Suros chez le cheval

Les suros sont une affection fréquente chez le cheval. Ils font partie de ce qu’on appelle aussi « tare dure » et sont généralement facilement identifiés par le propriétaire. Mais quels mécanismes sont à l’origine de leur apparition et de leur développement plus ou moins important ? Font-il boiter le cheval et pourquoi ? Comment réagir face à un suros pour limiter son évolution ?

Comment reconnaître un suros chez le cheval et comment se forme-t-il ?

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Les suros, au sens large, désignent une bosse dure palpable sur le côté du canon.

Ils peuvent être situés en interne comme en externe, sur les antérieurs ou postérieurs du cheval.

La localisation préférentielle est cependant la face interne des antérieurs du cheval.

Un peu d’anatomie 🙂

Au niveau de la région appelée communément « canon », on retrouve :

  • L’os métacarpien (métatarsien sur les postérieurs) principal

  • Les os métacarpiens (-tarsiens) rudimentaires médial et latéral de part et d’autre du principal.

  • Le ligament suspenseur du boulet, qui s’insère en haut de l’os principal et descend juste en arrière des rudimentaires avant de se diviser en deux au dessus du boulet.

  • Les tendons fléchisseurs superficiel et profond.

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Le suros correspond à une prolifération osseuse qui peut avoir plusieurs origines.

Suite à un traumatisme

C’est la cause la plus fréquemment évoquée. Il peut s’agir d’un coup donné par un autre cheval. Mais en face interne, ce sont souvent des atteintes faites avec le membre opposé.

Le choc peut concerner l’os rudimentaire ou principal. Cela provoque une inflammation du périoste (la partie superficielle de l’os) et la formation d’un cal osseux plus ou moins développé.

Suite à une lésion du ligament interosseux entre le métacarpien principal et rudimentaire, entrainant une calcification. 

Celle-ci peut être la conséquence d’un défaut d’aplomb ou d’une élongation, même si ce ligament se calcifie naturellement avec l’âge.

Dans certains cas traumatiques, le choc peut aller jusqu’à provoquer la fracture de l’os rudimentaire. Celle-ci pourra donner un suros important mais ce n’est pas systématique si elle est prise en charge de manière adaptée.

Un examen radiographique est de manière générale fortement recommandé pour objectiver les suros. En effet, parfois, malgré une déformation externe importante, la prolifération osseuse est discrète. De plus cela permettra de juger de l’ancienneté et de la stabilité du suros.

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Pourquoi certains suros font-il boiter le cheval ?

Les suros ne font généralement pas ou peu boiter le cheval.

L’apparition d’un suros est liée à un processus inflammatoire, qu’il soit d’origine traumatique ou non.

On peut donc avoir une boiterie, d’intensité discrète à modérée, au moment de l’apparition du suros. En cas de boiterie sévère, les examens complémentaires permettront de rechercher une éventuelle autre cause.

Une fois la phase aiguë passée, la boiterie du cheval disparaît normalement totalement. Cependant, parfois une boiterie persiste. Elle peut être continue ou intermittente, et n’est pas forcément proportionnelle à la taille du suros.

Au contact direct des os métacarpiens (-tarsiens), on trouve le ligament suspenseur du boulet.

Selon la localisation du suros, celui-ci peut provoquer un frottement sur les fibres du ligament suspenseur, dont le rôle est primordial dans la locomotion du cheval.

Les lésions de ce ligament (ou desmites du ligament suspenseur du boulet) sont une cause fréquente de boiterie chez le cheval.

Le frottement du suros provoque une inflammation qui va s’aggraver avec le travail. La desmite du ligament suspenseur pourra se soigner avec le repos car le frottement diminuera. La boiterie apparaît donc généralement après la reprise du travail, de manière insidieuse.

Elle s’aggrave avec le temps, s’améliore avec le repos et récidive dès que l’activité physique s’intensifie.

  • C’est donc vraiment l’emplacement du suros qui va être déterminant sur le pronostic sportif du cheval.

Ce n’est pas une science exacte, mais on peut considérer que plus le suros est bas (distal, proche du boulet) et en arrière (vers les tendons), plus le risque de boiterie secondaire est élevé.

Cependant, pour une même localisation, plus la déformation osseuse va être importante, plus le risque de boiterie augmente. Le suivi radiographique est d’autant plus important que la déformation externe n’est pas toujours proportionnelle à celle de l’os.

Quels traitements pour les suros chez le cheval ?

Plus le suros sera pris en charge précocement, plus on aura de chances de limiter son évolution. En effet, la priorité c’est de le stabiliser afin d’éviter une prolifération osseuse trop importante et donc un frottement sur le suspenseur.

Généralement, au stade précoce, le membre présente une bosse avec un aspect type « suros » mais à la radiographie l’os n’est pas encore déformé. Seuls les tissus mous sont inflammés et gonflés. L’os réagit plus tardivement mais évolue pendant plus longtemps.

Il est donc primordial de prévenir l’apparition du suros, même si la radiographie ne montre pas de déformation osseuse.

Le traitement du suros passe généralement par l’administration d’anti-inflammatoire par voie générale et/ou locale et par une période de repos.

Si cela ne suffit pas, d’autres techniques peuvent être envisagées. La cryothérapie montre de bons résultats, mais présente l’inconvénient de laisser sa marque car le poil repousse blanc. Elle stabilise le suros mais ne le fait pas régresser.

La chirurgie est généralement le dernier recours, le risque de récidive reste élevé. Elle consiste à cureter l’os en excès, mais parfois l’os restant réagit de façon disproportionnée, recréant un suros en cicatrisant.

En cas de suros lié à un défaut d’aplomb et à une surcharge d’un côté du membre, la maréchalerie constitue l’essentiel du traitement. En soulageant la paroi interne et en favorisant l’appui en externe, le développement de suros en interne diminue nettement.

Pour conclure : 

Les suros, déformations dures du canon, sont des atteintes très fréquentes chez le cheval. Généralement sans gravité, ils sont bien tolérés et ne provoquent pas de boiterie une fois stabilisés dans la majorité des cas. Cependant, certains suros mal placés ou particulièrement exubérants, peuvent provoquer des boiteries chroniques difficiles à soigner. Il est donc important de ne pas les prendre à la légère. Une prise en charge précoce et adaptée est recommandée.

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