Myopathie atypique du cheval
Maladie saisonnière et soudaine, la myopathie atypique résulte d’une intoxication végétale du cheval. Celle-ci est mortelle dans 3 cas sur 4 et est très douloureuse pour l’animal. Elle se caractérise principalement par une coloration rougeâtre des urines associée à une destruction musculaire massive.
Apparue en France dans les années 80, il n’existe à l’heure actuelle pour cette maladie aucun antidote efficace. C’est pourquoi son pronostic est toujours réservé, ou mauvais, et qu’il faut avant tout apprendre à reconnaitre les signes précoces et prévenir l’exposition du cheval.
Reconnaitre les signes cliniques de la myopathie atypique
Les signes cliniques associés à la myopathie atypique des équidés apparaissent de manière soudaine, au printemps ou à l’automne. Les chevaux touchés sont des chevaux au pâturage.
Certaines régions sont particulièrement concernées : les Hauts de France, la Picardie, la Normandie, la Champagne-Ardenne, la Lorraine et l’Ile de France, ainsi que la Belgique et le Luxembourg.
Vous pourrez notamment suspecter cette pathologie si votre cheval :
Par ailleurs la plupart du temps, le cheval garde de l’appétit, voire mange en plus grande quantité.
On pourra parfois observer d’autres signes cliniques, notamment l’hypothermie chez un cheval sur trois, mais aussi des coliques ou des troubles respiratoires.
Enfin, si plusieurs chevaux pâturent sur la même parcelle de terrain qu’un cheval atteint, ils sont particulièrement à risque d’être intoxiqués : il faut redoubler de vigilance concernant ces chevaux, voire les rentrer ou les complémenter.
En effet, cette maladie est fatale dans 75% des cas dans les 48 à 72 heures suivant le début des symptômes.
Les chevaux qui restent debout ont de meilleures chances de survie.
La précocité du diagnostic est donc primordiale pour augmenter les chances du cheval.
Comprendre les causes de l’intoxication
Le cheval contracte la myopathie atypique en ingérant une toxine.
Celle-ci est présente dans les samares (graines) et plantules des érables sycomores (France, Belgique) et negundo (US), et est extrêmement toxique.
A l’inverse, certains érables seront inoffensifs. Il est donc important d’apprendre à reconnaitre : l’érable champêtre, l’érable plane ou encore le frêne commun qui possède lui aussi des samares.
Concernant la contamination, deux saisons seront à prendre en compte particulièrement :


Erable Sycomore
- L’automne : c’est la période où l’on retrouvera le plus de samares au sol. Les journées venteuses seront notamment propices à leur dispersion, parfois à plusieurs kilomètres de l’arbre d’origine.
- Le printemps : les samares ayant été dispersées, leur germination se fera à l’arrivée des beaux jours. Les petites plantules sont alors tout aussi toxiques que les graines dont elles sont issues. De même, la météo joue un rôle important dans la mécanique de la contamination, l’humidité favorisant l’épandage de la toxine.
Mieux comprendre la myopathie atypique du cheval…
Lorsque le cheval ingère la plantule ou la graine toxique, il ingère une molécule bien particulière : l’hypoglycine A.
Cette molécule est dégradée par l’organisme et vient perturber le métabolisme et le transport des lipides : les cellules musculaires sont alors incapables de les utiliser. L’absence de ce substrat énergétique essentiel provoque la destruction soudaine et massive de groupes de muscles essentiels : ceux de la posture, de la respiration et du cœur.
Le traitement de la myopathie atypique du cheval
En attendant le vétérinaire
Il est possible d’agir en attendant la venue du vétérinaire si celui-ci ne peut se déplacer dans l’urgence.
- La présence éventuelle d’une hypothermie (si la température descend en dessous de 37°C),
- L’appétit ou encore la présence de jetage.
- La transpiration (on pourra alors sécher le cheval avec de la paille),
Si l’animal présente un appétit conservé mais déglutit avec difficulté, on pourra donner de l’eau sucrée, du foin à volonté et de petites fractions de concentrés.
Enfin, le vétérinaire fera principalement le diagnostic de la maladie sur analyse urinaire. Vous pouvez donc récolter de l’urine avant son arrivée si cela est possible.
La myopathie atypique du cheval est une maladie pour laquelle aucun traitement spécifique n’existe.
C’est pourquoi, la prise en charge par le vétérinaire sera uniquement palliative. Néanmoins, un diagnostic précoce et un traitement de soutien de choc permettront parfois d’aider le cheval à lutter contre la toxine.
Le traitement de soutien consiste à :
- Administrer des antalgiques pour lutter contre la douleur
- Mettre le cheval sous perfusion pour rétablir un taux d’hydratation et un équilibre ionique physiologiques, ainsi que soutenir les reins.
- Sonder la vessie du cheval. En effet, on observe fréquemment une rétention urinaire, or l’élimination de la toxine se fait par voie urinaire. Il est donc primordial de s’assurer de la vidange de la vessie, pour aider le cheval à éliminer et préserver les reins
- De plus, de nouvelles études soulignent une certaine efficacité de la carnitine administrée par voie orale pour faciliter cette excrétion.
Enfin, un cocktail vitaminé (Vitamines B12, E et sélénium) est indiqué pour soutenir les efforts métaboliques du cheval.
Mesures de prévention contre la myopathie atypique du cheval
Puisqu’aucun antidote n’existe à l’heure actuelle, la principale ligne directive en ce qui concerne la myopathie atypique reste la prévention. C’est pourquoi, il est conseillé d’être particulièrement vigilant lors des périodes à risque (automne et printemps) :

Si l’animal concerné partage le pré avec d’autres chevaux, il est aussi très important de prévenir les autres propriétaires du risque encouru.
Pour conclure :
La myopathie atypique est une maladie certes rare, mais qui sera fatale au cheval dans 75% des cas. Le mot d’ordre est ici de prévenir. Un certain nombre de mesures simples mais néanmoins contraignantes peuvent éviter à votre cheval une éventuelle contamination comme une surveillance des prés et végétations aux alentours et un contrôle des zones humides ou des abreuvoirs.
Aucun antidote n’existe à l’heure actuelle et le traitement administré par le vétérinaire permettra uniquement de soutenir l’animal dans sa lutte contre la toxine. Les cas d’intoxication a augmenté ces dix dernières années. C’est pourquoi il est important de s’informer et de déclarer la maladie si votre cheval en est la victime. Cette démarche peut se réaliser facilement par vous ou votre vétérinaire sur le site internet du RESPE (Réseau d’Epidémio-Surveillance en Pathologie Equine) ou sur le site internet de l’Université de Liège (Belgique) qui gère le réseau d’alerte de la Myopathie atypique (AMAG ou Atypical Myopathy Alert Group).
Si vous avez connaissance d’un cas, remplissez ce questionnaire ou transmettez le au propriétaire si ce n’est pas vous :
http://labos.ulg.ac.be/myopathie-atypique/questionnaire-proprietaire/
Il est primordial de continuer à faire fonctionner le réseau de surveillance pour alerter les autres propriétaires de chevaux à proximité.
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Références :
- Combes, Louise. « Bilans clinique, épidémiologique et étiologique de la myopathie atypique du cheval de pré ». Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, 2010.
- Ifce. « Myopathie Atypique ». equipaedia, s. d.
- http://www.respe.net/