Le shivering chez le cheval

Aussi connu sous le nom de « maladie des tremblements » ou « syndrome du trembleur », c’est le terme anglais de « shivering » qui est le plus souvent utilisé pour désigner cette affection neuromusculaire idiopathique du cheval.

Encore très peu étudié, ce trouble est néanmoins considéré comme relativement courant et des cas sont décrits partout en France comme à l’étranger, chez des chevaux de tout âges et de toutes races. Les poneys semblent, eux, très peu sensibles. Il n’existe pas réellement de preuve d’une implication de la génétique dans cette pathologie, qui semble plutôt être la conséquence d’une cause nerveuse.

Souvent confondu avec d’autres troubles tels que le Harper ou la myosite, il est important de savoir reconnaitre le shivering chez le cheval, qui semble plus fréquent que l’on pourrait le penser.

Symptômes du shivering chez le cheval

Le shivering est une affection neuromusculaire se traduisant par l’apparition de spasmes involontaires et intermittents, le plus souvent au niveau des membres postérieurs du cheval.

On peut le résumer par l’abréviation 2HT2S : « Hypertonie, Hyperflexion, Tremblement, Spasticité en Station ».

Si les signes sont très variables d’un cheval à l’autre selon le degré d’atteinte, ceux-ci apparaissent néanmoins tous lors de certaines situations précises telles que :

  • Le reculer,

  • Des virages plus ou moins serrés,

  • Lors de la préhension du pied.

Ils sont de même tous absents lorsque le cheval est en mouvement.

On remarque enfin qu’ils sont plus fréquents après un long moment à l’arrêt ou à froid en sortant du box.

La plupart des cas décrits le sont ainsi : 

shivering cheval

Credit photo : L.A. DEQUIER

  • Le cheval lève brusquement son membre et reste bloqué en l’air en hyperflexion et abduction,

  • Le membre tremble puis se repose à terre, le plus souvent doucement. Le spasme semble parfois douloureux pour le cheval.

Remarque

Le shivering chez le cheval est le plus souvent observé sur le membre postérieur mais il existe aussi de rares cas de membres antérieurs touchés.

De même, l’encolure et la face peuvent être sujettes au shivering. Dans ce dernier cas, ce sont les muscles des oreilles, des paupières, des lèvres et des joues qui subissent les contractions spasmodiques.

Les différents examens complémentaires ne donnent pas de résultats concluants, qu’il s’agisse d’un bilan sanguin, d’une échographie musculaire ou d’un électromyogramme.

Le diagnostic repose donc essentiellement sur les symptômes et l’historique du cheval

La stimulation du nerf sciatique par palpation transrectale déclenche un spasme du côté correspondant.

Le vétérinaire cherchera à distinguer le shivering d’autres troubles de la locomotion entrainant des tremblements ou des mouvements anormaux, comme le Harper ou la maladie du Motoneurone.

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Cause du shivering chez le cheval

A l’heure d’aujourd’hui, la cause du shivering chez le cheval reste indéterminée.

Cette affection semble être la conséquence d’une hypertonie réflexe dont de nombreuses causes ont été abordées sans pour autant en définir une précisément : une origine nerveuse, musculaire, génétique, infectieuse, ostéoarticulaire, traumatique est possible dans ce cas.

Néanmoins, c’est l’hypothèse de la lésion nerveuse qui semble aujourd’hui la plus probable pour expliquer les signes cliniques représentatifs du shivering chez le cheval.

  • Les grands chevaux (plus d’1m80 au garrot) semblent plus touchés, ce qui explique une forte prévalence chez les chevaux de trait et très faible chez les poneys.

Il existe un certain nombre de facteurs aggravants :

  • L’immobilité : la vie au box est à proscrire pour les chevaux atteints de shivering,

  • Le froid,

  • La douleur : toute atteinte douloureuse des membres concernés aggrave les spasmes,

  • Le stress,

Cheval box
  • Le travail trop intensif : en effet, si un travail d’entretien est conseillé, il a été observé que le sport intensif pouvait aggraver les signes et accélérer l’évolution du shivering.

Traitement contre le shivering chez le cheval

Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement pour cette affection.

En général, on cherchera principalement à éviter, ou à défaut à limiter tous les facteurs potentiellement aggravants des signes cliniques en adaptant les conditions de vie du cheval concerné.

En effet, il faudra veiller à :

  • Assurer des sorties quotidiennes régulières de préférence longues et éviter l’inactivité : la mise au pré permanente peut être recommandée, couplée à un travail d’entretien régulier.

  • Le stress doit être évité au maximum, notamment lorsqu’il est associé à l’enfermement comme lors d’un transport.

  • La mise en place de couvertures pour le pré en hiver est fortement conseillée, le froid étant source d’aggravation des symptômes. La douche froide est déconseillée sur les zones touchées.

  • L’ostéopathie peut avoir des effets bénéfiques.

  • La tranquillisation peut permettre de ferrer ou au moins de parer le cheval quand les spasmes sont trop sévères.

Enfin, on portera une attention particulière au membre atteint puisque toute blessure peut être source de douleur, qui aggraverait le shivering chez le cheval.

Evolution et pronostic du shivering

Le shivering est une maladie qui s’exprime de façon très variable d’un cheval à l’autre et dont l’évolution est malheureusement très imprévisible.

Dans de nombreux cas, les symptômes sont stables et n’évoluent pas ou très peu.

Le pronostic vital et sportif est alors plutôt favorable.

Quelques cas de rémission ou d’amélioration sans traitement particulier ont été décrits.

Dans certains cas, l’évolution est négative…

Le cheval peut devenir impossible à ferrer. On observe alors une amyotrophie progressive de l’arrière-main (quand ce sont les postérieurs qui sont atteints), associée à une perte de puissance et à une baisse de performance. Dans les cas les plus sévères, cela peut aller jusqu’à une raideur des membres, rendant difficiles les mouvements de l’animal et occasionnant des chutes.

Bien que très rare, une évolution rapide peut être à l’origine de dépression du cheval pouvant entraîner la mort ou l’euthanasie.

Le pronostic dépend grandement de l’intensité des signes, de leur évolution et de la tolérance de chaque animal. Le shivering doit donc être pris en compte pour ce qui est de l’avenir sportif de l’animal.

Pour conclure : 

Affection neuromusculaire à l’origine de spasmes non volontaires et imprévisibles, le shivering chez le cheval est une maladie qu’il ne faut pas prendre à la légère.

Touchant le plus fréquemment les membres postérieurs, ce trouble se caractérise par une position d’hyperflexion en abduction associée à des tremblements. Chaque cas est à prendre dans son ensemble car l’évolution et le pronostic sont extrêmement dépendants de l’animal et de ses possibilités à supporter les signes cliniques associés. Il n’existe aujourd’hui aucun moyen de prévenir ou de guérir cette maladie dont l’origine reste floue.

Cependant, il est clair que limiter un certain nombre de facteurs favorisants comme le stress ou encore le froid reste très important dans la prise en charge de l’animal atteint.

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Références :

  • ADAIR H.S., ANDREWS F.M. (1995)Diseases of the peripheral nerves.
    Dans : Kobluk C.N., Ames T.R., Geor R.J. The Horse diseases and clinical management.
    W.B. Saunders, Philadelphia. 473-85
  • DAVIES P.C. (2000)Shivering in Thoroughbred mare.
    Can vet J ; 41 : 128-9
  • DEQUIER, Laure-Aline. « Le shivering ou maladie des tremblements chez le cheval: synthèse bibliographique, étude épidémiologique et clinique personnelle ». ENVL, 2010.