Le syndrome naviculaire

syndrome naviculaire

Le syndrome naviculaire, ou plus exactement le syndrome podotrochléaire, est une maladie redoutée par les propriétaires. La boiterie causée est souvent considérée comme incurable, impliquant une retraite prématurée du cheval. Ce syndrome regroupe l’ensemble des lésions douloureuses qui peuvent toucher l’appareil podotrochléaire, c’est-à-dire les structures situées à l’arrière du pied du cheval, autour de l’os naviculaire (situé entre la deuxième et la troisième phalange). Les causes de douleur sont multiples. Des traitements sont parfois possibles en fonction de la structure touchée, mais impliquent souvent une gestion particulière du cheval toute sa vie.

Les symptômes du syndrome naviculaire chez le cheval

Même si les causes peuvent être multiples, les symptômes sont similaires car ils sont causés par une douleur située au niveau de l’appareil podotrochléaire.

Le syndrome naviculaire touche majoritairement les antérieurs et se caractérise par une boiterie, le plus souvent bilatérale et progressive.

La boiterie peut être intermittente avec des phases plus ou moins douloureuses mais elle est notamment visible à l’effort sur sol dur et sur des petits cercles, à main correspondante. C’est à dire qu’à main droite, le cheval boite de l’antérieur droit et à main gauche, de l’antérieur gauche.

Au trot voire au pas, on observe notamment un raccourcissement de la phase postérieure de la foulée.

test planche cheval

En effet, la douleur est maximale quand le pied est en extension inter-phalangienne distale (en arrière de la verticale) car la pression sur l’appareil podotrochléaire est alors à son optimum. (Antérieur gauche sur la photo ci-contre)

Le test de la planche recrée les contraintes sur l’appareil podotrochléaire en forçant cette extension, mais n’est pas toujours fiable à 100%.

Les sabots naviculaires sont souvent encastelés et avec des talons fuyants (talons pressés vers l’avant) mais c’est loin d’être systématique. Quand un seul pied est touché, on observe souvent des sabots très dissymétriques entre les deux pieds. A force de limiter les appuis du sabot douloureux, ce dernier peut finir par s’atrophier et donc devenir plus étroit, plus vertical et plus haut.

En phase chronique, le cheval a tendance à se soulager en plaçant l’antérieur douloureux en protraction, c’est-à-dire plus en avant que la normale.

Diagnostic

Ces boiteries répondent normalement très bien à l’anesthésie du pied réalisée par le vétérinaire. Selon les cas, le diagnostic peut ensuite être posé à la radiographie ou à l’échographie mais bien souvent seule l’IRM permettra d’avoir des images précises et exhaustives des lésions. Cependant, bien qu’elle se démocratise de plus en plus, son coût est généralement un frein pour les propriétaires.

Quelles sont les causes du syndrome naviculaire ?

Les causes du syndrome podotrochléaire sont multiples et sans doute pas encore totalement connues. L’utilisation de l’IRM a énormément contribué à élucider un grand nombre de boiteries dont le siège de la douleur se situait dans le pied. Les structures qui peuvent être touchées sont multiples, avec parfois des lésions de l’ensemble de l’appareil podo-trochléaire.

anatomie pied cheval

Parmi les causes connues, on retrouve par exemple :

  • Les atteintes de l’os naviculaire : kystes, sclérose, ostéophytes (arthropathie)… Le cheval peut avoir une prédisposition génétique pour ces problèmes osseux.

  • Une inflammation de la bourse naviculaire, en général secondaire, associée à d’autres lésions primaires.

  • Une tendinite au niveau du fléchisseur profond dans le pied, favorisée par un travail sur sol profond et des ferrures trop espacées
  • Atteinte du ligament sésamoïdien distal (desmite)

En général, la boiterie se déclenche au travail. Il existe un certain nombre de facteurs favorisants :

  • Le sol sur lequel on travaille : trop dur ou trop profond
  • La ferrure : un cheval avec une pince trop longue a plus de contraintes sur le fléchisseur profond, surtout à l’obstacle, et donc un risque de tendinite plus élevé.
  • Le travail intensif à l’obstacle, les réceptions mettant l’appareil podotrochéaire rudement à l’épreuve.
  • Des études sont encore menées pour rechercher les causes de cette maladie et les possibles traitements.

reception obstacle cheval

Comment soigner un cheval naviculaire ?

Si les symptômes du cheval dit « naviculaire » sont similaires, les traitements doivent être adaptés en fonction de la cause. La maréchalerie sera en général la même mais la gestion d’un cheval souffrant de tendinite n’a rien à voir avec celle d’un cheval avec une arthropathie.

Traitement médicamenteux

En général, dans la première phase de traitement, le cheval doit être mis au repos afin de diminuer l’inflammation. Certains cas nécessitent un repos au box, notamment lors de tendinite par exemple. Le vétérinaire peut également conseiller un traitement à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens par voie générale.

Selon les cas, une infiltration peut être réalisée afin de diminuer l’inflammation de façon ciblée (bourse podo-trochléaire ou articulation inter-phalangienne distale).

Dans les cas de pathologie de l’os naviculaire, l’acide tiludronique administré par voie générale permet de lutter contre l’ostéolyse et les remaniements osseux.

Maréchalerie

Dans ces pathologies, la maréchalerie est primordiale, c’est un traitement à part entière.

Une ferrure en œuf (egg-bar shoes) est souvent choisie pour soulager au mieux les tensions sur l’appareil podotrochléaire. Elle permet de diminuer les tensions exercées en soutenant les talons, elle doit présenter un rolling important à l’avant. Selon les cas, le vétérinaire peut lui préférer un fer à l’envers, qui favorise encore plus le départ du pied.

Ces ferrures sont très orthopédiques et si elles soulagent le pied, elles sont par ailleurs contraignantes pour le boulet par exemple. Si le cheval récupère un confort suffisant pour reprendre une activité sportive, notamment à l’obstacle, on optera si c’est possible pour une ferrure plus classique à la fin de la période de convalescence, comme un fer à oignon, toujours avec fort rolling.

ferrure en œuf cheval

© Photo Michel Vaillant Maréchalerie

  • Les ferrures ne doivent pas être trop espacées, une pince trop longue augmente sévèrement les contraintes sur le pied.

Gestion de l’activité

Après la période de repos, vient en général une période de convalescence, dont la durée varie selon le cheval et la cause exacte de la boiterie. C’est le vétérinaire qui donne les consignes sur la rééducation au cas par cas.

Progressivement, selon l’état du cheval, les séances pourront être rallongées jusqu’à un travail classique sur le plat. Les courbes trop serrées restent à proscrire.

Le choix du sol est très important : trop dur, il aggrave les problèmes ostéo-articulaires car il augmente les chocs et la résonance; mais trop profond, il favorise les tendinites du fléchisseur profond.

L’idéal est un sol ferme mais souple.

Les petits soins d’entretien pour renforcer la solidité et la qualité d’amortissement du pied sont primordiaux. Des cataplasmes à l’aide de hoof packing permettent de renforcer la sole et de limiter sa sensibilité. Lien Forschner

En compléments naturels, des plantes aux vertus anti-inflammatoires comme l’harpagophytum ou la reine des prés (non dopant) peuvent être utilisées en cures régulières.

Le retour au saut d’obstacle est envisageable en fonction de la récupération du cheval, mais dans les cas graves, cela n’est plus possible.

En tout dernier recours, le vétérinaire peut pratiquer une névrectomie : une intervention chirurgicale qui permet de couper le nerf irriguant l’arrière du pied, mais cette intervention est très controversée. Cette opération entraine une perte de sensibilité qui peut masquer des pathologies graves comme la fourbure par exemple et retarder sa détection et donc sa prise en charge. Elle n’est quasiment plus réalisée en France, mais plus fréquemment dans d’autres pays.

  • De plus, la névrectomie est interdite par la FEI et le code des courses.

Le syndrome naviculaire est une pathologie fréquente et souvent effrayante pour le propriétaire. Chaque cas est différent et nécessite une prise en charge particulière. Pour le moment, aucun traitement curatif n’a été trouvé pour les pathologies osseuses. Toutefois, certains chevaux récupèrent leurs capacités grâce à un suivi, une ferrure et des conditions de vie adaptées. Le développement de l’IRM a permis de grands progrès dans le diagnostic et le suivi de ces pathologies.

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Références :

  • Navicular disease in horses, James M.Casey
  • Institut Européen de Physiologie Equine
  • Une nouvelle approche pour guérir les naviculaires, KC LaPierre