La lymphangite chez le cheval

La lymphangite est un terme utilisé pour désigner l’inflammation des tissus sous-cutanés au niveau du membre d’un cheval. Cela correspond à ce qu’on appelle dans le langage courant : « avoir un poteau », pour illustrer l’œdème très important qu’on observe sur la jambe du cheval.

Si un simple engorgement est fréquent, une lymphangite grave peut prendre des proportions impressionnantes. Bien que le traitement soit généralement efficace, s’il est mis en place trop tard, la lymphangite peut persister dans le temps et laisser des séquelles chroniques.

Les symptômes de la lymphangite chez le cheval

La maladie peut toucher n’importe quel cheval, quelque soit son âge, sa race ou son mode de vie.

Les symptômes sont assez typiques :

Lymphangite cheval
  • Engorgement très marqué d’un seul membre, parfois associé à une petite plaie,

  • Boiterie d’autant plus sévère que l’engorgement est important,

  • Douleur à la palpation,
  • Suintement cutané,
  • Fièvre (pas toujours, surtout dans les cas où l’engorgement est sévère et atteint le haut du membre).

La lymphangite démarre le plus souvent du pied ou d’une très petite plaie et s’étend plus ou moins rapidement.

Dans certains cas, l’engorgement évolue lentement et un traitement rapide empêche qu’il dépasse le carpe ou le jarret. Dans d’autres cas, la lymphangite évolue rapidement et en l’espace de 24h atteint le membre de haut en bas.

  • On ne doit pas la confondre avec un simple engorgement lié à un défaut de retour veineux (cheval qui reste au box par exemple), qui lui est souvent bilatéral et non douloureux.

Causes et diagnostic de la lymphangite chez le cheval

Même si dans certains cas les prélèvements reviennent négatifs, il est communément admis que la cause primaire de la lymphangite chez le cheval est infectieuse.

A la faveur d’une brèche de la barrière cutanée, un germe va pénétrer au niveau des tissus sous-cutanés.

Le point d’entrée peut être :

  • Une petite plaie, parfois si petite qu’on ne la trouve pas,
  • Ou, notamment sur des chevaux en milieu assez humide, des pieds abîmés, avec par exemple une lacune très profonde qui remonte entre les glomes.

L’infection atteint alors les tissus sous-cutanés et le système lymphatique, d’où le terme de lymphangite, qui signifierait au sens strict inflammation du système lymphatique. On utilise aussi le terme « cellulitis » en anglais pour désigner l’inflammation sous-cutanée.

L’inflammation provoquée par l’infection entraine un œdème sévère au niveau du membre du cheval.

Cet œdème se diffuse de proche en proche au fur et à mesure que monte l’infection.

Il est particulièrement douloureux, notamment par l’effet de surpression et de tension au niveau de la peau. L’excédent de liquide inflammatoire peut parfois perler à travers la peau (suintement observé) qui peut aller jusqu’à se craqueler.

oedeme cheval

Il existe une lymphangite épizootique (contagieuse) qui n’a rien à voir avec celle décrite dans cet article. Extrêmement rare en France, elle est causée par un champignon.

Le diagnostic de la lymphangite chez le cheval

Le diagnostic se base généralement sur les symptômes et est assez simple à poser.

Un prélèvement au niveau de la plaie, si elle est identifiable, peut permettre d’identifier la bactérie responsable de l’infection.

Malheureusement, dans de nombreux cas le prélèvement met en évidence une flore multiple qui est celle naturellement présente sur la peau, voire revient négatif. On suppose dans ce cas qu’il peut s’agir d’un germe difficile à cultiver ou déjà éliminé par le système immunitaire du cheval.

Cependant, même une fois la cause de l’infection éliminée, le système de défense du cheval peut s’emballer et l’inflammation persister, d’où l’importance du traitement anti-inflammatoire.

Un traitement d’autant plus efficace qu’il est précoce

Le traitement est basé sur trois axes principaux :

  • Une antibiothérapie large spectre

Il faut la démarrer rapidement, et la poursuivre jusqu’à guérison complète. On l’adaptera si nécessaire en fonction des résultats du prélèvement.

  • Un traitement anti-oedémateux

Généralement, avec une association anti-inflammatoire et diurétique, de façon à limiter l’extension de l’œdème et à l’éliminer rapidement.

  • Un traitement antiseptique et astringent local

nettoyage plaie cheval

On conseille de répéter trois fois le savonnage, comme un lavage chirurgical.

  • Ensuite, si c’est possible, on réalisera des bandages sur toute la hauteur de l’engorgement. Ils permettront de garder le membre propre et de réaliser une contention pour réduire l’oedème. Sauf en cas de grosse plaie, ces bandages pourront être imbibés d’une solution astringente, de façon à « aspirer » mécaniquement l’eau des tissus.

Le dakin ou l’eau de javel très diluée sont de bonnes solutions pour imprégner les bandages car ils sont à la fois antiseptiques et astringents.

  • Cependant, de par leur potentiel irritant, les bandages imprégnés devront être posés maximum 12h de suite et ne devront pas être répétés plus de 3 jours.

    L’idéal est donc d’alterner les bandages humides la nuit et secs le jour puis uniquement secs à partir du troisième jour.

En parallèle du traitement, un exercice très limité est recommandé (box/quelques pas en main).

Le traitement est généralement très efficace, cependant on observe parfois des échecs thérapeutiques, entrainant des séquelles ou des rechutes.

Ceux ci sont liés à deux causes principales :

  • Résistance du germe impliqué à l’antibiotique choisi. C’est pour cela qu’un prélèvement est fortement conseillé, malheureusement il n’est pas toujours possible. L’identification de la bactérie est primordiale pour déterminer le choix du traitement anti-bactérien.
  • Oedème chronique. Si l’inflammation est installée depuis trop longtemps, les traitements pourront guérir l’infection mais les tissus resteront déformés et épaissis. Les anti-inflammatoires ne parviendront pas à restaurer le diamètre normal du membre. C’est pourquoi le traitement anti-oedémateux est primordial dans le cas de la lymphangite. Les chevaux qui gardent des séquelles ont ainsi un membre qui reste épaissi et dont l’aspect de la peau peut être modifié (cartonnée, type peau d’éléphant).

Pour conclure : 

La lymphangite chez le cheval est une maladie généralement bénigne. Cependant, les échecs thérapeutiques existent et sont le plus souvent dus à un traitement tardif. Il est donc important de ne pas la prendre à la légère et de ne pas la confondre avec un simple engorgement ou avec une tendinite.

En préventif, désinfecter soigneusement le moindre petit bobo et assurer une bonne hygiène de l’environnement du cheval est primordial.

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Références :

  • TAMZALI Y., BORDE L., URO-COSTE E. et DESMAIZIERES L.-M., « A propos de la maladie du neurone moteur du cheval : cas cliniques et revue bibliographique » Revue Méd. Vét., 2005, 156, 7, 367-381.
  • Hussni O Mohammed, Thomas J Divers, Brian A Summers and Alexander de Lahunta, « Vitamin E deficiency and risk of equine motor neuron disease » Acta Veterinaria Scandinavica 2007, 49:17