Dents du cheval : fonctionnement et entretien

La bouche et les dents du cheval sont le premier outil de sa digestion. Elles permettent la préhension des aliments, leur mastication, indispensables à une bonne assimilation. Les problèmes dentaires sont une des premières causes d’amaigrissement chez le cheval. De plus, les douleurs dentaires peuvent également provoquer une gêne ou des défenses au travail. Il est important de comprendre le fonctionnement de la bouche du cheval pour mieux appréhender les problèmes qui y sont liés et l’entretien nécessaire.

Anatomie de la bouche du cheval et fonctionnement de la table dentaire

Le cheval est un herbivore, avec un seul petit estomac. Sa digestion se fait petit à petit, sans rumination. Cela correspond à son régime alimentaire naturel, qui consiste à brouter entre 15 et 20h par jour, avec une mastication très lente.

anatomie bouche cheval

Credit photo : Equi-dentiste Clotilde Noirault

Sa mâchoire est adaptée à ce type d’alimentation, avec :

  • 12 incisives pour couper l’herbe à ras,

  • 12 prémolaires et 12 molaires pour broyer les aliments.

  • En option :

  • 4 crochets chez les mâles (et certaines juments),

  • Les « dents de loup », de très petite taille, elles sont situées juste avant la première prémolaire supérieure, ce sont des vestiges d’une prémolaire supplémentaire. Certains chevaux en ont deux (une à droite et une à gauche), d’autres une seule ou zéro. Elles sont traditionnellement retirées avant le débourrage car elles peuvent être sensibles au contact du mors de par leur petite taille.

  • Les « dents de cochon », plus rares, c’est l’équivalent des dents de loup sur la mâchoire inférieure.

Elles sont également réparties entre les mâchoires supérieure (maxillaire) et inférieure (mandibule), avec un espace important entre les incisives et les prémolaires, ce sont les « barres ».

Les dents poussent en continu (sauf les crochets) et s’usent petit à petit par les mouvements de mastication.

Les poulains ont des dents de lait, qui sortent dès la première semaine de vie. Elles sont progressivement remplacées entre 1 et 5 ans.

En plus des dents, les autres organes de la bouche sont indispensables à la prise alimentaire chez le cheval.

  • Les lèvres, munies de vibrisses, permettent la détection et la saisie des aliments.
  • La langue, muscle puissant, participe au tri des aliments et à leur déplacement dans la bouche du cheval. Les aliments refusés sont évacués au niveau des barres.
  • Les muscles masticatoires sont puissants et relient les mâchoires pour un broyage efficace des aliments.
  • La salive est sécrétée en abondance par les glandes salivaires pour humidifier et améliorer la digestion des aliments.

Problèmes dentaires fréquents chez le cheval

La mâchoire du cheval est parfaitement adaptée à son mode de vie à l’état naturel.

Malheureusement, peu de chevaux ont un mode de vie et une alimentation qui s’en rapprochent réellement à l’heure actuelle.

Au lieu de brouter plus de 12h par jour, ils reçoivent généralement une ration de foin et d’aliment concentré.

Or, il faut savoir qu’un kilogramme de foin est consommé en 40 minutes environ, soit entre 6 et 7h de mastication pour 10kg de foin (ce qui est supérieur à la plupart des rations distribuées).

Le concentré est mastiqué au moins deux fois plus rapidement que le foin.

L’usure des dents du cheval a donc tendance à se faire moins bien et moins régulièrement.

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Credit photo : Horsedental

On observe généralement l’apparition de surdents, localisées classiquement à l’extérieur des prémolaires et molaires supérieures et à l’intérieur des prémolaires et molaires inférieures.

D’autres facteurs favorisent les problèmes dentaires chez le cheval :

  • Une mauvaise conformation des mâchoires

Le cheval peut être bégu, c’est à dire que la mâchoire supérieure est plus avancée que la mâchoire inférieure, ou plus rarement prognathe (c’est l’inverse).

L’usure des dents du cheval est alors inégale en raison de la mauvaise occlusion. La première prémolaire supérieure et la dernière molaire inférieure d’un cheval bégu risquent de présenter une pointe car elles n’ont pas de dent opposée permettant un frottement régulier.

  • Le vieillissement

Le cheval âgé est plus sujet aux problèmes dentaires.

Tout d’abord parce que les inégalités d’usure vont s’accentuer tout au long de sa vie si l’entretien de la bouche n’est pas fait régulièrement.

Ensuite, parce qu’il peut perdre une dent, à la faveur d’une infection, d’un traumatisme, ou parfois simplement parce qu’elle est en fin de pousse. La dent correspondant sur la mâchoire opposée ne va alors plus s’user correctement et risque de pousser de manière exagérée, provoquant une marche importante sur la table dentaire.

  • Certains signes doivent vous alerter sur un potentiel problème dentaire :

  • Votre cheval mange particulièrement lentement,
  • Il recrache de petites boulettes de fourrage en mangeant,
  • Il présente des défenses à la main lors du travail,
  • Ses crottins contiennent des grains entiers ou des fibres très longues,
  • Il perd de l’état ou est déjà maigre,
  • Sa bouche sent mauvais et/ou il a tendance à stocker des aliments dans ses joues (il fait « magasin »).

Entretien dentaire chez le cheval

L’examen de la bouche du cheval et son entretien sont à réserver à un professionnel, qui utilisera un pas-d’âne pour la maintenir ouverte de manière sécuritaire.

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Credit photo : Equipedia

En effet, si vous pouvez lui entrouvrir la bouche pour regarder l’intérieur en attrapant sa langue, nous vous déconseillons formellement d’en profiter pour y glisser la main.

Les dégâts des molaires du cheval peuvent être très sévères et de plus, il faut avoir déjà palpé la bouche d’un cheval pour savoir ce que l’on cherche.

Un examen annuel de la bouche est recommandé pour la plupart des chevaux.

Le râpage dentaire (qui consiste à limer les surdents éventuelles) n’est pas forcément nécessaire tous les ans, mais il vaut mieux faire vérifier la bouche plutôt que d’attendre un an de plus si le cheval en a besoin.

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Credit photo : Veterinaire Vaucouleurs

L’examen et le râpage dentaire, ainsi que l’extraction des dents de loup et des dents de lait peuvent être réalisés par un vétérinaire équin ou par un technicien dentaire (« dentiste ») équin.

Cependant, lorsqu’une sédation ou une anesthésie locale sont nécessaires, seul le vétérinaire est autorisé à les pratiquer.

Tous les autres actes de dentisterie équine ne peuvent être réalisés que par un vétérinaire (notamment l’extraction d’une prémolaire ou d’une molaire, qui est un acte chirurgical complexe).

Le râpage dentaire a pour but de supprimer les surdents ou pointes d’émail blessant la bouche du cheval pour lui redonner du confort. Il ne doit pas être trop invasif, au risque de gêner la mastication du cheval, qui a besoin d’un minimum de relief dentaire pour broyer les aliments. Le cheval ne doit pas montrer de signe d’inconfort après les soins.

La plupart des professionnels utilisent une râpe électrique, plus efficace et rapide qu’une râpe manuelle mais aussi plus bruyante et impressionnante pour le cheval et son propriétaire. La sédation peut s’avérer nécessaire, non pas parce que les soins sont douloureux mais parce que le cheval peut être effrayé et que le râpage ne peut s’effectuer s’il est trop agité.

L’entretien de la bouche du cheval fait partie des soins indispensables à lui procurer, au même titre que les soins des pieds ou la visite vétérinaire annuelle.

Cependant, c’est encore trop souvent négligé, sans doute car les signes de gêne sont parfois discrets et qu’à la différence d’un sabot fissuré, une surdent ne se voit pas ! Les propriétaires sont souvent surpris de découvrir les plaies que le cheval peut avoir dans la bouche.

Sur un cheval vieillissant, il est pourtant plus facile de le garder en état avec des soins réguliers et une alimentation adaptée que de le faire regrossir une fois qu’il a maigri. Quant au cheval au travail, le mors doit être un outil de communication délicat et non une source de douleur en raison d’une bouche fragilisée.

Article rédigé par P. Cantet, vétérinaire équin

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