Le Gattilier : ses bienfaits pour le cheval

Originaire d’Italie et de Grèce, le gattilier est un arbre aromatique, aux petites fleurs bleuâtres à violacées, et aux fruits rouges et jaunes, dégageant une odeur épicée et poivrée. Son nom de « poivre des moines » provient de cette odeur particulière mais également des propriétés étonnantes de cette plante, agissant sur le système endocrinien et réputée pour ses vertus anaphrodisiaques. C’est dans ce but que les moines utilisaient le gattilier, pour favoriser la chasteté !

En phytothérapie, on utilise les fruits (baies), les partie aériennes de la plante ou encore les feuilles.

En médecine humaine, le gattilier est utilisé également pour les femmes, en vue de réduire les symptômes associés au syndrome pré-menstruel, telle que l’irritabilité, les changements d’humeur, les douleurs abdominales, les migraines ou les douleurs mammaires.

Le gattilier, quelles propriétés pour quelle utilité chez le cheval ?

La composition du gattilier est à l’origine de ses propriétés particulières. En effet, ses fruits sont riches en composés actifs et précurseurs stéroïdiens agissant au niveau cérébral et plus particulièrement sur le système hypothalamo-hypophysaire.

Le gattilier est riche en flavonoïdes (dont la casticine, et la vitexine), et en iridoïdes (dont l’agnuside) lui conférant notamment un effet progestérone-like et dopaminergique, particulièrement utile dans la régulation des troubles hormonaux de la jument, La progestérone ayant un effet apaisant et calmant.

Il contient également des iridoïdes possédant un effet antispasmodique, qui permet de diminuer les crampes abdominales du cheval.

Le gattilier est également utilisé comme stabilisateur de l’humeur, et contribuerait à diminuer les syndromes dépressifs et l’anxiété. Ce dernier point peut s’avérer très utile pour les juments dites « pisseuses », présentant un tempérament instable durant les chaleurs, ou sujettes à l’angoisse.

L’action anaphrodisiaque du gattilier peut également s’avérer particulièrement utile pour apaiser certains étalons, en diminuant les comportements sexuels, les rendant ainsi plus concentrés et disponibles au travail.

Syndrome de cushing et gattilier

Le syndrome de cushing chez le cheval est causé par une dégénérescence des neurones dopaminergiques, et donc une baisse des concentrations de dopamine dans l’organisme.

Le gattilier ayant un effet dopaminergique, de plus en plus d’études s’intéressent à son intérêt potentiel comme alternative aux traitements médicamenteux chez les chevaux atteints de la maladie de cushing.

La maladie de cushing des chevaux présente des similitudes avec la maladie de parkinson chez les humains, causée également par un déficit en dopamine, et les recherches chez le cheval découlent des découvertes effectuées en médecine humaine.

Le gattilier aurait également des propriétés neuroprotectrices qui s’avèrent intéressantes tant pour parkinson que pour cushing, en limitant potentiellement la dégénérescence des neurones et ainsi en ralentissant l’évolution de la maladie chez le cheval.

etudeDans une étude menée par Self & al, en 2007, 25 chevaux et poneys atteints du syndrome de Cushing ont été traités avec du gattilier durant 3 mois.

L’étude s’est appuyée sur des sondages réalisés auprès des propriétaires et sur des photos avant/après pour déterminer la réponse des chevaux aux traitements.

Les propriétaires ont rapporté les améliorations suivantes pour les chevaux ayant reçu le traitement à base de gattilier :

  • Amélioration de la qualité du pelage,
  • Amélioration des niveaux d’énergie,
  • Amélioration de l’humeur,
  • Diminution des épisodes de fourbure,
  • Réduction des dépôts adipeux anormaux (abdomen, crête nuccale, etc..).
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D’autres études de petites tailles, ont été réalisées et ont également montré une amélioration des symptômes chez les chevaux atteints de cushing, mais l’effectif étudié à chaque fois était de petite taille et ne permettait pas de prouver statistiquement et scientifiquement l’effet du gattilier chez le cheval dans le cadre du syndrome de cushing.

Dans le futur, des études seront surement menées à ce sujet, compte tenu des premières réponses encourageantes.

medicamentPour l’instant, seul le pergolide (PRASCEND NDV) dispose d’une AMM dans le cadre du traitement médicamenteux de la maladie de cushing, et le gattilier ne doit pas se substituer au traitement sans avis vétérinaire.

Gattilier et stabilisation de l’humeur : une aide pour les jument « pisseuses » et les étalons

Les chaleurs peuvent induire chez la jument des modifications comportementales, de l’agressivité, des douleurs abdominales ou dorsales, qui sont tout d’abord peu confortables pour elles et également pour leur cavalier qui bien souvent a beaucoup de mal à obtenir leur concentration au travail.

Chez les rats et d’autres animaux, il a été démontré que l’extrait de gattilier stimule les récepteurs de la dopamine, augmentant ainsi l’activité des neurones dopaminergiques (Ahangarpour, & al, 2016)

Ceci a pour effet de diminuer la sécrétion de prolactine par l’hypophyse. La prolactine est une hormone impliquée dans la lactation, mais elle a également beaucoup d’autres fonctions dans l’organisme.

La diminution de l’activité de la prolactine entraîne une augmentation de la production de l’hormone lutéinisante (LH) par les ovaires ainsi qu’une augmentation des niveaux de l’hormone folliculostimulante (FSH). Des niveaux plus élevés de FSH induisent ensuite une augmentation des niveaux de progestérone. L’effet calmant sur les juments difficiles est probablement lié à ce changement vers des niveaux plus élevés de progestérone.

Le gattilier, grâce à son effet « progestérone-like », met sur pause le cycle ovarien et procure un effet apaisant à la jument. C’est également l’effet recherché lorsque l’on administre du REGUMATE NDv aux juments, qui est un progestatif de synthèse, mais qui peut s’avérer rapidement coûteux sur le long terme.

Ainsi le gattilier pourrait offrir une solution naturelle pour limiter l’anxiété, les crampes, et les douleurs de ces juments.

Chez les souris mâles, l’extrait de gattilier a provoqué une diminution des concentrations de LH, ce qui a induit une diminution des niveaux de testostérone. Ainsi le gattilier pourrait permettre de calmer les étalons sexuellement actifs via cette diminution du taux de testostérone (Nasri & al, 2007).

Gattilier chez le cheval : comment l’utiliser ?

Peu d’études scientifiques permettent de savoir précisément la dose efficace du gattilier chez le cheval, bien souvent, ce sont des dosages empiriques, basés sur les résultats obtenus aux doses indiquées.

Chaque fabricant possède sa propre composition et vous donnera les posologies à employer, certains produits étant plus concentrés que d’autres.

En général, les doses avoisinent les 5 à 20 grammes par jour de baies de gattilier pures (séchées et moulues).

Avant d’utiliser le gattilier, notamment dans le cadre de syndrome de cushing demandez conseil à votre vétérinaire, surtout si le cheval reçoit déjà du pergolide, car des interactions médicamenteuses sont possibles.

Bibliographie :

  • Ahangarpour, Akram et al. Effects of Vitex agnus-castus fruit on sex hormones and antioxidant indices in a d-galactose-induced aging female mouse model. J Chinese Med Assoc. 2016.
  • Nasri, Sima et al. The effects of Vitex agnus castus extract and its interaction with dopaminergic system on LH and testosterone in male mice. Pak J Biol Sci. 2007.
  • Self, H. 2003. Equine Cushing’s disease results. In: Wynn, S.G. & Fougère, B.J. 2007. Veterinary herbal medicine, 510-512. Mosby Elsevier; St. Louis, Missouri.
  • Beech, Jill et al. Comparison of Vitex agnus castus Extract and Pergolide in Treatment of Equine Cushing’s Syndrome. Medicine II. 2001.

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