Le nom de ces trois maladies équines ne vous est peut-être pas inconnu. En effet, ce sont des pathologies fréquemment rencontrées chez les chevaux. Mais savez-vous faire la différence entre la grippe, la rhinopneumonie et la gourme chez le cheval ?

Grippe, Rhinopneumonie et Gourme chez le cheval

Le nom de ces trois maladies équines ne vous est peut-être pas inconnu. En effet, ce sont des pathologies fréquemment rencontrées chez les chevaux. Mais savez-vous faire la différence entre la grippe, la rhinopneumonie et la gourme chez le cheval ?

Il faut tout d’abord savoir quels sont les agents étiologiques incriminés. Ainsi, ce sont des virus qui sont responsables de la grippe équine et de la rhinopneumonie, respectivement les deux virus grippaux H7N7 et H3N8 ; et l’herpès virus équin (EHV). La gourme chez le cheval, quant à elle, est due à une bactérie nommée Streptococcus equi subspecies equi.

Ces trois maladies ont en commun le fait d’être présentes partout dans le monde ainsi que leur contagiosité élevée. Il existe de nombreuses similitudes en ce qui concerne les symptômes. En effet, les signes cliniques seront en majorité respiratoires. Nous allons ainsi voir les similitudes et les différences au travers d’une comparaison entre ces trois maladies.

Quels sont les symptômes de la grippe, de la rhinopneumonie et de la gourme chez le cheval ?

Ces maladies sont différentes mais possèdent néanmoins des symptômes communs. Concernant la grippe et la rhinopneumonie (forme respiratoire), les symptômes sont presque similaires. La gourme chez le cheval présente quelques symptômes plus particuliers.

Cependant, pour la rhinopneumonie, il existe trois formes cliniques :

  • La forme respiratoire
  • La forme abortive
  • La forme nerveuse

Voici un tableau comparatif des différents symptômes retrouvés dans ces trois maladies. Nous allons les comparer entre eux et uniquement avec la forme respiratoire de la rhinopneumonie.

SIGNES CLINIQUES GRIPPE GOURME RHINOPNEUMONIE (forme respiratoire)
Hyperthermie (fièvre) X X X
Toux X
(forte, sèche et quinteuse)
X
(humide)
X
(mais rare)
Jetage nasal X
(séreux : liquide translucide)
X
(séreux puis purulent)
X
Perte d’appétit X X  X
Abattement X (plus marqué)  X (variable selon la fièvre)  X
Signes oculaires (écoulement des yeux …) X
Dyspnée (difficulté respiratoire) X Variable selon la taille des ganglions X
Nœuds lymphatiques (ganglions) abcédés X
(mandibulaires et rétropharyngiens)

gourme chez le cheval

La rhinopneumonie se retrouve aussi sous une forme abortive, provoquant des avortements dans le dernier tiers de gestation. Mais aussi sous une forme nerveuse où l’on va également retrouver de la fièvre mais  cette-fois accompagnée d’une parésie (le plus souvent des postérieurs), de pertes d’équilibre voire de sensibilité, et parfois de troubles de la conscience.

Enfin, on peut noter que la grippe peut se différencier de la rhinopneumonie par sa contagiosité plus élevée entraînant plus rapidement et de manière brutale des signes respiratoires (principalement la toux) chez le cheval.

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Quelle en est la cause ?

GRIPPE GOURME RHINOPNEUMONIE 
Nature de l’agent Virus influenza (type A) Bactérie Herpès Virus
Nom de l’agent H7N7 ou H3N8 Streptococcus equi subspecies equi HVE-1 ou HVE-4
Période d’incubation* 2 à 5 jours 2 à 10 jours 2 à 10 jours
Transmission Voie oro-nasale Voie oro-nasale Voie oro-nasale
Sources d’infection Aérosols (gouttelettes de la toux) Cheval, matériel ou personne contaminée Aérosols, placenta et avortons (forme abortive)
Contagiosité +++ +++ ++
Multiplication de l’agent Voies respiratoires supérieures ET inférieures Voies respiratoires supérieures Voies respiratoires supérieures

*Période d’incubation : période entre la contamination de l’animal et l’apparition des symptômes.

Grippe équine

Dans les 4 à 6 jours suivant le début de l’infection, le virus va se multiplier dans les cellules épithéliales de l’appareil respiratoire du cheval entraînant rapidement la destruction de la muqueuse et donc des signes respiratoires associés.

Ce processus va rendre le cheval sujet à des infections secondaires par des bactéries, comme les streptocoques ou les pasteurelles et ainsi engendrer une forte inflammation de l’appareil respiratoire pouvant conduire à des maladies comme l’emphysème.

Il n’y a ainsi pas de phase de virémie : le virus ne passe pas dans la circulation sanguine et va rester dans le système respiratoire. La grippe équipe est la seule maladie parmi ces trois pour laquelle l’agent étiologique se multiplie dans les voies respiratoires supérieures et inférieures.

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Gourme chez le cheval

Les chevaux de moins de 5 ans sont les plus touchés par  la gourme.

C’est une maladie qui est généralement déclenchée par un stress (transport, changement d’environnement …).

Une fois que la bactérie a pénétré dans l’organisme, elle va ainsi se fixer sur les cellules des voies respiratoires supérieures et de certains nœuds lymphatiques (mandibulaires et rétropharyngiens) qui vont s’abcéder. Elle va produire des toxines responsables de la destruction de ces cellules, toxines qui peuvent également passer dans la circulation sanguine mais cela reste rare.

La bactérie peut également migrer dans les poches gutturales du cheval entraînant un empyème des poches gutturales c’est à dire une accumulation de pus (complication fréquente de la gourme), à ne pas confondre avec la mycose des poches gutturales. Cette atteinte peut entrainer d’autres complications comme le cornage (parésie du larynx).

Rhinopneumonie du cheval

Les jeunes, notamment au contact de leur mère porteuse du virus, sont souvent touchés, ainsi que les chevaux qui participent à de nombreux rassemblements (concours…). Il existe 5 types d’herpès virus équins mais les types 1 et 4 sont majoritaires :

  • HVE-4 : responsable de la forme respiratoire
  • HVE-1 : responsable de formes abortives, nerveuses et respiratoires également

Le virus va pénétrer dans le système respiratoire puis se multiplier dans les voies respiratoires supérieures.

En réponse à cette agression, une réaction inflammatoire va se mettre en place. Puis vient la phase de latence : le virus est présent dans l’organisme mais il n’y a pas de symptôme jusqu’à une activation par le stress ou par un autre virus.

Certains chevaux peuvent ainsi rester porteurs asymptomatiques pendant plusieurs années.

Puis, pour l’HVE-1, il va y avoir propagation du virus dans l’organisme par voie sanguine (phase de virémie). Le virus va infecter des globules blancs du cheval (leucocytes) et des cellules de la paroi des vaisseaux. Il peut ainsi passer la barrière placentaire via la circulation sanguine et se retrouver dans le fœtus qui va alors être infecté. Cette infection est responsable d’avortements. Pour ce qui est de la forme nerveuse, le virus va être acheminé vers le système nerveux par voie sanguine et va alors infecter les cellules nerveuses du cheval.

Enfin, concernant l’HVE-4, il n’y a pas de virémie donc pas de propagation nerveuse ou génitale, le virus va rester au sein de l’appareil respiratoire du cheval.

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Comment être sûr du diagnostic ?

C’est votre vétérinaire qui va identifier une maladie infectieuse des voies respiratoires. Il va suspecter une de ces trois maladies.

Dans le cas de la gourme avec abcès ganglionnaire, bien souvent les symptômes suffisent à poser le diagnostic, mais parfois il est compliqué d’identifier la maladie avec certitude. En cas de doute, il peut faire un prélèvement au niveau du larynx du cheval à envoyer en laboratoire pour recherche des virus de la grippe ou de la rhinopneumonie ou de la bactérie responsable de la gourme.

Ce prélèvement est rapide et indolore mais doit être fait quand le cheval a de la fièvre pour être significatif. Une prise de sang pour sérologie (dosage des anticorps) peut également permettre un diagnostic si le taux est particulièrement élevé. Parfois une deuxième prise de sang 2 à 3 semaines plus tard pour confirmer l’augmentation du taux d’anticorps sera nécessaire.

Comment soigner la grippe, la rhinopneumonie et la gourme chez le cheval ?

Grippe :

  • Pas de traitement efficace à 100%.
  • Traitement surtout symptomatique : anti-inflammatoires + repos dans un endroit bien aéré pendant au moins un mois pour éviter les infections secondaires. Antibiothérapie en cas d’infection secondaire.
  • Distribution de foin mouillé ou stérilisé.

Gourme :

  • Traitement surtout symptomatique : Drainage de l’abcès mature (s’il n’est pas encore mature, on peut accélérer ce processus en appliquant des substances phlogogènes : qui provoquent une inflammation)
  • Repos impératif de 4 à 6 semaines
  • Anti-inflammatoires
  • Antibiotiques (pénicilline), en général seulement une fois l’abcès percé.

Rhinopneumonie :

  • Pas de traitement efficace à 100%.
  • Traitement surtout symptomatique : anti-inflammatoires. Antibiotiques prescrits en cas de complications bactériennes.
  • Repos au moins 3 semaines
  • Des soins annexes seront à prévoir s’il y a une atteinte nerveuse (perfusions …).

Pour limiter la propagation de ces agents infectieux, les moyens prophylactiques (mesures de prévention) utilisés sont les mêmes pour chacune de ces 3 maladies :

  • Prophylaxie sanitaire : il convient de séparer les chevaux sains des chevaux malades en les isolant, d’utiliser le même matériel pour un seul cheval malade et de le désinfecter, de s’occuper des chevaux malades en dernier, de mettre en quarantaine un nouveau cheval lors de son arrivée (de quelques jours à plusieurs semaines) et d’avoir une bonne hygiène des locaux et du personnel surtout lors d’une infection.
  • Prophylaxie médicale (vaccination) : il existe des vaccins pour ces trois maladies. La vaccination contre la grippe du cheval et le rhinopneumonie est réalisée en routine contrairement à celle de la gourme. A noter que la vaccination contre la grippe est obligatoire pour les chevaux participant à des compétitions ou des rassemblements.

Voici un tableau récapitulatif des vaccins contre la grippe, rhinopneumonie et gourme chez le cheval :

Grippe

  • Primovaccination à partir de 6 mois : 2 injections à un mois d’intervalle, puis rappel 6 mois plus tard
  • Rappel : à 6 mois puis tous les ans ou tous les 6 mois pour les chevaux de compétitions internationales

Gourme

  • Vaccination dans la lèvre supérieure (voie sous-muqueuse)
  • La vaccination est très rarement réalisée, cependant elle peut être effectuée dans des élevages à forte pression d’infection
  • Rappel : Tous les 3 à 6 mois selon la pression d’infection

Rhinopneumonie

  • Vaccination très importante chez les poulinières gestantes !
  • Primovaccination à partir de 6 mois : 2 injections à un mois d’intervalle
  • Rappel : Tous les ans voire tous les 6 mois pour les poulinières
Vous pouvez aussi booster l’immunité de votre cheval, surtout s’il voyage beaucoup ou s’il vieillit avec une cure de vitamine annuelle. Celle-ci peut aussi être réalisée en convalescence s’il a contracté une de ces pathologies.

En conclusion :

La grippe, la rhinopneumonie et la gourme chez le cheval sont trois maladies qui présentent de nombreuses similitudes notamment en ce qui concerne les signes cliniques, majoritairement respiratoires, bien que les agents incriminés soient différents tous les trois. Ils présentent tous une haute contagiosité et sont présents en France et dans le monde.

Concernant la gourme et la rhinopneumonie, les agents pathogènes se multiplient au niveau des voies respiratoires supérieures. Seul l’herpès virus équin de type 1 va se propager par voie sanguine. Quant au virus de la grippe, il va rester au niveau de l’appareil respiratoire et se multiplier dans les voies respiratoires supérieures et inférieures. Dans tous les cas, le traitement sera surtout symptomatique.

Afin d’éviter l’apparition de ces affections, les prophylaxies sanitaires et médicales sont primordiales. De ce fait, un isolement des chevaux malades et une bonne hygiène sont nécessaires. Les chevaux devront également être à jour de leurs vaccins, et plus particulièrement les poulinières, afin d’éviter de contracter une maladie.

Enfin, il est obligatoire, pour tout rassemblement équestre, que votre cheval soit vacciné contre la grippe.

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Références :

  • Anne Couroucé-Malblanc et Francis Desbrosse. Maladies des chevaux, 2ème édition. Guides France Agricole, 2010. Les maladies virales, p. 42-45, Les maladies bactériennes et mycosiques, p. 58-59.
  • Adeline Petit. Rhinopneumonie équine : point sur les récentes émergences [en ligne]. Thèse Docteur Vétérinaire. Créteil : Faculté de médecine de Créteil, 2014, 93 p. Disponible sur : http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=1718 (consultée le 21/06/2017).
  • F.LAABASSI et B. MAMACHE. Virus de la grippe équine: épidémiologie, diagnostic et vaccination. Revue Méd. Vet., 2014, 165, 1-2, 31-43.
  • Roxane Cazin et Chloé Roques. La gourme du cheval : étude bibliographique et épidémiologique en France [en ligne]. Thèse Docteur Vétérinaire. Lyon : Université Claude-Bernard Lyon I, 2007, 141 p. Disponible sur : http://www.respe.net/system/files/these%20gourme%20Cazin.pdf (consultée le 23/06/2017).