Les sarcoïdes chez le cheval

Une (ou un) sarcoïde est une tumeur majoritairement bénigne, cutanée, donc localisée au niveau de la peau.
La sarcoïde est aujourd’hui la tumeur la plus fréquente chez les équidés. En effet, elle concerne 20% des tumeurs chez le cheval. Bien que les chevaux âgés de moins de 8 ans soient plus touchés, un cheval de n’importe quel âge est susceptible de développer une sarcoïde.
Ces tumeurs cutanées peuvent se développer à n’importe quel endroit sur le corps du cheval mais on en retrouve majoritairement au niveau du ventre, des membres, de l’encolure et de la tête.
Une sarcoïde est susceptible d’apparaître suite à une cicatrice de blessure, une plaie ou encore une piqure d’insecte. Cette tumeur n’est ni douloureuse, ni prurigineuse (le cheval ne se gratte pas) mais le cheval peut être gêné en fonction du nombre de tumeurs et de leur localisation.

Quels sont les symptômes ?

Il n’y a pas de symptômes généraux associés à la présence d’une sarcoïde chez le cheval. L’identification de la tumeur repose sur l’examen de la (ou des) masse(s) présente(s).

Ainsi, il convient d’observer sa localisation, sa forme, sa taille, sa consistance ainsi que le nombre de tumeurs présentes et leur évolution.

Cependant il est important de savoir qu’un simple examen clinique ne sera pas suffisant pour identifier la nature de la tumeur. En effet, de nombreuses autres lésions peuvent présenter les mêmes caractéristiques (autres tumeurs, lésions provoquées par des parasites …). La sarcoïde est une prolifération anormale de cellules,  appelées fibroblastes. Elle est bénigne au sens où elle ne métastase pas mais elle peut grossir de façon handicapante. De plus les chevaux qui en présentent une ont tendance à en développer d’autres.

Il existe 5 types de sarcoïdes chez le cheval :

  • Le sarcoïde verruqueux
  • Le sarcoïde fibroblastique : forme nodulaire et forme évolutive
  • Le sarcoïde occulte
  • Le sarcoïde mixte
  • Le sarcoïde malin
NOM LOCALISATION PRÉFÉRENTIELLE DESCRIPTION ÉVOLUTION
Sarcoïde verruqueux Naseaux et oreilles (moins fréquemment corps et fourreau) Ressemble à une verrue, aspect de chou-fleur (5 à 6 cm de diamètre) Peut évoluer en sarcoïde fibroblastique suite à un traumatisme
Sarcoïde fibroblastique forme nodulaire Naseaux, paupières, fourreau Plusieurs nodules, fermes de grande taille, situés sous la peau Très invasive
Sarcoïde fibroblastique forme évolutive Naseaux, paupières, fourreau Plusieurs nodules formant un aspect bosselé Peut s’ulcérer suite à un traumatisme
Sarcoïde occulte Bouche, yeux, encolure, face interne des membres Gris, plat, épais et rugueux, dépourvu poils à sa surface Croissance très lente
Evolution en sarcoïde verruqueux ou fibroblastique possible
Sarcoïde mixte Lèvres, paupières, poitrail, face interne des cuisses Aspect mixte, verruqueux à fibroblastique Evolution variable
Sarcoïde maligne Coude, genoux, tête, face interne des cuisses Apparaît suite au traumatisme d’une sarcoïde (surtout fibroblastique) Très agressive et invasive

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Quelles sont les causes des sarcoïdes chez le cheval ?

Les sarcoïdes se développent surtout au niveau de vieilles plaies, de cicatrices, de blessures, piqures d’insectes ou morsures. Les sarcoïdes fibroblastiques nodulaires et malignes sont localisées là où la peau est fine, et sont donc particulièrement agressifs.

Plusieurs causes peuvent être à l’origine d’une sarcoïde chez le cheval :

  • Un agent pathogène (probablement un virus) : des études ont démontré que le papillomavirus bovin pourrait être incriminé dans l’apparition et le développement de certaines sarcoïdes.
    La transmission de ce virus pourrait ainsi se faire par contact direct avec un bovin ou par contact indirect via un cheval déjà infecté ou via une transmission du virus par des insectes.
  • Une prédisposition génétique de certaines races de chevaux : Quarters Horses, Appaloosas et chevaux Arabes…

Par ailleurs, le papillomavirus bovin ne peut à lui seul induire le développement de sarcoïde.

C’est l’association d’une prédisposition génétique et d’un facteur environnemental (présence du papillomavirus bovin) qui permet l’apparition et le développement de cette tumeur.

Une fois présente, une sarcoïde régresse très rarement spontanément. Elle peut rester stable pendant plusieurs années et évoluer rapidement en une autre forme suite à un traumatisme.

Quel vont être les traitements ?

Avant d’entamer un traitement, il faut identifier la sarcoïde. Comme nous l’avons vu précédemment, un simple examen clinique ne suffit pas. Pour un diagnostic de certitude on doit examiner les cellules qui composent la masse. On peut analyser la tumeur dans son intégralité après chirurgie ou alors réaliser une cytoponction chez le cheval.

Le vétérinaire va ainsi prélever des cellules présentes dans la masse à l’aide d’une aiguille et d’une seringue.

Il va ensuite étaler ce qu’il aura prélevé sur une lame afin d’identifier les cellules au microscope, après coloration de la lame.

Si la localisation le permet, il est toujours recommandé de pratiquer une exérèse de la masse, partielle ou complète. Une exérèse de la tumeur permettra de faire des analyses plus poussées des tissus. La masse entière ou une partie de la masse pourra ainsi être analysée.

  • Il est important de savoir que le traitement d’une sarcoïde reste difficile en raison du caractère invasif de la tumeur, voire de sa localisation.

La motivation du propriétaire, le coût de certaines techniques et les compétences du vétérinaire sont également à prendre en compte.

1 – Traitement chirurgical : exérèse

Ce traitement consiste à retirer la tumeur sous anesthésie locale ou générale en fonction de la taille et de la localisation de la sarcoïde chez le cheval. Cette chirurgie est généralement rapide et peu coûteuse. En revanche, il est nécessaire de réaliser la chirurgie le plus tôt possible afin de pouvoir enlever une zone importante autour pour éviter les risques de récidive.

2 – Cryothérapie : traitement par le froid

Le principe est d’appliquer de l’azote liquide sur la tumeur afin de la détruire. Généralement, il faut procéder à deux applications : la première va déshydrater la sarcoïde tandis que la seconde va détruire les cellules. Cette technique est plutôt facile à réaliser mais le risque de récidive est non négligeable. Elle peut être utilisée après une exérèse chirurgicale de la tumeur.

De plus, la cicatrisation est plutôt mauvaise, il n’est donc pas recommandé d’avoir recours à cette technique sur des zones telles que les yeux ou les oreilles du cheval.

3 – Laserothérapie

On effectue une exérèse précise de la tumeur grâce à un laser chirurgical. La précision du laser va ainsi minimiser le risque de lésions des tissus adjacents à la tumeur. Cependant, cette technique est très coûteuse et nécessite d’avoir recours à des vétérinaires spécialistes.

4 – Chimiothérapie

Il s’agit d’utiliser des substances anti-tumorales afin de détruire les cellules de la tumeur du cheval. On peut appliquer directement ces substances sous forme de pommade sur la sarcoïde pendant 3 à 4 mois. Cette technique est peu coûteuse et facilement réalisable par le propriétaire. Les résultats sont par contre aléatoires.

On peut également utiliser de la Cisplatine, une substance anti-tumorale que le vétérinaire injecte localement. Cette technique peut être associée à l’exérèse chirurgicale pour limiter les risques de récidive. Elle montre de meilleurs résultats associée à de l’électrostimulation qui permet une meilleure pénétration de la substance dans les tissus. C’est à ce jour la méthode la plus efficace pour éviter les récidives. Elle est réalisée en France à la clinique vétérinaire de Grosbois (94).

5 – Radiothérapie

Pour les sarcoïdes, on peut utiliser 2 types de radiothérapie : la téléthérapie et la brachythérapie.

  • La téléthérapie va irradier définitivement les petites tumeurs à distance. Cependant aucune structure en France n’est équipée pour ce type de radiothérapie.
  • La brachythérapie consiste à injecter dans la tumeur des sources de radiation qui libèrent en continue des doses. Cette technique est très efficace et permet de traiter les zones où l’exérèse chirurgicale est difficile, voire impossible comme autour des yeux du cheval.
    Cependant cette technique ne peut se réaliser partout, elle est par exemple, réalisée à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort. Il faut également que la masse soit seule et d’une taille inférieure à 5 cm de diamètre.

En parallèle de ces différents traitements médicaux, de nombreux traitements locaux à base de plantes existent. On trouve même toutes sortes de recettes de grand mère ! Pour les petits sarcoïdes peu gênants, la phytothérapie, souvent à base de thuya, peut très bien être testée en première intention. 

Pour résumer :

Les sarcoïdes représentent les tumeurs les plus fréquentes chez les chevaux. Elles sont principalement bénignes et non douloureuses, mais peuvent se révéler très gênantes selon leur taille ou leur localisation. 

Il existe 5 types de sarcoïdes différenciables par leur localisation et leur aspect, la sarcoïde maligne étant très rare. Elles peuvent être uniques ou multiples mais ne gênent généralement pas le cheval. Lorsque vous identifiez une masse sur votre cheval, il est toujours important de bien la surveiller. En effet, outre l’aspect esthétique, si une masse ne grossit pas, elle n’est alors pas inquiétante. Lorsque cette dernière se met à croître subitement, il est nécessaire d’appeler le vétérinaire.

Plusieurs traitements vous seront proposés pour éliminer cette tumeur. L’exérèse de la sarcoïde reste la principale technique utilisée. Le principal problème est le taux de récidive très élevé et la fréquente multiplication des tumeurs.

Les sarcoïdes restent donc des tumeurs bénignes qui ne gênent pas le cheval mais sont à surveiller.

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Références :

  • Valérie Bisch. Le sarcoïde équin : pathogénie et actualités thérapeutiques [en ligne]. Thèse Docteur Vétérinaire. Lyon : Université Claude Bernard Lyon I, 2010, 115 p. Disponible sur : www3.vetagro-sup.fr/bib/fondoc/th_sout/dl.php?file=2010lyon057.pdf (consultée le 16/10/2017).
  • Marie Guillemin. Les sarcoïdes des équidés : étude bibliographique et étude rétrospective de l’efficacité de la pommade selekt Xxterra [en ligne]. Thèse Docteur Vétérinaire. Créteil : Faculté de Médecine de Crétail, 2008, 202 p. Disponible sur : http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=1155 (consultée le 20/10/2017).