Problèmes respiratoires chroniques chez le cheval : quelles alternatives aux traitements médicamenteux ?

Les chevaux sont particulièrement sujets aux problèmes respiratoires : inflammation, irritation, allergies, infections… Les causes sont nombreuses mais malheureusement ces atteintes évoluent souvent en maladies chroniques. Cela signifie que la pathologie ou ses séquelles provoquent des symptômes de manière durable dans le temps. Les traitements permettent alors de soulager le cheval temporairement mais ne guérissent pas la cause.

Quelles sont alors les alternatives pour le propriétaire qui voit son cheval tousser au quotidien, s’essouffler au moindre effort dès qu’il n’a plus de médicaments ?

Pourquoi les chevaux présentent des problèmes respiratoires chroniques ?

Les chevaux ont des voies respiratoires fragiles, et sont très sensibles aux poussières et moisissures. Au cours de leur vie, ils y sont continuellement exposés, et certains d’entre eux vont développer une irritation chronique des bronches et poumons. Quand cette inflammation est installée, on l’appelle en général emphysème.

En savoir plus sur l’emphysème

Tous les chevaux ne sont pas touchés, il existe deux causes principales :

  • Les chevaux prédisposés, aux voies respiratoires particulièrement sensibles. On peut assimiler cela à une allergie aux poussières, pollens ou moisissures de l’environnement.

  • Les chevaux ayant souffert d’une atteinte respiratoire sévère, le plus souvent une infection pulmonaire et ayant gardé des séquelles.

Ils peuvent alors développer de l’emphysème, donc une inflammation de l’appareil respiratoire.

Avec le temps, leurs poumons perdent en élasticité et se fibrosent, ce qui les rends plus vite essoufflés à l’effort.

Ils deviennent aussi plus fragiles face aux virus et bactéries agressant leur système respiratoire. C’est l’insuffisance respiratoire.

Reconnaître un problème respiratoire chronique chez le cheval

Les symptômes sont assez caractéristiques et évocateurs d’une maladie respiratoire. Cependant, c’est l’évolution dans le temps qui permettra ou non de la qualifier de chronique.

  • Toux fréquente (tous les jours ou même 1 à 2 fois par semaine si c’est toutes les semaines)
  • Essoufflement : il se manifeste par des naseaux dilatés, des contractions au niveau des flancs, une respiration forte.
  • Par exemple, la petite toux de début de travail doit être considérée comme un problème respiratoire chronique si elle persiste depuis plusieurs mois sans répondre au traitement.

En général, c’est simplement une atteinte du larynx, mais elle signale une irritation anormale du cheval, face aux poussières notamment.

Le diagnostic devra bien sûr être fait par un vétérinaire et peut passer par la fibroscopie. Cet examen permet d’examiner en direct avec une petite caméra les voies respiratoires du cheval et de faire des prélèvements si nécessaire.

Quelles solutions à long terme ?

Malheureusement, quand il s’agit d’hypersensibilité ou d’insuffisance respiratoire, le traitement médical ne permet pas de guérir la maladie. Le vétérinaire utilisera en général des corticoïdes et des bronchodilatateurs afin de soulager le cheval, mais une fois leurs effets disparus les symptômes reviendront.

Gérer l’environnement du cheval

round baller cheval

Le roundballer est à éviter au maximum pour lutter contre les poussières

Le vétérinaire donnera surtout des consignes concernant l’environnement du cheval, on appelle cela « la mise en condition hors-poussière ».

L’idéal étant de mettre le cheval au pré de façon à éviter les poussières contenues dans la paille ou les copeaux mais surtout le foin…

Sauf que mettre le cheval au pré n’est pas toujours une option pour le propriétaire, dans certaines régions c’est d’ailleurs impossible.

Pour les chevaux ayant juste une petite gêne ne les empêchant pas d’avoir une activité physique (la petite toux de début de travail…), le pré n’est pas toujours compatible avec une carrière sportive.

Il y a un minimum d’habitudes à prendre pour gérer un cheval souffrant de problèmes respiratoires :

  • Faire les boxes quand le cheval est sorti.
  • Ne jamais balayer quand le cheval est au box.
  • Attendre au moins 1h que la poussière retombe avant de le rentrer.
  • Installer un brumisateur dans l’écurie pour l’été est une bonne option.
  • Arroser le paddock.
  • Travailler dans une carrière ou un manège très régulièrement arrosés.

Il est donc primordial de bien choisir l’écurie où va vivre votre cheval s’il est en pension.

Ces habitudes sont assez contraignantes, mais peuvent réellement aider votre cheval. Cependant elles sont inutiles si aucune disposition n’est prise pour gérer le fourrage.

La gestion du fourrage : foin dépoussiéré ou purificateur de foin ?

La source numéro 1 de poussières est le foin. Même d’excellente qualité, il est source d’irritation pour les bronches sensibles des chevaux.

La solution la plus économique est de le tremper. Cependant, c’est vite très contraignant au quotidien, c’est peu appétent et cela n’éradique pas totalement les agents irritants.

  • Il existe des fabricants d’aliments comme Heavens ou Destrier, qui proposent des sacs de fourrage dépoussiéré.

Cela peut se présenter sous forme de fibres courtes sèches ou de gros granulés à réhydrater. C’est particulièrement intéressant pour les chevaux âgés car cela permet aussi de pallier aux problèmes de dents, en leur donnant des fibres sous une forme facile à mâcher.

C’est une bonne solution, mais cela nécessite une organisation et un budget assez conséquent en nourriture.

  • Pour ceux qui veulent conserver leur foin habituel ou pour les chevaux assez jeunes dont les propriétaires voient l’intérêt long terme, le purificateur de foin est une excellente solution.

Les machines à dépoussiérer le foin permettent de le traiter en profondeur, d’éliminer quasi-intégralement les poussières, pollens, moisissures etc… Le foin reste appétent pour le cheval et cela nécessite beaucoup moins de manipulation que de le tremper.

C’est un véritable investissement à long terme pour la santé de votre cheval.

purificateur de foin cheval

Les purificateurs de foin sont particulièrement conseillés pour les chevaux qui montrent des signes d’intolérance aux poussières, avant que les choses ne s’aggravent et que le poumon ne se dégrade.

Ici, on agit vraiment sur la cause du problème, soit en préventif, soit pour soulager ceux qui sont déjà atteints.

Le nébulisateur pour chevaux

Ici, on n’agit pas sur la cause mais on va chercher à soulager les bronches et les poumons du cheval de la manière la plus efficace et la plus ciblée qui soit.

Le problème principal des traitements médicamenteux de l’emphysème, ce sont ses effets secondaires. En effet, il est impossible de traiter à long terme un cheval avec des corticoïdes sans l’exposer à de graves complications, notamment la fourbure.

En savoir plus sur la fourbure

Le nébulisateur permet d’envoyer le traitement directement dans les voies respiratoires du cheval.

La dose qui passe dans le sang est bien inférieure à un traitement par voie générale, ce qui évite les effets secondaires. De plus, le traitement est aussi beaucoup plus efficace.

On peut utiliser le nébulisateur pour faire inhaler au cheval des solutions médicamenteuses mais aussi des solutions à base de plantes. Les effets de ces traitements naturels sont alors maximisés, permettant de diminuer nettement les médicaments. Les appareils sont aujourd’hui très simples d’utilisation et souvent portatifs, ce qui facilite grandement les choses.

Les compléments alimentaires

Ici, on ne pourra pas remplacer le traitement médical.

Cependant, les bienfaits des plantes pourront permettre d’espacer les crises et d’atténuer la gêne respiratoire, toujours dans l’idée de diminuer au maximum les traitements médicamenteux.

Il en existe beaucoup, en général à base de plantes aux effets anti-inflammatoire sur le système respiratoire et anti-tussives comme l’eucalyptus, et de vitamine C, qui permet de fluidifier les sécrétions.

Pour conclure :

Les pathologies respiratoires chroniques sont très fréquentes chez le cheval et évoluent souvent en emphysème accompagné d’insuffisance respiratoire. Cependant, ce n’est plus une fatalité. Vous pouvez faire beaucoup pour améliorer le confort quotidien de votre cheval.

Certes, il s’agit parfois d’un effort financier important, notamment lorsqu’on envisage l’achat d’un purificateur de foin, mais il s’agit d’un véritable investissement sur le long terme pour la santé de votre compagnon.

Article rédigé par P. Cantet, vétérinaire équin

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