Troubles de la reproduction chez la jument
A la différence du chien ou encore du chat, la jument possède une activité ovarienne que l’on qualifie de saisonnière de jours longs : elle n’exprime ses chaleurs que sur les mois de mars à octobre, sous nos latitudes. De plus, les cycles ovariens se succèderont tant que la jument ne sera pas gravide.
Du fait des particularités de son cycle, il est parfois difficile de savoir gérer la reproduction chez la jument. De plus, tout comme les autres espèces, elle peut être sujette à certaines affections pouvant provoquer une infertilité transitoire ou définitive. Voici quelques pistes afin de mieux comprendre les troubles de la fertilité de votre animal ou autrement dit : pourquoi votre jument ne remplit pas ?
Qu’est ce que l’infertilité chez la jument et quels sont ses symptômes ?
Dans le cas d’une infertilité, la jument ne sera pas gestante malgré de nombreuses saillies ou inséminations. Elle aura des avortements à répétition ou encore refusera le chevauchement par l’étalon. Divers troubles peuvent ainsi être à l’origine d’échec de la reproduction chez la jument.
Les symptômes associés à l’infertilité varient selon la cause :
La plupart du temps aucun symptôme n’est visible mais la jument ne remplit pas.
Quelles sont les causes des troubles de la reproduction chez la jument ?
Diverses affections et infections peuvent être à l’origine des troubles de la reproduction chez la jument.
L’approche diagnostique est méthodique.
Petit rappel sur les cycles de la jument
Les cycles de la jument durent en moyenne 3 semaines et se déroulent toujours de la même façon :

Credit photo : Haras-nationaux
Durant cette phase, le taux d’oestrogènes de la jument augmente jusqu’à un pic à l’ovulation. Sous influence hormonale, la jument présente souvent des signes évocateurs de chaleurs (position campée, jets d’urine, clitoris clignotant). Cette période dure environ 1 semaine pendant laquelle les follicules grossissent progressivement, puis un (ou deux) d’entre eux grossit fortement, la jument ovule. En parallèle, l’utérus présente un œdème et le col s’ouvre.
Après l’ovulation le follicule est remplacé par un corps jaune qui sécrète de la progestérone. La jument aura alors en général un comportement différent et refusera l’étalon. Les ovaires présentent de petits follicules sans croissance significative et le col de l’utérus est fermé.
Cette phase dure environ 15 jours puis la phase d’oestrus reprend.
La première question à se poser est : les cycles de la jument sont-ils normaux ?
Traitement de l’infertilité chez la jument
La première étape de la prise en charge résulte du diagnostic de la cause de l’infertilité. En effet, le traitement de celle-ci en découle directement.
Le diagnostic des maladies abortives sera réalisé via sérologie, bactériologie ou virologie et une vaccination sera parfois nécessaire (cas par exemple de la rhinopneumonie). Certaines affections pourront malheureusement être de mauvais pronostic concernant la carrière reproductive de la jument.
Le traitement des métrites chroniques
En cas de liquide observé à l’échographie, le vétérinaire réalise un prélèvement pour analyse puis une vidange de l’utérus grâce à une ou plusieurs injections d’ocytocine ou de prostaglandines. Il pourra ensuite pratiquer des lavages utérins, puis si nécessaire une administration d’antibiotiques par voie locale, pendant les chaleurs uniquement, car le col doit être ouvert. Enfin, un traitement hormonal (prostaglandines) permettra d’accélérer le retour en oestrus (où les défenses naturelles de la jument sont exacerbées au niveau du tractus génital).
Une surveillance régulière de l’animal sera souvent nécessaire : le vétérinaire pourra vous aider à déterminer le moment opportun du cycle de la jument afin d’optimiser les chances de réussite de la saillie ou de l’insémination artificielle.
En plus de ce suivi, une intervention médicale pourra permettre d’induire l’ovulation hormonalement en cas d’anoestrus ou d’interoestrus rallongé. De même, un dosage hormonal peut mettre en évidence un déficit en progestérone et la nécessité d’une complémentation.
Prévention de l’infertilité chez la jument
Il est important de savoir optimiser la reproduction chez la jument lorsqu’elle est désirée, car celle-ci ne peut pouliner qu’une fois par an.
La première étape est de maitriser l’organisation de la monte (si la saillie naturelle est choisie).
Le choix du moment de l’accouplement est primordial et repose notamment sur le fait que l’ovule n’est fécondable que durant un bref laps de temps après l’ovulation. Au bout de 24h, il sera pratiquement infécondable.
Il faut de même prendre en compte le temps nécessaire à la remontée des spermatozoïdes dans le tractus génital (quelques heures post-coït).
Il semble ainsi que la période idéale du coït se situe entre 6 et 24h avant l’ovulation.
Les variations individuelles sont néanmoins très importantes : en cas de doute, consultez votre vétérinaire.
Le second point à respecter impérativement en ce qui concerne la reproduction chez la jument est l’hygiène.
Il est absolument primordial de respecter une asepsie complète dès qu’il est question de manipuler l’appareil génital de la jument. Il ne s’agit donc pas d’aller palper vous-même le col de la jument pour savoir où elle en est.
Enfin, il est fortement déconseillé de faire se reproduire un animal qui n’est pas en bon état général, en mauvaise santé ou non vacciné contre le tétanos !
Pour conclure :
Il est vrai que la reproduction des chevaux est compliquée par le caractère saisonnier du cycle ovarien de la jument, cependant quelques notions de base et un bon suivi de l’animal permettent d’optimiser les chances de saillie fécondante.
Les causes d’infertilité vraies chez la jument sont multiples et il faudra faire preuve de patience et de méthode : une grande proportion des problèmes liés à la reproduction sont dus à une mauvaise conduite de la saillie ou de l’insémination. Si vous êtes rigoureux dans vos observations, par exemple en tenant un tableau de monte, qui permet d’enregistrer toutes les observations relatives à chaque jument (signes de chaleurs, échographie, moments de saillie…), vous devriez avoir le plaisir d’accueillir un poulain l’année prochaine.
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Références :
- Association vétérinaire équine française. Maladie des chevaux. France Agricole Edition 2. Maladies, 2010.
- Berthelot, Xavier. « Approche pratique de l’infertilité ». Cours magistral ENVT, ENVT, 27 septembre 2017.
- ROSSDALE, Peter. Le Cheval : reproduction et élevage. Maloine, 1992.