Mon cheval est engorgé, que faire ?

L’engorgement est un mal bien connu et craint des propriétaires mais sa définition n’est pas toujours claire. Il s’agit d’un terme générique pour désigner un gonflement au niveau d’un ou de plusieurs membres. Le cheval a des tissus très sensibles et vascularisés au niveau des jambes, il y est donc facilement sujet.
L’inquiétude du cavalier vient surtout de la crainte d’une possible tendinite, mais il existe de nombreuses autres causes d’engorgement. De la cause de celui-ci dépendra la gestion du cheval.

Quelles sont les causes de l’engorgement chez le cheval ?

L’engorgement désigne communément un gonflement du boulet et/ou du canon, mais il peut partir du sabot et remonter au-dessus des carpes ou des jarrets.

On le reconnaît au fait que les reliefs des tendons, habituellement bien visibles, ne sont plus palpables. Les comparer aux autres membres ou à un autre cheval peut permettre d’en avoir le cœur net.

oedeme cheval

Le gonflement correspond généralement à ce qu’on appelle médicalement de l’œdème. Il a tendance à s’accumuler au niveau des membres, tout simplement par gravité, car c’est la zone la plus basse du corps du cheval quand il est debout.

Il peut être présent suite à un défaut de retour veineux ou suite à une inflammation. Celle-ci peut avoir de multiples causes. Reconnaitre le type d’engorgement permet de savoir comment le gérer.

Voici les principaux que l’on peut être amené à rencontrer :

  • Engorgement par défaut de retour veineux

C’est un des plus fréquent. On l’observe principalement sur des chevaux enfermés au box depuis quelques jours. L’absence de mouvement fait stagner le sang au niveau des pieds. On peut assimiler ce type d’engorgement au syndrome des « jambes lourdes » chez la femme.

Il peut aussi apparaître suite à une baisse des défenses immunitaires liée à un passage viral, par exemple.

Il touche généralement les deux postérieurs, le gonflement est symétrique, concerne le paturon, le boulet et peut remonter jusqu’à mi-canon, rarement plus haut.

Il ne provoque pas de boiterie ni de douleur particulière et s’améliore après 15 minutes de marche au pas.

  • Engorgement suite à un choc

Ici, on observera juste après le choc, une gonfle beaucoup plus localisée. Elle correspond plus à ce que le vétérinaire appelle un hématome.

Dans les jours qui suivent, l’œdème va souvent s’étaler et descendre, ce qui le rend plus difficile à différencier des autres formes d’engorgement.

obstacle cheval

Il concerne généralement un seul membre et peut être associé à un suros ou à une petite plaie selon l’importance du traumatisme. Le cheval peut boiter mais ce n’est pas systématique.

  • Engorgement suite à une infection (= Lymphangite)

Dans ce cas, l’œdème est dû à une inflammation d’origine infectieuse. Un germe provoque une infection des tissus sous la peau, ce qui entraine un gonflement important, souvent lié à une douleur au toucher.

Quand l’infection prend des proportions importantes, avec un engorgement de tout le canon voire plus haut, on l’appelle lymphangite.

En savoir plus sur la lymphangite chez le cheval

Elle apparaît souvent sur des chevaux présentant de petites croûtes sur la peau, qui sont des points d’entrée pour les bactéries et donc pour l’infection.

Lymphangite cheval

Elle provoque parfois une boiterie, souvent proportionnelle à l’importance du gonflement. En cas de « poteau » remontant jusqu’en haut du membre, le cheval peut boiter très fortement.

Elle peut être associée à de la fièvre et peut toucher un ou plusieurs membres. Elle doit être prise en charge rapidement par un vétérinaire, afin d’éviter une aggravation voire des séquelles.

  • Engorgement suite à une inflammation de tendons ou du boulet

C’est généralement cet engorgement qui angoisse le plus le propriétaire. En effet, suite à une tendinite ou à une entorse du boulet, le cheval présente souvent un œdème diffus, qui peut concerner le canon et le boulet. Difficile alors de savoir pourquoi le cheval est engorgé.

Cependant, ce type d’engorgement est presque toujours associé à une boiterie, qui va persister plusieurs jours. L’œdème diminue progressivement mais une déformation reste généralement visible au niveau du tendon ou de l’articulation touchée.

Dans la plupart des cas, un seul membre est concerné. L’engorgement apparaît suite à un travail intense ou à un faux mouvement.

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Comment gérer un cheval engorgé ?

Selon la cause de l’engorgement, la gestion du cheval peut être totalement différente.

Par exemple, un cheval qui présente un défaut de retour veineux aura besoin de bouger, d’aller au paddock, tandis que ce sera souvent contre-indiqué sur une tendinite ou une lymphangite.

Parmi les questions à se poser, voici les plus fréquentes :

  • Que peut-on appliquer comme soins locaux ?
  • Peut-on travailler le cheval ?
  • Faut-il appeler le vétérinaire ?

Soins locaux

  • L’argile

Le plus utilisé est l’argile. Elle a des propriétés astringentes, ce qui veut dire qu’elle aspire l’eau des tissus engorgés du cheval. Elle va donc faire diminuer l’œdème périphérique.

argile verte

Elle s’applique humide en cataplasme et n’a plus aucun effet une fois sèche. Il faut donc renouveler régulièrement les applications.

Elle a peu de contre-indications, à condition de ne pas l’appliquer sur une plaie ou une peau fragilisée (croûtes, irritations…).

  • Le froid

Le froid est aussi intéressant sur les engorgements, on peut réaliser des douches ou utiliser des poches souples ou des guêtres adaptées. Il ne présente aucune contre-indication, si ce n’est de bien sécher la peau pour limiter l’humidité en cas de douches.

  • Gels anti-inflammatoires

Enfin, il existe de nombreux gels anti-inflammatoires, certains seront plus adaptés aux engorgements liés à un traumatisme et d’autres à visée tendineuse . Ils sont déconseillés en cas de plaie ou de lésion cutanée chez le cheval.

En cas de plaie ou de croutes, on choisira plutôt un nettoyage antiseptique puis une pommade adaptée.

Les bandes de repos, quand on est à l’aise pour les poser, peuvent être une bonne option pour améliorer le retour veineux et limiter l’œdème. Attention à toujours utiliser une flanelle bien épaisse et molletonnée et à les changer tous les jours. Celle-ci peut être imbibée d’un produit astringent (Dakin, eau de javel très diluée) pour absorber l’œdème. Dans ce cas, on veillera à ne pas laisser poser les bandes plus de 12h.

Peut-on travailler le cheval ?

L’immobilité a tendance à favoriser l’engorgement, c’est pourquoi on entend des conseils controversés concernant le travail du cheval engorgé.

En effet, s’il s’agit d’un simple défaut de retour veineux lié à une mise au box inhabituelle, le travail contribuera à améliorer les choses. Cependant, dans les autres situations pouvant provoquer un engorgement, il sera néfaste.

  • De manière générale, si le cheval boîte : il ne faut pas le faire travailler. Par contre, vous pouvez le faire trotter en main sur quelques foulées pour évaluer sa locomotion, car peu de boiteries sont visibles au pas.
  • S’il ne boite pas ou très légèrement : il n’y a pas de contre-indication à le faire marcher au pas en main voire monter pendant une dizaine de minutes matin et soir. Cela vous permettra d’évaluer l’évolution de l’engorgement et d’accélérer sa diminution.
travail cheval pied

Même si vous ne le voyez pas boiter, un vrai travail n’est pas conseillé. Il vaut mieux faire trois jours au pas et attendre une disparition complète de l’œdème que d’aggraver une lésion.

Quand appeller le vétérinaire ?

De nombreux propriétaires n’osent pas déranger le vétérinaire ou ont peur de payer une consultation pour rien. D’autres, au contraire, vont réclamer une visite d’urgence pour un cheval engorgé. Cependant, il ne faut pas oublier que c’est lui le professionnel. Il vous posera un certain nombre de questions pour estimer l’urgence et la nécessité d’une visite, en fonction des symptômes et de l’évolution de votre cheval.

Une tendinite n’est pas une urgence, et l’échographie, indispensable au diagnostic précis, sera plus fiable quelques jours après le début des symptômes. En effet, l’engorgement peut diminuer la précision de l’échographie et, à chaud, les lésions seront moins visibles.

Par contre, en cas de lymphangite sévère d’évolution rapide, surtout en cas de fièvre associée, votre vétérinaire jugera probablement qu’une intervention au plus vite est nécessaire.

En effet, plus tôt elle est prise en charge et mieux elle répond au traitement.

  • De manière générale, il est conseillé de contacter votre vétérinaire, si :

  • L’engorgement est associé à de la fièvre (Température rectale > 38,5°C),
  • L’engorgement est associé à une boiterie,
  • L’engorgement persiste plus de 48h malgré la marche au pas et les soins locaux.

En tant que propriétaire ou cavalier, vous serez forcément confronté un jour à un cheval engorgé. Le plus important est d’être capable de le reconnaître afin de bien réagir. Les 3 axes principaux de sa gestion sont les soins locaux, la marche au pas et le repos. En cas de doute sur la cause ou la marche à suivre, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire.

Article rédigé par P. Cantet, vétérinaire équin

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