Gérer la fin de vie de son cheval

Au-delà des urgences, certaines pathologies chroniques du vieux cheval, peuvent conduire à l’euthanasie du cheval lorsque la douleur n’est plus traitable et que son confort de vie est gravement altéré.

L’euthanasie est avant tout un acte éthique, permettant de préserver la dignité des animaux et de limiter des souffrances inutiles et non traitables. Le vétérinaire ne la propose qu’en dernier recours et jamais pour des motifs de convenance.

Urgences et euthanasie du cheval

L’évolution considérable de la médecine vétérinaire équine permet désormais de prendre en charge des situations qui autrefois étaient considérées comme désespérées et entrainaient systématiquement l’euthanasie.

Les principaux motifs d’euthanasie d’urgence chez le cheval restent les fractures et les coliques, même si d’autres cas particuliers peuvent être rencontrés.

Les fractures 

Désormais, certaines fractures peuvent être opérées, même si la convalescence est toujours longue et éprouvante, et la carrière sportive parfois compromise. Cela permet de sauver certains chevaux.

Malheureusement, certaines fractures chez le cheval sont encore impossibles à prendre en charge, en raison du poids de l’animal et du risque élevé de complications.

Ainsi, les fractures touchant les os longs du cheval (humérus ou fémur), et déplacées, sont difficiles à prendre en charge car l’immobilisation de l’articulation est souvent impossible et donc la cicatrisation l’est également.

On considère actuellement que les chances de survie d’un cheval avec ce type de fractures sont proches de zéro.

Un traitement chirurgical pourrait éventuellement être envisagé sur des poneys de moins de 250kg, avec un pronostic malgré tout très défavorable.

Les fractures du canon, du radius ou du tibia du cheval ont également un faible pronostic de survie, mais la prise en charge peut être discutée au cas par cas avec le chirurgien et le vétérinaire traitant.

Pour être opéré, le cheval doit être emmené en clinique, et le transport représente également un réel danger lors de fractures pouvant compromettre davantage le pronostic.

Les principales complications suite à une prise en charge de fractures sont :

  • les fourbures d’appui, lorsque le cheval reporte tout son poids sur le membre sain
  • les infections (ostéomyélites) suite à des fractures ouvertes par exemple
  • la douleur et le décubitus malgré la prise en charge avec une impossibilité à se déplacer.
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Les coliques

Le terme colique, signifie « douleur abdominale » et regroupe une multitude de causes pouvant être d’origines digestive ou extra-digestive (urinaire, génitale, etc..).

Même s’il s’agit toujours d’une urgence, toutes les coliques ne nécessitent pas de chirurgie et n’entrainent pas forcément l’euthanasie du cheval.

La prise en charge rapide permet justement d’éviter une perte de chance pour le cheval lors de coliques sévères telles que les torsions, les volvulus, les hernies étranglées par exemple.

Lorsque la vascularisation d’une portion du tube digestif est compromise, le chirurgien dispose de 6 heures pour rétablir la perfusion, sinon les organes peuvent nécroser, suivi d’une libération de toxines dans la circulation sanguine, causant une endotoxémie, souvent fatale pour le cheval.

Lorsque l’intestin est déjà nécrosé, le chirurgien peut éventuellement retirer la portion touchée, mais si la nécrose est trop étendue, l’entérectomie n’est plus possible, et l’euthanasie du cheval sera pratiquée en dernier recours.

Après une chirurgie de coliques, le pronostic vital est toujours engagé dans les premières 48 heures, le temps de voir si le transit reprend, si le cheval parvient à s’alimenter sans développer de nouveau des coliques, et afin de s’assurer que le système digestif se remet à fonctionner normalement.

Fin de vie du cheval, quand survivre n’est plus vivre

Tout propriétaire ayant déjà été confronté à la souffrance de son animal, sait combien il est difficile de prendre une décision, entre continuer les soins et mettre un terme à cette peine.

Il s’agit d’un moment douloureux, mais auquel nous sommes tous confrontés un jour, notre souhait étant de leur offrir une vie décente, avec un minimum de douleur et un confort de vie acceptable.

Quand le cheval ne parvient plus à s’alimenter, ou ne présente plus d’appétit, et perd du poids de jour en jour, il est acceptable de se poser cette question.

De même, face à un cheval qui ne parvient plus à se déplacer, reste couché une longue partie de la journée, voire ne se relève plus, il est également judicieux de se demander s’il est temps de soulager sa souffrance.

Cela peut se produire lors de fourbure chronique avec bascule de la 3ème phalange, lors d’arthrose très sévère, lors d’insuffisance rénale très avancée, lors d’asthme équin sévère (emphysème) ne répondant plus aux traitements.

Autant d’affections du cheval âgé qui peuvent conduire à une vraie dégradation de l’état général du cheval et de son confort.

Le bien-être du cheval comporte plusieurs éléments clefs :

  • l’absence de douleur en fait partie,
  • la capacité de se nourrir et d’avoir des interactions sociales de qualité avec ses congénères ou les humains,
  • pouvoir expérimenter des émotions positives et un minimum d’émotions négatives.

Lorsque ces points ne sont plus respectés, on peut considérer que l’animal éprouve de la souffrance et que son confort de vie est largement diminué.

L’euthanasie est un sujet sensible, douloureux, pour autant il s’agit d’une chance, celle de pouvoir éviter de longues périodes de souffrance à son animal, surtout lorsque l’on est convaincu qu’il n’est plus possible de le soulager sur le long terme.

Une discussion avec votre vétérinaire est toujours souhaitable, il est le garant de la santé et du bien-être de votre cheval et saura vous accompagner dans cette décision et vous dire objectivement s’il est encore possible de faire quelque chose ou non.

Le déroulement de l’euthanasie du cheval

Le vétérinaire pourra choisir de commencer par placer un cathéter veineux au cheval, afin d’administrer les médicaments de manière sûre, efficace et rapide.

La première étape, consiste à sédater le cheval, et parfois une anesthésie générale peut être effectuée. Le cheval se couche, il n’est plus conscient, et ne ressent pas de douleur.

La dernière étape consiste à injecter un produit narcotique puissant pouvant être associé à un curarisant, qui va provoquer l’inconscience, suivi d’un arrêt cardio-respiratoire et conduire à la mort du cheval. Des mouvements réflexes peuvent être observés quelques secondes après le décès, c’est tout à fait normal.

Enfin, le vétérinaire constate et vérifie le décès de l’animal.

Démarches après le décès du cheval

Lorsque l’on se retrouve confronté pour la première fois à cette situation, il est difficile de réfléchir et il est normal de se sentir perdu face au vide et à « l’après ».

Connaitre les démarches à effectuer en amont permet aussi de s’éviter ce stress supplémentaire.

A la mort de votre équidé, vous devez contacter une société spécialisée (équarrissage ou incinération) pour procéder à l’enlèvement du corps, l’enfouissement d’un équidé étant strictement interdit. Dans les deux cas, le coût n’est pas négligeable et il faut y être préparé.

Comptez dans les 200-400€ pour l’équarrissage (le tarif variant d’une région à l’autre), et de 800 à 2000€ pour une incinération individuelle ou collective (société HORSIA).

Dans tous les cas, la déclaration au SIRE de la mort d’un équidé est obligatoire et est enregistrée lorsque les papiers de l’équidé sont retournés au SIRE.

Conseils pratiques :

Si l’euthanasie est programmée, pour vous éviter bien des déconvenues par la suite, il est souhaitable d’effectuer l’acte en dehors du box pour faciliter son enlèvement.

Si malheureusement le cheval est déjà décédé, il faut idéalement le sortir rapidement, avant l’apparition de la rigidité cadavérique.

Vous pouvez aussi récupérer des crins, certaines sociétés fabriquant de très jolis bracelets à partir de ce dernier souvenir, que vous serez content d’avoir conservé.

Lien utiles (tarifs équarrissage par région et société privée d’incinération) :