Entretenir les sabots du cheval : le guide pratique
Comme le rappelle le célèbre adage « pas de pied, pas de cheval », l’entretien des sabots du cheval est indispensable pour éviter l’apparition de boiterie, surveiller la présence de corps étrangers coincés dans la fourchette (cailloux, clous, etc..) et s’assurer d’avoir un cheval en bonne santé.
Etapes indispensables pour entretenir correctement les pieds de votre cheval
Soins des pieds quotidiens, effectués par le cavalier / propriétaire
Les pieds de votre cheval doivent être curés avant et après l’exercice, surtout après une ballade en extérieur où le cheval a pu marcher sur des cailloux, ou se coincer des corps étrangers dans la fourchette.
L’idéal est d’utiliser un cure pieds muni de petites brosses afin de bien dégager la fourchette et s’assurer que le pied est intact. C’est aussi l’occasion de vérifier que les pieds ne sont pas chauds et que le sabot ne présente pas de fissure (seime).
Contrairement aux idées reçues, le pied du cheval a avant tout besoin d’être hydraté.
Par conséquent, l’application de graisse au quotidien est plutôt une mauvaise idée.
Il est préférable de doucher les pieds, avant d’appliquer la graisse pour permettre à l’eau de rester au contact de la boite cornée et ainsi favoriser l’hydratation en profondeur du pied. L’huile assouplit la corne, mais c’est un corps gras, elle ne peut donc pas hydrater le pied.
De même, si on douche après avoir graissé comme cela est souvent conseillé, le corps gras étant hydrophobe par nature, il empêche l’eau d’arriver au contact du sabot !
A l’inverse, lorsque les pâtures sont humides et que les pieds pataugent dans la boue toute la journée, l’application d’huile ou de corps gras sur un sabot sec peut permettre au pied d’éviter la macération.
Lorsque le temps est chaud et sec, l’application d’un baume, plutôt hydrophile est à privilégier aux corps gras pour éviter la déshydratation et la fragilisation du pied.
En résumé :
- En été : Douche puis application d’un baume sur le sabot (objectif garder l’hydratation au contact du pied).
- En hiver : application de graisse ou d’huile contenant éventuellement de la liqueur de villate, un produit très efficace permettant de raffermir le pied, de l’assécher et d’éviter la macération et la pourriture des fourchettes.
1. Curer le pied : brosser la fourchette
2. Doucher pour hydrater (sauf en hiver)
3. Appliquer un baume hydratant l’été ou de la graisse +/- liqueur de villate l’hiver
Soins des pieds effectués par un professionnel : le parage et la ferrure
La corne du pied du cheval pousse en continu et son usure dépend du type de sol sur lequel évolue le cheval, et de son activité.
En conditions naturelles, les chevaux sont amenés à parcourir de grandes distances afin de se nourrir. Ils rencontrent des sols variés, plus ou moins abrasifs (herbe, cailloux, terre, etc..) avec des dénivelés.
L’usure de leur corne est donc plus importante et uniforme que pour les chevaux vivant au box par exemple et travaillant uniquement sur des sols souples ou peu abrasifs.
C’est pourquoi il est indispensable de faire intervenir régulièrement le professionnel du sabot du cheval : le maréchal ferrant.
Il n’est pas obligé de poser des fers lors de sa venue, il peut également effectuer un parage simple.
A l’inverse, les pareurs, eux ne sont pas habilités à poser des fers et n’effectuent que des parages.
Le parage
Cette étape consiste à retirer l’excédent de corne et restaurer une forme optimale pour le pied.
C’est aussi l’occasion de vérifier les aplombs du cheval et de les rectifier si besoin (exemple : usure trop importante du sabot en face interne versus externe, conduisant à un défaut d’aplomb)
Lors du parage, le maréchal peut également sonder le pied à l’aide d’une pince de façon à s’assurer qu’il n’y a pas d’abcès dans le pied.
La ferrure du cheval
Certains chevaux ont besoin d’une ferrure, soit parce que leur activité l’impose, soit parce qu’ils présentent des défauts d’aplomb ou des lésions tendineuses qui nécessitent des « chaussures orthopédiques ».
Dans ce cas, le maréchal peut suivre une prescription vétérinaire pour choisir le type de ferrure orthopédique adaptée, ou si le cheval n’a pas de problème particulier, il peut créer le fer sur mesure à la forme du pied.
Les chevaux peuvent être ferrés des 4 pieds, ou uniquement des antérieurs notamment pour les chevaux vivant au pré en troupeau afin d’éviter les accidents lors de coup de pieds.
A quelle fréquence doit-on faire venir le maréchal ferrant ?
Cela dépend de la vitesse de pousse de corne de chaque cheval, mais en général cette dernière pousse environ d’1 cm par mois.
Pour éviter que le pied ne change d’axe et que la pousse excessive n’induise des changements d’aplomb, des boiteries ou que la corne ne casse, le maréchal vient toutes les 4 à 6 semaines pour changer les fers, et toutes les 6 à 8 semaines pour les chevaux non ferrés vivant au pré.
Santé des sabots du cheval : les choses à surveiller
Surveiller et entretenir régulièrement les pieds du cheval est aussi l’occasion de vérifier l’absence de blessures ou de lésions.
Certains signes doivent vous alerter : un pied chaud, une boiterie soudaine et importante, cela peut être simplement un fer manquant, mais également un abcès de pied, un début de fourbure ou une atteinte des tendons et des ligaments.
Le pied chaud chez le cheval
Vous pouvez comparer les pieds entre eux pour voir si un des pieds du cheval est chaud, ou si plusieurs pieds sont chauds.
Quand vous posez la main sur le sabot, normalement il apparait frais ou tiède car sa température est inférieure à celle de votre main.
Si vous ressentez de la chaleur, ce n’est pas normal.
Si le pied du cheval est chaud et que le cheval présente une boiterie franche, voire une suppression d’appui, appelez votre vétérinaire ou votre maréchal pour vérifier l’absence d’abcès ou une éventuelle fourbure.
Un clou mal placé lors de la ferrure peut conduire à une chaleur du pied, de la douleur et éventuellement un abcès de pied.
L’abcès de pied
Un autre adage dit souvent « cheval au pré, abcès de pied », en effet, au pré, notamment en hiver, avec l’humidité, le pied peut macérer, la fourchette et la sole deviennent plus perméables.
Si le cheval marche sur un caillou ou un autre corps étranger, cela peut permettre à des bactéries de rentrer dans le sabot qui est normalement étanche.
Un abcès se développe alors et c’est très douloureux pour le cheval. Le pied est alors très chaud et le cheval présente une boiterie soudaine, très importante, pouvant aller jusqu’à la suppression d’appui.
Le maréchal ferrant peut intervenir, sonder le pied pour localiser au plus près l’abcès et ouvrir la corne pour permettre au pus de s’évacuer. Une fois l’abcès drainé, le pied est emballé dans un pansement antiseptique pendant quelques jours pour éviter que d’autres germes ne remontent par l’ouverture.
A l’inverse, si l’abcès n’est pas encore assez mûr pour être drainé, il est possible d’effectuer des pansements humides, à base de graine de lin par exemple, pour ramollir la corne, faire murir l’abcès et permettre ensuite de le drainer.
A lire aussi : Les abcès de pied chez le cheval
La fourbure
La fourbure est une inflammation générale de la boite cornée, particulièrement douloureuse et pouvant laisser de graves séquelles au cheval. Il convient de la détecter le plus précocement possible.
Les chevaux fourbus ont souvent une position typique, campée, avec un report de poids sur les postérieurs (lorsque les antérieurs sont touchés), permettant de soulager les antérieurs en limitant le poids dessus.
Parfois, ils restent couchés lorsqu’ils ne parviennent plus à rester debout à cause de la douleur. Les pieds fourbus sont également chauds, avec un pouls digité frappé perceptible au niveau du paturon ou du boulet.
Il s’agit d’une urgence vétérinaire, il faut donc l’appeler le plus rapidement possible si vous observez ces signes.
A lire aussi : La foubure chez le cheval
Autres affections du pied chez le cheval
Le pied du cheval peut être atteint par d’autres affections, comme des bleimes (contusion de la sole pouvant évoluer en hématome ou abcès), des maladies de la fourchette (pourriture, infections (crapaud), etc..), des blessures (clous de rue), ou des tumeurs (kératome).
Dans tous les cas, si vous observez une anomalie sur le pied du cheval, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire ou votre maréchal ferrant.
Conclusion:
L’hygiène et les soins quotidiens apportés au pied du cheval sont essentiels pour son bien-être et pour éviter l’apparition de boiterie mais ils permettent également d’être attentif à toute anomalie, et ainsi de pouvoir réagir rapidement en cas de blessures.
