Dermite estivale chez le cheval (DERE)

La DERE, ou Dermatite Estivale Récidivante des Equidés, plus connue sous le nom de dermite, est une affection de la peau fréquente chez le cheval. C’est une allergie aux piqûres de moucherons du genre Culicoïdes qui provoque de très fortes démangeaisons. Bien que certaines races soient prédisposées, tous les chevaux sont susceptibles d’être atteints. Comme son nom l’indique, elle est estivale et récidivante. Cela signifie qu’une fois que le cheval déclare la maladie, la dermite va réapparaître chaque année et plus particulièrement en période estivale. Les démangeaisons sont à l’origine de lésions franchement inesthétiques et pouvant même provoquer une gêne permanente voire empêcher le cheval d’être monté.
De ce fait, il est important de diagnostiquer cette maladie afin de soulager au mieux le cheval même s’il n’existe pas de traitement curatif efficace sur la cause.

Les symptômes de la dermite estivale chez le cheval

La dermite estivale chez le cheval se manifeste surtout entre le printemps et l’automne. C’est la période durant laquelle l’activité des moucherons responsables de la DERE est importante, puis régresse en hiver.

Les symptômes sont majoritairement cutanés et localisés au niveau de l’encolure, de la base de la queue, mais aussi de la tête et des oreilles, parfois même du ventre et des extrémités.

On peut rencontrer les signes suivants :

  • Apparition de papules au début de la maladie : il s’agit de petits boutons rouges contenant du liquide et situés au niveau des zones de piqures. Ils sont cependant très peu visibles à cause des poils et disparaissent lorsque le cheval commence à se gratter.

  • Démangeaisons de plus en plus intenses : le cheval se frotte en général sur des points fixes (abri, arbres, mangeoires…) et peut même aller jusqu’à se mordre et se rouler souvent.

  • Aspect de crins cassés à la base de la queue, notamment dans les cas les moins sévères.
  • Zones crouteuses, dépilées voire à vif : zones du corps où le cheval s’est gratté jusqu’au sang parfois.
  • Forte douleur au niveau des piqûres, dans certains cas graves le cheval peut même ne plus être monté à cause des frottements de la selle.

  • Cheval nerveux et agité voire amaigri suite aux démangeaisons à répétition et au stress, dans les cas les plus graves.
  • Possible présence d’une « queue de rat » avec une perte des crins de la queue.
  • Des complications infectieuses bactériennes sont possibles, avec des lésions purulentes.
  • Épaississement de la peau lorsque la maladie devient chronique.
dermite queue cheval

Credit photo : Association romande des amis du cheval islandais (ARACI)

Les causes de la dermite estivale chez le cheval

Des petits moucherons piqueurs sont à l’origine du développement de la DERE.

Leurs piqûres sont très douloureuses et prurigineuses chez le cheval. Cette affection se rencontre majoritairement en Normandie et dans l’ouest de la France.

L’activité de ces moucherons est importante lorsqu’il y a très peu de vent et un climat tempéré (entre 15 et 35°C).

En France, c’est entre mars et octobre que l’activité des culicoïdes va être importante et provoquer les lésions cutanées.

Dans les pays chauds ou dans le sud de la France, les signes cliniques sont présents tout au long de l’année avec peu de régression en hiver.

Comme pour les moustiques, ce sont les moucherons femelles qui vont piquer les chevaux afin de se nourrir de sang, elles sont dites hématophages. Lorsque ces dernières vont piquer le cheval pour prendre leur repas sanguin, elles vont en premier lieu injecter leur salive, contenant des anticoagulants, dans les vaisseaux sanguins. C’est à cette salive que les chevaux développent une réaction allergique.

De ce fait, cette pathologie n’est pas contagieuse, elle est par contre potentiellement héréditaire.

  • La dermite estivale chez le cheval se déclare en général entre 2 et 4 ans.

Les chevaux qui vivent constamment dehors et sans aucun abri sont plus exposés.

De même, la présence d’humidité favorise la présence des moucherons puisque les zones humides constituent les lieux de ponte des femelles. Au sein d’un groupe de chevaux, seuls quelques-uns seront atteints.

Y-a-t-il des prédispositions ?

Ce sont surtout les poneys qui sont prédisposés à la DERE comme les Shetlands, les Welshs ou encore les Islandais chez qui cette maladie est héréditaire. C’est également plus fréquent chez les Frisons ou les Pur-Sang Arabes, mais toutes les races peuvent être concernées.

Une fois que cette maladie apparaît, elle va réapparaître chaque année et s’aggrave un peu plus à chaque fois.

Les lésions commencent à apparaître au printemps, sont très importantes en été puis disparaissent en automne et en hiver. La crinière, le garrot et la base de la queue sont les zones les plus atteintes.

Diagnostic et traitement contre la dermite estivale chez le cheval

Actuellement rien ne permet de diagnostiquer avec précision cette maladie.

Lorsque le cheval présente les symptômes évocateurs et qu’il vit dans un environnement favorable à la présence de ces moucherons, on aborde l’hypothèse de la DERE. Le diagnostic est donc principalement clinique.

En cas de doute, on pourra éliminer les autres causes possibles via des examens complémentaires dermatologiques.

Plusieurs mesures sont à mettre en place suite au développement d’une DERE chez le cheval :

Traitement contre les démangeaisons

  • Afin d’empêcher le cheval de se gratter et d’améliorer son confort, dans un premier temps on conseille systématiquement d’appliquer des traitements apaisants locaux sous forme de lotion. Cependant, plusieurs applications par jour sont nécessaires pour être efficaces. Des anti-histaminiques peuvent permettre de diminuer la réaction allergique. Malheureusement leur efficacité est souvent limitée chez le cheval.
  • Des corticoïdes (comme la dexamethasone) peuvent être prescrits en dernier recourt si aucune des mesures appliquées précédemment n’est efficace. Ils permettent de calmer la crise aiguë le temps de prendre des mesures préventives.

  • En cas de surinfection des lésions, on peut également appliquer des shampoings antiseptiques. On conseille de tondre la crinière avant application afin de maximiser l’efficacité du traitement.
  • Enfin, une complémentation de l’alimentation avec des acides gras essentiels riches en oméga 3 et 6 peut avoir une action anti-inflammatoire et bénéfique sur la peau. La phytothérapie par voie orale peut aussi contribuer à limiter l’intensité des démangeaisons.

Traitement contre les insectes

  • Il est nécessaire d’utiliser au minimum des répulsifs anti-insectes (à base de plantes ou d’huiles essentielles le plus souvent), à appliquer très régulièrement pour maintenir une protection en continu. Il est nécessaire de les appliquer chaque année en prévention, avant l’apparition des lésions puis durant toute la période estivale. Quand c’est insuffisant, des insecticides puissants sous forme de lotions ou de sprays à base de pyréthrinoïdes peuvent être utilisés.
chemise anti-mouche cheval
  • Il existe des couvertures d’été (à associer à un masque anti-insectes protégeant les yeux et les oreilles) qui permettent de protéger au maximum le cheval lorsqu’il est en extérieur. Pour un effet maximal, la chemise peut être imprégnée de répulsif voire d’insecticide.

  • Des huiles peuvent également être appliquées sur le cheval afin de former une barrière protectrice contre les piqures de moucherons (huile de camphre, vaseline) mais attention à leur effet photosensibilisant en cas d’exposition au soleil.

Prévention des piqures

Pour empêcher au maximum les chevaux sensibles de se faire piquer :

  • Il est important de les rentrer durant la nuit dans un bâtiment fermé entre début mars et fin septembre.
  • Enfin, il s’avère utile d’éloigner les chevaux des zones humides d’au moins 500 mètres.
  • L’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide au niveau des zones ouvertes des écuries est nécessaire pour empêcher les moucherons d’y pénétrer.

Pour conclure : 

La dermite estivale chez le cheval est une dermatose allergique due à des piqures de moucherons fréquemment rencontrée.

En France, la saison d’activité des moucherons en cause se situe entre mars et octobre avec un pic estival. Lorsque le cheval commence à être atteint, à partir de 2 ans, il va développer de sévères démangeaisons principalement au niveau de la queue et de la crinière. Les symptômes régressent en hiver et réapparaissent chaque année au printemps. Il est difficile voire impossible de faire complètement disparaître la maladie. De plus, le traitement passe par une gestion, parfois contraignante, de l’affection. Dans certains cas, des contre-performances sont possibles à cause des démangeaisons intenses et de la douleur importante.

L’objectif va être de soulager le cheval, en utilisant au minimum les traitements médicamenteux, mais surtout de limiter les contacts avec les moucherons. Par ailleurs, à cause du caractère héréditaire de la maladie, il est judicieux de ne pas mettre à la reproduction les chevaux atteints pour éviter de transmettre la DERE aux générations futures.

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Références :

  • Frédéric Beugnet, Georges Fayet, Jacques Guillot, Emmanuel Grange et Hoan Dang. Abrégé de Parasitologie Clinique des Equidés – Parasitoses et mycoses externes, volume 1. Kalianxis, 2005. Dermatite estivale récidivante, p. 8-29.
  • Patrick Bourdeau. Entomoses des animaux domestiques et leur traitement. Département d’ectoparasitologie, mycologie et dermatologie de l’école nationale vétérinaire de Nantes – Oniris, 2017.