La fourbure chez le cheval

La fourbure est une maladie fréquemment rencontrée chez le cheval qui se caractérise par une inflammation et une congestion du pied. Elle touche préférentiellement les antérieurs.
Cette maladie, bien connue des acteurs du monde équin, s’avère être la deuxième cause de mortalité chez les chevaux. La fourbure est une affection grave et très douloureuse car elle empêche le cheval de rester debout, pouvant ainsi conduire à des complications fatales comme les coliques. Plus le diagnostic de la maladie est réalisé tôt, plus les chances de guérison sont élevées. Cependant il faut avoir en tête qu’un objectif de guérison totale reste difficile à atteindre.
Trois acteurs doivent œuvrer pour mettre en place un traitement adapté et améliorer le bien-être du cheval : le vétérinaire, le maréchal-ferrant et le propriétaire. Le pronostic sportif et vital du cheval est presque toujours engagé.

Les symptômes de la fourbure chez le cheval

Il est important de savoir que la fourbure se manifeste par différents degrés de gravité en fonction de son intensité et de sa durée. Parfois le cheval ne présente aucun symptôme jusqu’au stade terminal où une douleur intense survient, mais la plupart du temps, il présente des symptômes de douleur dès le début de l’affection.

On distingue la fourbure aiguë, très intense et de courte durée, de la fourbure chronique avec des lésions installées dans le temps. Les chevaux souffrant de fourbure chronique peuvent présenter régulièrement des crises aiguës.

Deux phases se distinguent lors de la fourbure aiguë :

1) Une phase pré-clinique : elle fait suite à un événement déclencheur, souvent une hyperglycémie ou une décharge de toxines (voir les causes) et dure en moyenne 20 à 40 heures. On peut y rencontrer les signes suivants : chaleur au niveau des pieds et présence d’un pouls digité (pouls au niveau du paturon normalement absent).

2) Une phase clinique : c’est lors de cette phase que les signes cliniques généraux vont survenir, elle dure entre 24 et 72 heures en moyenne, parfois plusieurs jours en l’absence de traitement.

Dans un ordre chronologique, les symptômes de la fourbure chez le cheval vont être les suivants :

fourbure cheval
  • Pieds chauds et douloureux
  • Piétinements plus ou moins permanents
  • Réticence à se déplacer et à donner les pieds
  • Boiterie franche, surtout pour tourner
  • Posture particulière et caractéristique du cheval : basculement du poids sur les postérieurs (on a l’impression que le cheval veut s’assoir, photo ci-contre)
  • Prostration, si forte douleur
  • Décubitus (cheval couché) fréquent.

Lors de la forme chronique de la fourbure, une modification de la forme du pied sera notamment le principal signe clinique en dehors des crises.

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Quelles sont les causes de la fourbure chez le cheval ?

Plusieurs causes peuvent être à l’origine de la fourbure :

Une surcharge pondérale :

La fourbure peut survenir sur le membre opposé lors de grosse boiterie prolongée (convalescence suite à une fracture ou une tendinite sévère). Il y aura alors une surcharge sur le membre opposé. Le risque est plus important s’il s’agit d’un antérieur.

De plus, le surpoids chez le cheval peut également être à l’origine d’une surcharge au niveau des membres, antérieurs principalement.

Une endotoxémie :

Il s’agit d’une libération de toxines d’origine bactérienne dans le sang. Ici, ce phénomène fait suite à une pathologie grave déjà présente chez le cheval : pneumonie, colique, diarrhée, métrite. Mais aussi suite à une alimentation mal adaptée : le cheval va ingérer brutalement trop de glucides (pillage de la réserve de grain, mise à l’herbe de printemps brutale). C’est cette libération de toxines dans le sang qui va être à l’origine de la fourbure.

Une origine hormonale :

Il existe chez le cheval deux pathologies hormonales favorisant la fourbure.

Le syndrome de Cushing touche principalement des chevaux de plus de 15 ans, il s’agit d’un excès de cortisol dans le sang. La fourbure est un des principaux symptômes, avec l’hirsutisme.
Le syndrome métabolique équin se rapproche davantage du diabète humain. Il s’agit d’une résistance à l’insuline, favorisant la foubure par hyperglycémie. Cela touche les chevaux de tous âges, principalement les poneys. Ils présentent en général un fort surpoids et des zones de stockage de graisse.

Origine iatrogène : certains médicaments comme les corticoïdes peuvent déclencher une fourbure chez le cheval s’ils sont administrés à des doses trop élevées ou pendant trop longtemps.

Quel est le mécanisme ?

Pour mieux comprendre ce qui se passe, il est essentiel de savoir comment est fait le pied de votre cheval. Pour simplifier les choses c’est un puzzle de 3 pièces :

pied-cheval
  • La corne correspond à la partie extérieure. Tout comme nos ongles, elle n’est ni sensible, ni vascularisée. Cela permet au maréchal de parer et ferrer le cheval sans douleur.
  • Enfin on retrouve derrière ces deux couches l’os de la troisième phalange, l’os naviculaire et le tendon fléchisseur profond.
  • La podophylle, est une chair sensible qui se trouve plus en profondeur. Elle s’imbrique à la manière d’un « scratch » avec la corne qu’elle produit.

Si le puzzle est bien en place la troisième phalange reste dans le bon axe, parallèle au sol et à la paroi du sabot.

Le premier mécanisme qui définit la forme aiguë de la fourbure est l’inflammation du pied. C’est cette inflammation qui va provoquer de la douleur chez le cheval et déclencher une crise. 

Si l’inflammation est prise en charge rapidement et que la cause peut être stoppée, alors il n’y aura pas de séquelles dues à la fourbure.

En revanche, si l’inflammation est trop importante ou se prolonge, le podophylle et le kéraphylle vont se désolidariser l’un de l’autre. La phalange n’est ainsi plus maintenue correctement et va basculer vers le bas (voir figue ci-dessous). A ce stade, la fourbure peut être diagnostiquée par radiographie.

Le basculement de la 3ème phalange va comprimer le réseau de vaisseaux sanguins entraînant une congestion du pied.

Cette phase dure 3 à 6 semaines pendant lesquelles le suivi radiographique est primordial. La pointe de la troisième phalange peut descendre et basculer jusqu’à transpercer la sole. Le pronostic est alors malheureusement sombre.

La fourbure évolue ensuite vers sa forme chronique. Le basculement se stabilise ou ralentit, le cheval garde une démarche raide mais la douleur est moins intense. La forme du pied se modifie.

Comment faire le diagnostic et le suivi de la fourbure ?

Le diagnostic est principalement clinique, c’est-à-dire grâce à l’observation des symptômes. La radiographie constitue un très bon moyen de suivi de l’évolution de la fourbure, surtout chez les chevaux en fourbure chronique.

A partir de 3 semaines après le début des symptômes, on peut juger la gravité et les séquelles de la fourbure grâce à la radiographie.

Cheval non fourbu (cliquez pour zoomer)

Cheval fourbu (cliquez pour zoomer)

Comme les images sont amenées à évoluer dans le temps, cette technique permet de faire un bon suivi de la maladie.

Un phlébogramme est une radiographie qui permet d’observer la vascularisation du pied grâce à l’injection d’un produit de contraste. Une lésion vasculaire de fourbure avec compression par la 3ème phalange sera donc facilement détectable. Cependant, bien que cette technique soit intéressante, elle reste très peu utilisée car le diagnostic clinique est assez facile.

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Quel va être le traitement contre la fourbure ?

La première chose à faire est de traiter la cause sinon le traitement seul de la fourbure ne sera d’aucune efficacité.

  • Une diète hydrique est en générale conseillée, notamment pour les cas liés au surpoids ou à une ingestion brutale de glucides.
  • La cryothérapie prolongée continue est une technique qui permet de réduire l’inflammation et de favoriser la circulation sanguine du pied tout en atténuant la douleur. Le principe est d’appliquer du froid sur le pied et le paturon. Il peut s’agir d’un bac d’eau glacée dans lequel on plonge le sabot, de guêtres adaptées au refroidissement ou de poches à glace.
  • On peut aussi utiliser des bottes de soin dans lesquelles on met de la glace ou de l’eau glacée.

Le cheval tolère bien ce genre de dispositifs d’autant plus que cela permet de diminuer la douleur engendrée. La cryothérapie permet ainsi de limiter la fourbure chez le cheval et peut même constituer une technique de prévention. Elle est qualifiée de « continue » car elle ne doit pas être interrompue avant disparition des signes cliniques.

  • Des anti-inflammatoires, comme la phénylbutasone ou la flunixine, seront également administrés dans le but de réduire l’inflammation et de diminuer la douleur. Il est possible de poursuivre avec de l’aspirine qui bien que moins analgésique possède une bonne action sur la circulation du sang grâce à son effet fluidifiant.
  • Une cure drainante peut contribuer à éliminer les toxines et limiter l’aggravation de la fourbure en cas d’endotoxémie en parallèle ».
  • Par ailleurs, le parage et la ferrure sont primordiaux pour soulager le cheval.

Le maréchal devra s’adapter au degré de gravité de la fourbure. Lorsqu’il devient possible de faire un suivi par radiographie, cette technique va ainsi permettre de mettre en place une ferrure adaptée au pied du cheval pour améliorer son confort (fers à l’envers, en cœur, en M, fers Napoléons …). Des ferrures automassantes sont maintenant disponibles sur le marché et sont surtout bien adaptées aux chevaux qui ont des difficultés à marcher.

Pour les chevaux et surtout les poneys ou les ânes ne pouvant être ferrés, les chaussons ou hipposandales peuvent être une très bonne alternative à la ferrure. Elles peuvent être rembourrées avec une semelle amortissante, offrant un bon confort à l’équidé malade.

Le cheval devra être confiné au box avec une litière épaisse jusqu’à stabilisation de son état.

La prévention

Le propriétaire doit régulièrement contrôler l’épaisseur de la sole des pieds. Un pied chaud accompagné d’un pouls au niveau du doigt (pouls digité) sont des signaux d’alerte.

Dans le cas du cheval qui se sauve et pille la réserve de grain, il est conseillé de faire un lavage gastrique au plus vite. Une fois que les symptômes sont présents il est trop tard pour agir.

Le propriétaire doit gérer l’état d’embonpoint de son cheval et éviter la mide à l’herbe brutale, surtout si celui-ci est en surpoids.

Si une maladie hormonale est suspectée, le dépistage peut être couramment pratiqué et il existe des traitements.

Pour résumer :

La fourbure est une pathologie connue de tous, malheureusement à cause de sa gravité. Elle est très douloureuse et nécessite donc une bonne prise en charge. Des signes peuvent vous alerter comme un pied chaud accompagné d’un pouls digité ou encore des difficultés à se mouvoir. Les symptômes sont majoritairement dus à la douleur. La fourbure peut engendrer des séquelles (fourbure chronique) qu’il faudra gérer toute la vie du cheval.

La cryothérapie prolongée continue permet d’améliorer le pronostic du cheval de sport atteint de fourbure. Cette technique a l’avantage, en plus de son efficacité, d’être économique. Elle permet également de prévenir une aggravation de l’état du cheval tout en diminuant la douleur.

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Références :

  • Lorenzo D’Arpe, Gabriel Cuevas Ramos et Denis Leveillard. Dossier Traitement de la fourbure. Pratique Vétérinaire équine, janvier/février/mars 2016, volume 48, numéro 189, p. 6-25.
  • Anne Couroucé-Malblanc et Francis Desbrosse. Maladies des chevaux, 2ème édition. Guides France Agricole, 2010. Pathologie du sabot et notions de maréchalerie, p. 249.