Estomac du cheval : Anatomie et fonctionnement de la digestion
L’estomac du cheval joue un rôle clé dans sa digestion. C’est le premier organe concerné par les modifications alimentaires liées au mode de vie imposé au cheval par l’homme. Il en découle une pathologie devenue très fréquente : les ulcères gastriques.
Nous faisons ici un petit point sur l’anatomie et le fonctionnement de l’estomac ainsi que sur les pathologies qu’il peut présenter et sur les mesures à mettre en place pour améliorer le confort gastrique du cheval.
Anatomie de l’estomac du cheval
Anatomie externe et position de l’estomac dans l’abdomen
L’estomac se situe dans l’abdomen, juste derrière le diaphragme et le foie. Il fait le lien entre l’œsophage et l’intestin grêle, via un orifice d’entrée appelé « cardia » et un orifice de sortie appelé « pylore » qui se prolonge par le duodénum.
L’estomac du cheval a la particularité d’être de petite taille proportionnellement à l’envergure de l’animal, avec une contenance moyenne d’environ 12-15 litres, ce qui représente seulement 10% du volume total du tractus digestif. D’autre part le cardia du cheval est très musculeux et ne permet pas aux aliments de repartir vers l’œsophage, c’est pourquoi on dit que les chevaux ne peuvent pas vomir.
Anatomie interne de l’estomac du cheval
L’estomac a une forme de sac avec une petite et une grande courbure et comporte deux types de muqueuses à l’anatomie bien distincte :

Fonctionnement de l’estomac du cheval
Un organe adapté à un grignotage constant
Dans la digestion du cheval, l’estomac a pour rôle de mélanger, stocker et contrôler la délivrance d’aliments à l’intestin grêle, tout en préparant la digestion des protéines via la production de pepsine. Très peu de nutriments sont absorbés dans l’estomac.
La petite taille de l’estomac du cheval explique la nécessité pour eux d’effectuer de nombreux repas au cours de la journée.
Une deuxième particularité concerne la production d’acide chlorhydrique nécessaire à la digestion des aliments . C’est la muqueuse glandulaire qui est à l’origine de la production d’acide chlorhydrique.
Chez l’homme, la production d’acide est stimulée et induite par la prise de repas.
Les chevaux eux, produisent en continu de l’acide gastrique, ce qui explique également le risque majeur pour eux de se retrouver face à de longues périodes de jeûne.
L’acidité s’accumule dans un estomac vide et engendre des dégâts, comme nous le verrons par la suite.
Habituellement, la salive produite en grande quantité lors de l’ingestion de fibres, permet de tamponner cette acidité grâce aux bicarbonates qu’elle contient. On constate à l’inverse que les rations de céréales sont ingérées en très peu de temps, ne générant pas une grande production de salive.
Les conséquences de volumineux repas espacés dans le temps
De nos jours, les chevaux sont soumis à un mode de vie complètement différent. Ils sont la plupart du temps confinés, et ne sortent qu’une à deux heures par jour.
Leurs rations sont composées de céréales, très souvent en trop grande quantité, avec un accès insuffisant aux fourrages, et très souvent ils passent de nombreuses heures dans la journée sans rien ingérer.
Cela engendre des conséquences très importantes sur leur fonctionnement digestif, et peut conduire à l’apparition d’ulcères gastriques mais également d’ulcères sur d’autres portions du système digestif (intestin grêle, colon), ces derniers étant beaucoup plus difficiles à mettre en évidence.

Rôle tampon des aliments dans l’estomac, source : Clinique équine De Morette
Pathologies gastriques chez le cheval
Mécanisme d’apparition des ulcères gastriques
L’affection la plus fréquemment rencontrée au niveau de l’estomac est : les ulcères gastriques.
Lorsque l’estomac des chevaux est « vide », l’acidité générée en continue n’est donc pas tamponnée, et va s’attaquer à la muqueuse non glandulaire qui n’est pas protégée contre des pH aussi bas.

Les différents stades du « syndrome ulcère gastrique » du cheval
La muqueuse commence à devenir inflammatoire, puis elle s’érode et enfin se creuse => c’est l’ulcère.
Dans les cas les plus extrêmes, les ulcères devenant de plus en plus profonds, ils arrivent au stade de la perforation, létale pour le cheval.
D’autre part, lors d’efforts, les contractions importantes du diaphragme et des muscles abdominaux contribuent à comprimer l’estomac et à la projection d’acide sur les parois de la muqueuse non glandulaire, ce qui favorise aussi l’apparition d’ulcères.
Ceci est d’autant plus vrai lorsque l’effort est intense et que le cheval est à jeun.
Différents types d’ulcères et diagnostic chez le cheval
Il existe d’autres types d’ulcères qui se trouvent cette fois sur la muqueuse glandulaire, qui, elle, est normalement protégée contre l’acidité. Toutefois, il arrive que certains médicaments, certains aliments, ou d’autres facteurs extérieurs fragilisent toutes ces défenses naturelles et exposent la muqueuse à l’acidité de l’estomac, engendrant aussi des lésions. Les mécanismes exacts à l’origine de l’apparition de ces ulcères sont encore méconnus.
Ces deux types d’ulcères ne se traitent pas de la même façon, et il est important de poser un diagnostic précis, votre vétérinaire saura vous conseiller et vous orienter sur les traitements adaptés selon le type d’ulcère rencontré.
Le diagnostic s’effectue par endoscopie digestive, un examen peu invasif qui permet de visualiser à l’aide d’une caméra l’ensemble de l’estomac du cheval.
Cet examen permettra de visualiser d’autres lésions plus rares, telles que des carcinomes gastriques (cancers) ou de simples lésions inflammatoires que l’on peut qualifier de gastrites. Il arrive également que certains chevaux présentent des retards de vidange gastrique, avec une tendance à l’impaction, que l’on pourra également visualiser sous forme de « boules » d’aliments compacts dans l’estomac.
Facteurs favorisant l’apparition d’ulcères gastriques chez le cheval
Ulcères non glandulaires = squameux
- Travail intensif, stress (facteur +++),
- Accès limité au paddock,
- Alimentation pauvre en fibres, ou trop riche en céréales,
- Période de jeûne prolongé,
- Transport et compétition,
- Changement d’alimentation brutal,
- Parasitisme (gastérophiles)

Aspects endoscopiques des différents grades d’ulcères squameux (non glandulaire), source : Virbac
Ulcères Glandulaires
- Administration prolongée d’anti-inflammatoires,
- Accès limité au paddock,
- Absence de fourrages,
- Excès de concentrés,
- Travail intense, mauvais entrainement.


Les clefs d’un estomac en bonne santé
Limiter les céréales
Maximum 100g d’amidon /100 kg de poids vif/repas ou Maximum 200g d’amidon/100 kg de poids vif / jour
Pour un cheval de 500 kg, Maximum 1,5L d’orge/repas
Foin et eau à volonté !
- Fourrages à volonté, minimum 1,5% du poids vif/j
- pour un cheval de 500 kg = minimum 7,5 kg de foin/jour !
- L’idéal = vie au pré le plus possible
Faire des transition alimentaires
Tout changement doit se faire sur 3 semaines minimum, par exemple :
- Semaine n°1 => 75% de l’ancien aliment + 25% du nouvel aliment
- Semaine n°2 50-50
- Semaine 3 : 75% du nouvel aliment et 25% de l’ancien aliment,*
- Semaine 4 : 100% du nouvel aliment.
Comment prendre soin de l’estomac de son cheval ?
Avoir un estomac en bonne santé c’est avant tout respecter sa physiologie et la comprendre.
L’estomac du cheval ne doit jamais rester vide, cela implique donc de lui donner accès à du fourrage à volonté, ne pas lui imposer de longues périodes de jeûne et limiter les aliments contenant du sucre ou de l’amidon qui ont tendance à fermenter et à générer la production d’acide lactique dans l’estomac, ce qui augmente donc l’acidité environnante.
Si le foin est de bonne qualité et donné en quantité suffisante, associé à un bon complément minéral et vitaminique (CMV), la plupart des chevaux pourraient se passer de céréales.
Sur les chevaux sensibles de l’estomac, un apport en luzerne est également intéressant pour son effet tampon sur l’acidité gastrique.
Si l’apport énergétique est malgré tout insuffisant, il vaut mieux rajouter de l’huile dans la ration, très bien tolérée et assimilée par le cheval. L’huile apporte beaucoup de calories dans de faibles volumes et sans conséquence néfaste sur la flore ni la digestion.
Il faut toutefois respecter comme pour toute transition alimentaire une période d’adaptation de 3 semaines pour permettre à l’organisme de mettre en place le nécessaire pour assimiler cette huile et sans dépasser la dose d’1 mL/kg soit maximum 500 mL pour un cheval de 500kg.
Si malgré tout cela, il faut rajouter des concentrés, alors il vaut mieux rajouter des granulés sans céréale ou avec de faibles taux d’amidon ou de carbohydrates.
S.Pradeaud