires pathogènes sont principalement les animaux domestiques et la faune sauvage, ainsi que le milieu extérieur. On trouve notamment un certain nombre d’espèces « réservoirs » parmi les petits mammifères sauvages (hérissons, lièvres…) et rongeurs (souris, campagnols…).

Leptospirose du cheval

Qu’est-ce qu’un « réservoir » ?

Insensibles à la maladie, ces animaux sont par contre parfaitement aptes à la disséminer. Ils ne sont pas porteurs de signes apparents et contaminent l’environnement en libérant la bactérie principalement dans leur urine.

On comprend donc qu’un cheval pourra être contaminé via différents biais :

  • Contamination par ingestion d’eau ou d’aliments souillés, le plus souvent par de l’urine.
  • Contact avec des matières virulentes ou un environnement contaminé. En effet, la voie transcutanée est aussi possible, mais généralement pour cause de blessure ou suite à une immersion prolongée.

NB : on fera notamment attention aux blessures telles que les dermites du paturon et du canon.

Par la suite, le cheval pourra développer ou non la maladie et donc potentiellement devenir excréteur à son tour. Pendant la phase de multiplication bactérienne, tout tissu, organe, liquide en provenance de l’animal pourra alors être considéré comme potentiellement dangereux. On fera alors particulièrement attention à l’urine, aux sécrétions génitales et placentaires, au sperme, lait et sécrétions oculaires. L’infection in-utéro de la jument au poulain est de même possible.

Y a-t-il une réceptivité à l’infection différente selon le cheval ?

Plus ou moins, mais ce n’est pas si simple :

  • Si les poulains et les jeunes sont plus sensibles, le taux de séropositivité (individu positif) augmente avec l’âge, et ce, car les risques d’avoir été en contact au moins une fois avec un leptospire augmentent aussi.
  • Le portage génital chez les juments peut prolonger leur séropositivité, mais il n’existe pas de véritable preuve d’une sensibilité supérieure aux mâles.

Néanmoins certains facteurs entrent indubitablement en cause pour augmenter les risques d’infection :

  • L’état sanitaire des chevaux : meilleur il est et plus résistants les animaux seront.
  • L’état psychologique des chevaux : tout stress pourra être une porte d’entrée pour une infection.
  • La présence d’une faune sauvage à proximité.
  • Un climat propice au développement des leptospires.
  • La gestion de l’écurie ou de l’élevage : méthode d’alimentation, de stockage des aliments, biosécurité des bâtiments.

Symptômes de la leptospirose chez le cheval

La reconnaissance d’une maladie infectieuse repose sur la recherche de symptômes pathognomoniques (très évocateurs d’une maladie en particulier). Malheureusement, la leptospirose chez le cheval est bien souvent subclinique (inapparente). De plus, lorsque la maladie s’exprime, on en décrit plusieurs formes, ce qui complique à nouveau le diagnostic :

1) La forme aiguë (évolution rapide sur une courte durée, 2 semaines environ) :

Le cheval pourra présenter : 

  • Une hyperthermie (température au-dessus de 38,5°C),
  • Une anorexie,
  • Un ictère (coloration jaune des muqueuses,
  • Une coloration foncée des urines (due à la présence de sang), 
  • Des diarrhées ou autres affections digestives,
  • De la conjonctivite,
  • Ou encore des douleurs musculaires.
Leptospirose chez le cheval

2) La forme suraiguë : mortelle chez le cheval, mais fort heureusement rare.

3) La forme chronique : cette fois-ci la maladie évolue sur une durée plus longue avec souvent des symptômes inapparents ou peu évocateurs comme :

  • De l’amaigrissement,
  • Un ictère très léger,
  • Mais aussi une inflammation récurrente de l’oeil (uvéite chronique).

A lire aussi : L’uvéite chez le cheval

Remarque importante : Il existe aussi des formes spéciales de la maladie.

  • L’uvéite récurrente peut être une manifestation de la maladie, elle se caractérise par une inflammation périodique de l’œil. (Attention tous les chevaux présentant des uvéites ne sont pas atteints de la leptospirose).
  • Chez l’étalon, il existe une forme de portage chronique au niveau des organes génitaux.
  • Avortement ou mortalité à la naissance du poulain : par contamination de la mère au fœtus. Si la gestation va au terme, la naissance d’un poulain malade est aussi possible.

Ces symptômes sont la conséquence de la multiplication des leptospires ou de leurs réactions toxiques dans les tissus de l’organisme. Leur association à la maladie n’est pas chose simple, et de même le diagnostic est souvent difficile à établir pour le vétérinaire.

Les examens complémentaires seront alors indispensables : recherche directe de l’agent pathogène ou recherche de l’éventuelle réaction immunitaire du cheval par prélèvement de sang, de liquide céphalo-rachidien ou d’urine.

Les analyses de ces prélèvements devront toujours être réalisées par le vétérinaire, le diagnostic étant difficile à établir. En effet deux types d’erreurs sont fréquentes :

  • Un titrage sérologique des anticorps qui revient positif n’induit pas forcément que le cheval est atteint de la maladie.
  • Il ne faut pas non plus considérer que tout individu testé, avec un seuil relativement bas, n’est pas atteint par cette affection.

Un individu sera considéré positif lorsqu’il aura un titrage supérieur ou égal à 1/200e.

La difficulté réside dans le fait que certains chevaux présenteront toute leur vie des titrages élevés (donc « positifs ») sans pour autant souffrir de la maladie.

  • Remarque : les symptômes provoqués par les leptospires peuvent évoquer d’autres maladies importantes chez le cheval, telles que l’anémie infectieuse, la piroplasmose ou encore l’anaplasmose.

Quel traitement pour soigner la leptospirose chez le cheval ?

Votre cheval se verra tout d’abord prescrire un antibiotique actif sur les spirochètes, ainsi qu’un traitement contre les symptômes de sa maladie. Le choix du vétérinaire se basera sur la forme et la localisation de l’affection, qui dépend de chaque animal. La leptospirose chez le cheval se soigne en général bien, à condition d’être prise en charge suffisamment tôt.

Une cure de complément drainant pour soutenir les reins et le foie est généralement conseillée en parallèle du traitement médicamenteux.
Elle permet d’aider l’organisme à éliminer tout en soutenant le système hépato rénal. Elle dure en général 2 à 4 semaines en fonction des analyses sanguines du cheval et de son atteinte clinique.
Certains chevaux peuvent garder des séquelles, notamment s’ils développent des signes oculaires. En effet les uvéites liées à la leptospirose peuvent persister même après la guérison du cheval, elles sont la conséquence de la réaction immunitaire qu’il aura développée au contact de la bactérie. De même en cas d’atteinte rénale, si les lésions sont trop importantes elles sont parfois irréversibles.

Quelles sont les mesures à prendre pour éviter la contamination ?

Il n’existe à l’heure actuelle aucun vaccin pour le cheval. Ainsi, « prévention » est le mot d’ordre pour la leptospirose, même si celle-ci reste une maladie rare chez le cheval. Il est néanmoins très important de mettre en place un panel de mesures offensives pour limiter au maximum le risque de contamination.

Pour cela il est impératif de dératiser l’ensemble des box et locaux utilisés, de traiter rapidement toute blessure de votre cheval, de drainer les prairies humides et zones marécageuses, tout comme d’assainir les eaux. On fera de même attention aux autres animaux vivant près des chevaux, comme les chiens, qui sont eux-mêmes sensibles à la leptospirose (mais pour qui il existe un vaccin).

Pour résumer :

La leptospirose chez le cheval est une maladie complexe, qui ne doit pas être prise à la légère du fait de son potentiel zoonotique (transmissible à l’homme) et de l’absence de vaccin pour le cheval. C’est une maladie dont la forme oculaire (uvéite périodique) est soumise à réglementation en France puisque invalidante pour l’animal. Les animaux porteurs sains sont difficiles à traiter et l’éradication du milieu extérieur utopique : une prévention à la source est donc indispensable.

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Références :

  • Fleury, Laurence, Aurélia. « La leptospirose équine ». ENVA, 1999. ENVT.
  • Jauffrion, Nastasia. « La leptospirose du cheval ». VetAgro Sup, 2015.
  • Valon, F. Etude clinique, diagnostic et traitement des leptospiroses équines. Vol. 30. Prat Vet Equine 120, 1998.