Les ulcères gastriques chez le cheval

Un ulcère gastrique se définit comme une destruction plus ou moins profonde de la muqueuse de l’estomac, appelée érosion. Il s’agit malheureusement d’un phénomène très fréquent chez les chevaux, plus particulièrement chez les chevaux de course en période d’entraînement. C’est une augmentation de la quantité d’acide gastrique, dont de nombreux facteurs peuvent être à l’origine, qui va favoriser l’apparition de ces lésions.
Le stress est aujourd’hui reconnu comme le principal facteur d’apparition de cette affection. De plus, les ulcères gastriques chez le cheval sont très douloureux et peuvent ainsi engendrer l’apparition de coliques. Les chevaux de tout âge et de toute race peuvent être atteints même si le risque est plus bien important chez les chevaux de sport et de course.
 

Les symptômes des ulcères gastriques chez le cheval

De nombreux symptômes non spécifiques peuvent être rencontrés en cas d’ulcères gastriques chez le cheval. Cependant ils varient d’un individu à l’autre, et ne sont pas forcément révélateurs de la gravité de l’affection.

Ainsi, les signes cliniques suivants peuvent être rencontrés :

  • Appétit capricieux
  • Signes de coliques après les repas
  • Bruxisme : bruit de grincement de dents, c’est un signe clinique très évocateur de douleurs à l’estomac
  • Bâillements répétés, surtout aux moments des repas
  • Hypersalivation : augmentation de la quantité de salive
  • Mauvais état général : amaigrissement et poil piqué
  • Comportement anormal
  • Crottins mous
  • Fatigue et intolérance à l’effort

Ces symptômes peuvent se rencontrer chez les chevaux adultes mais aussi chez les poulains.

Il faut ainsi bien faire attention à l’évolution des signes cliniques chez les jeunes car les ulcères peuvent être plus graves et parfois entraîner leur mort par complications avec perforation de l’estomac.

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Mécanismes d’apparition des ulcères gastriques chez le cheval

L’estomac du cheval est constitué de deux parties bien distinctes :

ulcère estomac cheval

Cliquer pour agrandir. Credit photo : d’après Merial 2012

  • Partie non glandulaire ou malpighienne : de couleur rose pâle à blanc
  • Partie glandulaire : de couleur rose foncé. Elle est appelée ainsi car c’est au niveau de cette partie de l’estomac que sont situées les glandes qui vont produire et sécréter en continu de l’acide chlorhydrique, nécessaire à la digestion des aliments.

La margo-plicatus, également bien visible, est la limite entre ces deux parties. Les ulcères gastriques chez le cheval se situent majoritairement au niveau de cette ligne mais ils peuvent être présents partout dans l’estomac.

C’est l’acide chlorhydrique, produit en trop grosse quantité, qui va avoir un effet corrosif sur la muqueuse gastrique.

En temps normal, cette production d’acide est tamponnée par une production de mucus (substance protectrice) et par les aliments. Cela crée un certain équilibre empêchant l’acide chlorhydrique d’être trop agressif et d’engendrer des lésions d’érosion. Cet équilibre est maintenu grâce à plusieurs mécanismes régulateurs de la production d’acide chlorhydrique et de mucus.

  • Lorsque ces mécanismes ne fonctionnent pas correctement, la régulation de la production d’acide ne se fait pas et donc sa quantité augmente.

Parallèlement, il y a moins de production de mucus, rendant la muqueuse gastrique plus vulnérable et sujette aux érosions puisqu’il n’y a plus de protection. Ainsi, une ou plusieurs lésion(s) peuvent prendre forme au niveau de la muqueuse du cheval, ce sont des ulcères.

Il existe plusieurs types d’ulcères en fonction de leur stade d’évolution

À un stade très avancé, les ulcères sont creusés si profondément dans la muqueuse qu’ils peuvent atteindre les vaisseaux sanguins et provoquer une perte de sang dans l’estomac du cheval. De ce fait, on peut parfois apercevoir dans les crottins du sang digéré, brun/noir, appelé méléna, qui informe donc sur la gravité des ulcères.

Certains facteurs de risque favorisent l’apparition d’ulcères gastriques comme :

  • Un exercice intense (entraînement très important) surtout l’estomac vide ou après un repas de céréales
  • Une diète prolongée ou des intervalles entre les repas trop longs
  • Le stress (dû au sevrage, au débourrage ou encore au transport)

  • Les parasites de l’estomac comme les larves de gastérophiles qui irritent la muqueuse
  • Une alimentation trop riche en céréales
  • Un traitement prolongé avec des anti-inflammatoires à forte dose
  • Certaines maladies (intestinales ou hépatiques) ou une anesthésie générale

Tous ces facteurs vont influer sur les mécanismes de régulation de la sécrétion d’acide chlorhydrique et sur la vidange de l’estomac en faveur d’une augmentation de l’acidité.

La gastroscopie est aujourd’hui la meilleure technique permettant de diagnostiquer avec certitude la présence d’ulcères gastriques chez le cheval.

Cet examen, non douloureux, consiste à introduire une sonde (comportant une caméra à son extrémité) dans l’estomac afin d’en visualiser l’intérieur et confirmer la présence ou non de lésions de la muqueuse gastrique. Cette sonde va passer dans les naseaux, l’œsophage puis l’estomac voire le duodénum. Le cheval devra être tranquillisé à l’aide d’une sédation.

De plus, une diète dans les 24 à 48 heures précédant l’examen est nécessaire afin que les aliments ne gênent pas l’exploration.

Les traitements possibles contre les ulcères gastriques chez le cheval

L’objectif principal du traitement va être de protéger la muqueuse gastrique du cheval, tout en limitant la sécrétion d’acide.

Ainsi, tout comme chez l’homme, l’oméprazole (Gastrogard®), un anti-acide, représente le traitement de choix contre les ulcères gastriques. Il se présente sous forme de pate à administrer par voie orale à raison d’une fois par jour. Son coût élevé reste un frein et son principal inconvénient.

D’autres médicaments anti-acides, de la famille des anti-histaminiques, ainsi que des protecteurs de la muqueuse de l’estomac (hydroxyde d’aluminium par exemple) peuvent être prescrits par votre vétérinaire.

Enfin, certains compléments alimentaires à base de pectine et de kaolin ont des actions cicatrisantes et protectrices de la muqueuse par leur effet « tampon ».

Les pansements digestifs peuvent soulager la douleur du cheval mais ils ne sont pas efficaces sur le long terme.

  • Par ailleurs, il est conseillé d’éviter l’entraînement intensif durant la durée du traitement ou au moins les deux premières semaines.

Une gastroscopie de contrôle permettra de réaliser un suivi de l’évolution des ulcères chez le cheval et d’adapter au mieux le traitement pour éviter les récidives qui restent fréquemment rencontrées lors de cette affection.

Prévention des ulcères gastriques chez le cheval

La gestion de l’alimentation et du mode de vie du cheval est très importante pour éviter les récidives. Le traitement médical seul, sans adaptation de l’environnement du cheval est voué à l’échec.

  • Le fractionnement de la ration en plusieurs petits repas dans la journée est ainsi fondamental. De ce fait, l’estomac du cheval sera toujours rempli de manière à ce que la partie non glandulaire soit très peu exposée à l’acidité gastrique. Un filet à foin à petites mailles permet par exemple au cheval de grignoter toute la journée.

  • De plus, le foin doit être distribué avant les granulés, afin de provoquer une salivation et la production de mucus. La luzerne a un effet tampon très intéressant pour apaiser l’acidité. L’avoine entière est à éviter.
  • La vie au pré est l’idéal, mais sinon il faut au moins des sorties quotidiennes au paddock. Le confinement au box est contre indiqué.
  • Il est important de ne pas exposer le cheval à des situations stressantes trop répétées et à un entraînement trop intense. Une petite ration de foin est recommandée avant l’exercice.
  • Une vermifugation régulière est recommandée, surtout en fin d’automne, saison des gastérophiles
  • Enfin, de l’oméprazole ou des protecteurs de la muqueuse peuvent également être administrés en prévention des récidives, par exemple avant et pendant une compétition ou lors d’un changement d’environnement.

Au quotidien, pour les chevaux sujets aux ulcères, un complément alimentaire adapté peut éviter les récidives, à condition d’être associé à une bonne gestion de l’alimentation.

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Pour conclure : 

Un ulcère gastrique est donc le nom donné à la lésion d’érosion de la muqueuse gastrique lorsqu’un déséquilibre entre la production d’acide chlorhydrique et de mucus survient. À la différence de l’homme il ne s’agit pas d’une infection bactérienne.

Plusieurs facteurs peuvent en être la cause. Parmi elles, le stress dû à l’entraînement des chevaux de courses ajouté aux repas espacés et riches en concentrés est un des facteurs de risques principaux.

Une gastroscopie permet à elle seule de diagnostiquer cette affection en visualisant la muqueuse gastrique via une caméra. Cette technique va permettre d’identifier les ulcères et leur stade d’évolution afin de mettre en place un traitement adapté. Elle va également servir au suivi de la guérison des lésions et permettra d’ajuster le traitement si besoin.

Des mesures de prévention permettent d’éviter l’apparition d’ulcères gastriques comme une bonne gestion de l’alimentation et du stress chez le cheval. Les ulcères gastriques sont en effet rencontrés régulièrement, ils sont la conséquence du mode de vie imposé aux chevaux par l’homme, ces mesures de prévention sont donc fondamentales afin d’éviter aux chevaux cette lésion douloureuse.

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Références :

  • Anne Couroucé-Malblanc et Francis Desbrosse. Maladies des chevaux, 2ème édition. Guides France Agricole, 2010. Les ulcères gastriques, p. 120-121.
  • F. D. Franzoso et F. Nguyen. Cours de pathologie digestive non tumorale. Unité d’Anatomie Pathologique et Cancérologie Spéciales. Oniris – Nantes