Maladie du motoneurone chez le cheval

La maladie du motoneurone chez le cheval (ou MNMC, Maladie du Neurone Moteur du Cheval) est une neuropathie dégénérative dont le mécanisme est encore méconnu. En effet, la découverte de cette maladie est relativement récente (début des années 1990), et elle est sans doute sous-diagnostiquée.

Si les symptômes peuvent être assez évocateurs, le diagnostic de certitude est plus complexe et malheureusement le pronostic reste très réservé. Une complémentation à vie en vitamine E permet de stabiliser le cheval mais les récidives sont inévitables.

Les symptômes de la maladie du motoneurone chez le cheval

La maladie touche les chevaux adultes, plus particulièrement autour de l’âge de 16 ans, quelque soit la race ou le sexe.

Le mode de vie du cheval est directement corrélé à l’apparition de la maladie. En effet, elle touche principalement les chevaux n’ayant quasiment pas accès à l’herbe, avec une ration assez riche en concentrés et un foin de qualité moyenne voire médiocre.

La maladie démarre avec une phase qu’on appelle « sub-aiguë » pendant laquelle les symptômes sont en général plus typiques.

Dans l’ordre, voici les plus fréquemment rencontrés :

  • Amaigrissement malgré un très bon appétit,
  • Amyotrophie (fonte musculaire),
  • Faiblesse généralisée,
  • Cheval souvent couché,
  • Démarche anormale, tout petits pas,
  • Tremblements musculaires,
  • Posture debout avec les 4 pieds plus rapprochés (sous-lui),
  • Piétinements,
  • Transpiration excessive.

On peut observer d’autres symptômes mais ceux-ci sont les plus fréquents (présents dans 60 à 100% des cas). Ce qui aiguille le vétérinaire pour le diagnostic, c’est que malgré ces symptômes neurologiques, le cheval ne présente pas de troubles de la conscience, de la vision ou de l’équilibre.

Les chevaux atteints peuvent ensuite présenter une stabilisation transitoire (80% des cas), puis un passage vers une forme chronique de la maladie.

Le cheval reste très amaigri et démusclé mais les tremblements disparaissent et il passe moins de temps couché.

Il ne peut cependant pas reprendre l’exercice. Cette phase peut durer de quelques mois à quelques années mais on finit toujours par observer une période de récidive. Il s’affaiblit alors petit à petit jusqu’à ne plus pouvoir se lever, le conduisant malheureusement à l’euthanasie.

Dans 20% des cas, on n’observe pas de stabilisation, et la maladie progresse rapidement dès l’apparition des premiers symptômes.

Mécanisme et diagnostic de la maladie du motoneurone chez le cheval

Le mécanisme de cette maladie n’est pas encore vraiment élucidé.

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Identifiée pour la première fois dans les années 1990 aux Etats Unis, elle est actuellement de plus en plus souvent diagnostiquée, non pas car elle est plus fréquente mais surtout parce qu’elle elle est mieux connue.

L’hypothèse couramment acceptée est un stress oxydatif entrainant la dégénérescence des neurones moteurs situés au niveau des cornes ventrales de la moelle épinière et de certains noyaux cérébraux. C’est à dire que les neurones qui déterminent les contractions musculaires et donc les mouvements sont progressivement détruits. Les neurones sensitifs, qui permettent de ressentir la douleur, le froid, la chaleur etc… ne sont eux pas touchés.

L’oxydation est un mécanisme chimique qui entraine la destruction des cellules. Le déclenchement de ce stress oxydatif lors de la maladie du motoneurone n’est pas clairement établi, mais on sait qu’une carence en anti-oxydants comme la vitamine E le favorise. Les chercheurs n’ont pu mettre en évidence aucune anomalie génétique associée.

La dégénérescence des neurones moteurs provoque une destruction des fibres musculaires associée, ce qui explique l’amyotrophie, les tremblements et la faiblesse observée.

Le diagnostic du vétérinaire se fera principalement à partir de la suspicion clinique au vu des symptômes du cheval. Il est plus facile lors de la première phase de la maladie. Différentes analyses vont conforter celui-ci, cependant le diagnostic dit « de certitude » ne pourra s’établir qu’après le décès du cheval, en étudiant au microscope les neurones moteurs au niveau de certaines zones bien spécifiques de la moelle épinière.

Face aux symptômes présentés par le cheval, le vétérinaire va bien souvent réaliser un bilan sanguin.

Celui-ci peut être parfaitement normal ou montrer une augmentation modérée des enzymes musculaires (CPK, AST), liée aux dégats musculaires provoqués par la dégénérescence des neurones.

Enfin, le dosage de la vitamine E reste le moyen le plus sûr pour établir le diagnostic du vivant de l’animal.

  • Dans plus de 90% des cas de la maladie de motoneurone chez le cheval, le taux de vitamine E est très faible.

Un traitement à l’efficacité limitée dans le temps

Une fois le diagnostic établi, un traitement anti-oxydant va être mis en place.

Il consiste le plus souvent en une corticothérapie avec des doses dégressives, parfois associée à une perfusion au départ.

Une complémentation en vitamine E est systématiquement mise en place afin de restaurer un taux normal, la dose conseillée est de 5000 à 8000 UI par jour.

Le complément ne devra pas être trop riche en sélénium, ce dernier pouvant être toxique à haute dose.

La complémentation anti-oxydante à base de vitamine E devra se poursuivre à vie.

Le traitement médical permet une stabilisation voire une amélioration du cheval, avec selon les cas une reprise de poids plus ou moins importante.

La reprise d’activité physique reste cependant impossible dans la majorité des cas.

Le but est de stabiliser le cheval le plus longtemps possible.

Malheureusement, les études ont montré que la maladie finissait toujours par récidiver, le traitement permettant simplement d’offrir quelques années à l’animal. Une reprise de l’exercice peut accélérer la rechute du cheval.

Pour conclure : 

La maladie du motoneurone chez le cheval est une maladie neurologique complexe de plus en plus connue et donc de mieux en mieux diagnostiquée et traitée. Cependant, de nombreuses zones d’ombre persistent et le traitement reste très limité. En effet, s’il permet au cheval de gagner quelques années, il ne le guérit pas.

Les recherches scientifiques et une meilleure compréhension de l’apparition de la maladie pourraient permettre à terme de découvrir un traitement plus efficace.

En préventif, garantir un accès à l’herbe à son cheval ou au moins à un foin de très bonne qualité, voire une complémentation préventive en vitamine E, reste le plus efficace. En effet, la maladie ne touche à priori que des chevaux dont la ration est pauvre en vitamine E.

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Références :

  • TAMZALI Y., BORDE L., URO-COSTE E. et DESMAIZIERES L.-M., « A propos de la maladie du neurone moteur du cheval : cas cliniques et revue bibliographique » Revue Méd. Vét., 2005, 156, 7, 367-381.
  • Hussni O Mohammed, Thomas J Divers, Brian A Summers and Alexander de Lahunta, « Vitamin E deficiency and risk of equine motor neuron disease » Acta Veterinaria Scandinavica 2007, 49:17