Calculs et tumeurs de la vessie chez le cheval

L’appareil urinaire permet chez tous les animaux d’éliminer sous forme liquide les déchets rejetés par l’organisme. Cependant, certaines affections peuvent altérer la miction du cheval. Nous nous intéresserons particulièrement à différencier deux pathologies provoquant des symptômes assez similaires mais au pronostic pour le moins différent : les calculs et tumeurs vésicaux.
Si l’incidence de ces pathologies urinaires est relativement faible dans l’espèce équine, elles sont néanmoins de gravité extrêmement variable et peuvent altérer grandement la santé du cheval. Touchant majoritairement la vessie, ces affections sont difficiles à traiter, d’autant plus que leur diagnostic est souvent tardif. Il est donc important de pouvoir les repérer le plus tôt possible. Voici quelques points qui vous permettront d’en savoir un peu plus sur les tenants et aboutissants de ces affections.

Quels sont les symptômes observables ?

Les calculs et tumeurs de la vessie chez le cheval sont à l’origine d’un certain nombre de symptômes urinaires communs. Pourront-être observés fréquemment :

tumeurs de la vessie chez le cheval
  • Du sang ou du pus dans les urines
  • Une incontinence ou à l’inverse une pollakiurie (envie fréquente d’uriner)
  • Une souillure des postérieurs
  • Une douleur à la miction

Néanmoins, certains signes cliniques pourront vous orienter vers l’une ou l’autre des pathologies :

  • Pour les calculs vésicaux : un prolapsus chronique du pénis pourra éventuellement être observé chez les mâles (incapacité à rentrer le pénis dans le fourreau), ainsi qu’une douleur abdominale. Parfois, du fait d’une chronicité qui s’installe, les chevaux pourront refuser toute forme d’exercice, perdre du poids ou encore développer des coliques à répétitions. De plus, les calculs urinaires peuvent provoquer une cystite et une rupture de la vessie.

  • Pour les tumeurs vésicales, les autres signes cliniques sont moins spécifiques : perte de poids et baisse de l’état général sont fréquents. Mais parfois, du sang pourra être observé à la vulve ou au pénis hors phases de miction.

  • NB : en ce qui concerne les calculs urétraux (surtout chez étalons et hongres), ils sont bien souvent originaires de la vessie. Ils quittent cet organe de stockage de l’urine et viennent par la suite se coincer dans l’urètre de diamètre réduit.

La confirmation du diagnostic pour l’une ou l’autre de ces affections sera faite par le vétérinaire par palpation transrectale de la vessie (les gros calculs vésicaux pouvant atteindre jusqu’à 10 cm de long, les tumeurs étant de tailles variables, adhérentes à la paroi) ou éventuellement par échographie ou par la radiographie (chez le poney).

Dans le cas où une tumeur est diagnostiquée, d’autres masses abdominales pourront éventuellement être détectées à la palpation s’il y a présence de métastases sur les organes et tissus voisins. Le diagnostic précis concernant la masse cellulaire ne peut se faire que par biopsie sous endoscopie.

Quelles sont les causes de ces affections ? Y a-t-il des prédispositions chez le cheval ?

En ce qui concerne les calculs vésicaux

Lors de la production d’urine, certains produits peuvent parfois précipiter et former des cristaux. La combinaison de ces derniers avec d’autres éléments tels que les minéraux, peut être à l’origine de la formation de calculs, qui sont très douloureux pour le cheval. On les nomme les urolithes.

Chez le cheval, le composant principal des urolithes est le carbonate de calcium, qui est aussi l’un des composants de l’urine physiologique (le calcium est en effet sécrété de façon très importante dans les urines du cheval).

La formation de cristaux à l’origine d’urolithes est rarement spontanée chez le cheval et résulte le plus souvent d’une stase urinaire. Des facteurs prédisposants existent :

  • Une surface épithéliale lésée, des débris de nécrose, ou encore des corps étrangers (constituant de véritables noyaux pour la formation d’urolithes)
  • Un lien au sexe est probable : l’urètre de la jument étant plus court, large et distensible que celui des mâles, il est donc plus à même d’éliminer spontanément des urolithes qui viendraient s’y nicher. L’obstruction est donc plus fréquente chez les mâles : ils sont donc plus sujets à la stase urinaire
  • Les infections du tractus urinaire
  • Tous les âges sont concernés mais les adultes semblent les plus touchés

De plus, un degré élevé de saturation et certains composants de l’urine (notamment certaines protéines) peuvent favoriser la formation des urolithes : la génétique pourrait donc avoir un impact.

En ce qui concerne les tumeurs vésicales : leur origine reste encore non documentée.

On trouvera principalement des carcinomes (tumeur développée à partir d’un tissu épithélial : peau ou muqueuse) ou des polypes (excroissance de muqueuse le plus souvent bénigne).

Les tumeurs primaires de la vessie sont rares chez le cheval et sont bien souvent des découvertes post-mortem. Elles touchent préférentiellement des chevaux de plus de 10 ans d’âge, qu’ils soient mâles ou femelles.

Quels sont les traitements possibles ?

Pour les calculs vésicaux chez le cheval : un traitement médical ou chirurgical est possible

Chez la jument, les calculs vésicaux peuvent être éliminés par irrigation. S’ils sont trop volumineux, ils doivent être broyés au préalable avec une pince. C’est pourquoi la chirurgie est assez fréquemment nécessaire (sous tranquilisant et anesthésie épidurale).

Chez le mâle, le recours à la chirurgie est obligatoire.

La prévention à la formation des urolithiases :

Du mucus sécrété par les reins et uretères est présent en grande quantité chez le cheval : il participe à la composition de l’urine et s’oppose à la formation des urolithes. Mais il est parfois insuffisant pour contrecarrer leur installation. Il faut agir en amont.

Des études ont montré que l’acidification de l’urine était un moyen efficace pour prévenir la récidive de calcul chez le cheval. On peut donc jouer sur la ration du cheval, en intervenant premièrement sur les compléments en minéraux apportés : on retravaille l’équilibre minéral (cela va jouer sur le pH urinaire).

L’ajout de vitamine C à la dose de 4g matin et soir (à vie) est une des complémentations les plus utilisées pour acidifier les urines et prévenir les récidives de calculs.

L’ajout de bicarbonate de sodium à la ration et du foin de qualité seraient de même bénéfique. Enfin, une ration enrichie avec parcimonie en concentrés acidifie l’urine et la rend donc moins propice à la formation de calculs.

Pour les tumeurs vésicales, dans tous les cas, le pronostic est sombre…

Du fait d’un diagnostic tardif, le traitement est très souvent illusoire et échoue fréquemment. Une résection de tumeur est compliquée (localisation de la vessie) et la chimiothérapie est encore très peu développée chez les chevaux (coût élevé, nécessité d’une infrastructure hospitalière et de personnel spécialisé, effets secondaires indésirables). L’euthanasie reste souvent la seule issue.

Si aucune prévention de cette pathologie n’est possible, il est néanmoins important de pouvoir en reconnaitre les signes cliniques qui permettent la prise en charge du cheval rapidement.

Pour conclure :

Les urolithiases et tumeurs vésicales sont des pathologies peu fréquentes chez l’espèce équine. La majeure partie d’entre elles ne seront d’ailleurs détectées que post-mortem. Ainsi, leur prévention n’est pas toujours possible et reste de plus assez théorique puisque peu diagnostiquée. Le point le plus important réside donc dans la prise en charge précoce de ces affections.

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Références :

  • ARRAMOUNET, Cyrielle. « Etude de la formation des urolithes chez le cheval et prévention par l’alimentation ». ENVT, 2011. ENVT.
  • BUCHI, Jean-Marc. « Pathologies urinaires chez le cheval ». ENVL, 2001.
  • FORGEARD, Claire. « Les apports de l’imagerie dans les affections de l’appareil urinaire du cheval ». ENVL, 2009.
  • TAMZALI, Youssef. « Un cas de carcinome de la vessie chez une jument pur-sang anglais de 12 ans ». Pratique Vétérinaire Equine 2013, Cas Clinique, 45, no 178 (5 avril 2013).