Avoir un cheval chez soi : les conseils Classequine

Ouvrir ses volets le matin et voir son cheval par la fenêtre… C’est le rêve de nombreux propriétaires. Cependant un cheval est un animal imposant qui demande un entretien quotidien, beaucoup d’espace et une nourriture volumineuse. Pour ne pas que le rêve devienne cauchemar, nous vous donnons quelques conseils et pistes de réflexions.

Gérer l’environnement du cheval

Quel espace ?

Un cheval ça prend de la place ! On recommande en général 1 hectare par cheval. En réalité, dans beaucoup d’écuries, les chevaux disposent de beaucoup moins d’espace.

Cependant, il y a plusieurs points à prendre en compte avant de prendre son cheval chez soi :

  • L’espace est indispensable au bien être de votre cheval. Il lui faut absolument la place de galoper librement. S’il ne dispose que d’un petit paddock, il est fortement recommandé de le faire travailler au quotidien, que ce soit en carrière, en balade ou à la longe.

  • Plus l’espace que vous pouvez fournir à votre cheval est restreint, plus vous aurez de travail d’entretien à faire.

En effet, dans un petit espace, le sol, constamment foulé par le cheval, ne permet pas de fournir suffisamment d’herbe.

Plus l’espace sera grand, moins vous aurez besoin de complémenter le cheval en foin.

De la même façon, le sol souffrira plus des intempéries : boue en cas de pluie principalement. Et si le cheval passe sans cesse au même endroit : l’herbe ne pousse pas. Cela peut provoquer différents problèmes en période hivernale, comme la gale de boue ou la pourriture de fourchette.

De plus, si l’espace est restreint, il est primordial de ramasser les crottins régulièrement. Et plus l’espace est petit, plus il faut le faire souvent, ce qui peut être quotidien dans un paddock par exemple.

C’est important à la fois pour des raisons d’hygiène évidentes, mais aussi pour :

  • Limiter le parasitisme intestinal, car les chevaux se réinfestent en ingérant les œufs excrétés dans les crottins.

  • Eviter d’attirer trop d’insectes, notamment les mouches, moustiques, moucherons, responsables de la dermite estivale et nombreux désagréments en été, mais aussi les gastérophiles qui entrainent des lésions de l’estomac voire des ulcères gastriques.

  • Enfin, un compagnon est fortement conseillé, le cheval supportant difficilement la solitude.

    Cela peut être un deuxième cheval, un poney ou un âne. L’espace doit donc être calculé en conséquence.

cheval et un ane

Un box ou un abri ?

Quel que soit l’espace que vous pouvez consacrer à votre cheval, un abri est indispensable. Que vous viviez dans une région froide, humide ou chaude, il permettra à votre cheval de s’abriter de la pluie, du vent ou du soleil.

Il faut aussi penser aux imprévus : suite à une blessure, une maladie, pour des soins, il faut parfois enfermer son cheval. Si un abri ouvert avec trois murs est le minimum indispensable, un box pouvant être fermé, ou laissé ouvert en stabulation libre, offre un confort non négligeable en cas de problème.

La litière ?

Elle n’est pas forcément obligatoire si le cheval vit dehors H24 avec un simple abri.

Par contre, si vous disposez d’un box (ouvert ou fermé) elle donnera plus de confort à votre cheval. Le choix de la paille ou du copeau dépendra principalement du côté pratique (fournisseur, évacuation du fumier…). Le copeau est à privilégier pour les chevaux avec des problèmes respiratoires ou digestifs (coliques).

Attention à prévoir également un lieu abrité et spacieux où vous pourrez stocker l’aliment et surtout le fourrage. En effet, cela prend beaucoup de place et doit absolument être protégé de l’humidité et des rongeurs.

L’alimentation de votre cheval

Dans une écurie de propriétaires, vous n’avez à vous soucier de rien. La ration de votre cheval est distribuée et calculée par le gérant de l’écurie. C’est son travail de professionnel.

Mais une fois votre cheval chez vous, c’est à vous de gérer l’alimentation de votre cheval. Malheureusement de nombreux particuliers sous-estiment les quantités à donner et le cheval n’est pas toujours nourri correctement.

Le plus important quand on a son cheval à domicile est de donner du foin de qualité et en quantité suffisante.

Qualité du foin

Le foin de Crau est un des plus riches, et sa qualité est garantie par un cahier des charges. Il est suivi par le foin de montagne puis par le foin de prairie. Le foin luzerné est intéressant pour son apport en protéines et en calcium, et les chevaux l’apprécient beaucoup. Il permet en général de garder plus facilement les chevaux en état mais certains peuvent avoir du mal à le digérer.

Quel que soit le type de foin que l’on choisit, il est important de pouvoir en évaluer la qualité. Bien souvent, les propriétaires-détenteurs néophytes ne savent pas comment différencier un bon d’un mauvais fourrage.

La priorité est de s’assurer de la qualité du foin du point de vue sanitaire, afin d’éviter les problèmes respiratoires notamment.  Cela dépendra principalement des conditions de récolte et de stockage.

  • Il ne doit être ni poussiéreux, ni moisi, ni fermenté. Il est très important de le sentir, pour vérifier qu’il sente bon l’herbe sèche.
  • Il ne doit pas non plus contenir de plantes toxiques pour le cheval (Laurier, Séneçon, Aristoloche…).

Ensuite, on va s’intéresser à sa richesse nutritionnelle :

  • Les espèces végétales qu’il contient ont un rôle primordial (graminées, luzerne, Ray-gras…),

  • Le stade de développement de la prairie lorsque le foin est récolté a beaucoup d’importance.

    De manière générale, plus le foin va être récolté tard dans la saison, moins il sera riche.

    Vous pourrez l’évaluer à la quantité de fibres : les tiges sont plus nombreuses et plus épaisses. Un foin récolté plus tôt sera plus riche en feuilles (très important pour la luzerne), et tiges fines. La présence de très nombreux épis indique généralement un foin coupé un peu trop tard. De plus, ceux ci présentent l’inconvénient de se glisser dans les joues, sous la langue voire dans les yeux des chevaux.

    Un foin récolté plus tôt, plus riche est en général reconnaissable à une couleur plus verte.

  • Le nombre de coupe dans la saison. La deuxième coupe est souvent un peu plus riche car la repousse fait moins d’épis et plus de feuilles.

  • Les conditions de culture (météo, engrais, pâturage etc…) influent bien sûr elles aussi directement sur la richesse nutritionnelle du foin.

foin de crau cheval

Foin de Crau. Credit photo : foindecrau.com/

Vous reconnaitrez donc un bon foin à :

  • son odeur,
  • sa couleur (vert de préférence voire jaune, jamais gris ou marron),
  • son aspect (préférez les feuilles aux grosses tiges ou aux nombreux épis).

Cela ne nécessite pas de compétences très poussées en botanique mais il en va de la santé de votre cheval. N’hésitez pas à apprendre à reconnaître les plantes toxiques, en général elles sont facilement reconnaissables à l’œil. Le cheval les trie naturellement sur pied mais aura plus de mal si elles sont mélangées dans le foin.

Il sera ensuite important de stocker votre foin à l’abri de l’humidité, l’idéal étant de le mettre sur palettes afin de le protéger également de l’humidité du sol.

Quantité de nourriture

La quantité de foin est le paramètre sur lequel il ne faut pas faire d’économie si l’on veut un cheval en bonne santé et en bon état corporel.

Un cheval mange entre 8 et 12 kg de foin par jour en moyenne, à moduler selon sa qualité, le travail du cheval et son gabarit, sans compter les variations individuelles.

L’apport en aliment concentré (céréales, floconnés, granulés…) est facultatif et dépendra encore une fois du cheval et de ses besoins.

Vous pouvez choisir un aliment tout prêt du commerce, il en existe de très bonne qualité pour différents types de chevaux (jeune, au travail, poulinière, âgé…).

Vous pouvez aussi donner des céréales que vous préparez vous même et équilibrer l’apport en minéraux avec ce qu’on appelle un CMV (complément minéro-vitaminé).

Cependant, c’est relativement contraignant car l’orge n’est digérée par le cheval que si elle est aplatie, germée ou trempée. Lorsque l’on a peu de chevaux à gérer et relativement peu de temps, ce qui est le cas de la plupart des propriétaires avec leur cheval à la maison, ce n’est pas toujours intéressant.

Encore une fois, les quantités sont à adapter en fonction des besoins. Cependant, l’estomac du cheval étant très petit, il faut éviter de donner un gros volume en une fois. L’idéal est de fractionner en deux ou trois repas avec un maximum de 4L en une fois.

Pour un apport calorique plus important, l’ajout d’huile de table dans la ration est très intéressant. Elle est facilement digérée, n’agresse pas l’estomac et a un apport calorique élevé par rapport au volume.

Les soins du cheval

Faire face à l’imprévu

Lorsque votre cheval est chez vous, vous en êtes intégralement responsable. Cela veut dire que vous aurez aussi à gérer ses éventuels problèmes de santé, blessures ou autres.

Si on ne peut jamais prévoir ces choses là, il est bon de prendre les devants. Avant de déménager votre cheval (ou même avant de l’acheter si vous n’êtes pas encore propriétaire), il est important de s’assurer que votre vétérinaire peut venir en visite dans votre secteur. C’est d’ailleurs la même chose pour le maréchal-ferrant. Si ce n’est pas le cas, il faudra en trouver un autre avant d’installer le cheval.

De plus, en cas d’hospitalisation de votre cheval par exemple, il est important de pouvoir être mobile.

Un van ou la possibilité d’en louer/emprunter un facilement est indispensable pour choisir d’avoir son cheval à domicile.

transport cheval

N’hésitez pas à discuter avec votre vétérinaire de l’installation de votre cheval chez vous. Il pourra vous conseiller au mieux selon ses besoins.

Il peut également vous prescrire le nécessaire à avoir dans votre pharmacie d’urgence.

Il vous faudra bien sûr apprendre à faire les premiers soins, pour réagir au mieux face à une blessure ou une colique.

Savoir reconnaître une urgence, réaliser une injection intra-musculaire, nettoyer une plaie ou faire un bandage sont des choses indispensables quand on a son cheval à domicile.

Quels soins en entretien ?

Même si la plupart des propriétaires s’en occupent eux mêmes, c’est parfois l’écurie qui gère les soins préventifs du cheval.

Et pour les nouveaux propriétaires qui veulent avoir un cheval à domicile, il est important de prévoir cela dans le budget et le planning annuel :

  • Rappel de vaccin Grippe annuel au minimum (si la primovaccination a bien été réalisée), Tétanos au moins tous les 2 ans.

  • Vermifugation ou contrôle coproscopique à chaque changement de saison,

  • Examen dentaire annuel avec limage uniquement si nécessaire. Cela peut être fait avec le vaccin,

  • Maréchal-ferrant toutes les 6 à 8 semaines, moins souvent si le cheval est juste paré.

Et quand vous n’êtes pas là ?

Avant de prendre la responsabilité d’avoir son cheval chez soi, il faut prévoir la façon dont vous pourrez gérer vos absences.

En effet, vous serez forcément amené un jour ou l’autre à partir un week end ou même plusieurs jours en vacances. Un cheval ne se gère pas comme un chat avec un distributeur à croquettes.

Dans ce cas, vous aurez en général le choix entre : faire venir une personne de confiance ou laisser votre cheval en pension temporairement dans une écurie voisine. Dans tous les cas, il vaut mieux là encore avoir prévu à l’avance. En effet, personne n’est à l’abri d’un impératif familial ou autre, obligeant à vous absenter à l’improviste.

Voilà, comme vous l’avez compris, avoir son cheval chez soi, c’est du travail et de l’organisation, mais aussi beaucoup de bonheur ! Si tout cela ne vous fait pas peur, que vous avez la place, le temps et que vous vous sentez capable de faire face au quotidien et ses imprévus… à vous le rêve du cheval qui broute dans le jardin !

Article rédigé par P. Cantet, vétérinaire équin