Problèmes locomoteurs du vieux cheval

Après les particularités de l’entretien du cheval âgé et ses principales pathologies médicales, nous abordons ici les problèmes locomoteurs liés à la vieillesse.

Le système locomoteur du cheval est un de ses points faibles et est souvent mis à rude épreuve tout au long de sa vie. Quand il entre dans l’âge senior, les boiteries sont fréquentes, mais ne doivent pas être négligées. Elles sont d’ailleurs une des causes principales de la mise à la retraite.

Attention à l’état corporel

Le cheval est souvent mis à la retraite entre 15 et 20 ans. Le manque d’activité physique associé à l’âge provoque généralement alors une fonte musculaire du cheval.

Mais ce n’est pas parce que le cheval n’a plus d’objectif sportif qu’il faut délaisser son entretien physique et locomoteur.

Un minimum d’activité physique est conseillé afin de maintenir une bonne condition. Cela permet d’éviter que le dos se creuse excessivement mais aussi de garder du souffle. Bien sûr, c’est à adapter à ce que le cheval peut faire : balades au pas, monté ou à pied, vie au pré…

  • Attention, il est indispensable en parallèle qu’il ne maigrisse pas. Pour garder du muscle, il faut avoir un minimum de gras. L’amaigrissement est trop souvent banalisé chez le cheval vieillissant.

A l’inverse, il ne s’agit pas de rendre votre cheval obèse, sous prétexte qu’il ne travaille plus. Sinon gare à la fourbure ! 

Pour rappel, cette maladie est favorisée par la maladie de Cushing et par le surpoids notamment. Un cheval vieillissant et trop gros y est donc particulièrement prédisposé.

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Arthrose chez le vieux cheval

Bien sûr, c’est la première chose qui vient à l’esprit quand on pense aux problèmes locomoteurs du cheval âgé.

En effet, l’arthrose est une pathologie qui s’aggrave avec le temps, et a donc tendance à se développer particulièrement chez les vieux chevaux.

L’arthrose est une affection dégénérative des articulations, caractérisée par l’érosion du cartilage et des modifications osseuses au niveau des marges articulaires.

Elle se développe plus ou moins vite en fonction des contraintes appliquées sur l’articulation.

arthrose vieux cheval

Elle sera donc favorisée chez un cheval ayant fourni un travail intense au cours de sa vie, ou si les articulations ont subi des traumatismes (entorse), ou si de mauvais aplombs ont entrainé des contraintes plus importantes sur les membres.

Les lésions irréversibles se cumulent avec le temps, et si l’arthrose peut être précoce, elle est quasi systématique en vieillissant.

Les signes caractéristiques seront une raideur voire une boiterie, plus marquée à froid et qui s’améliore à chaud. Pour les cas sévères, les déformations articulaires seront visibles à l’œil, sinon le diagnostic de certitude passe par la radiographie.

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Lésions tendineuses et ligamentaires

Les tendinites ne sont pas l’apanage du cheval de sport ou de course.

Après 15-16 ans, l’appareil locomoteur du cheval n’est pas le même. Cela ne veut pas dire qu’il faut systématiquement le mettre à la retraite à ce moment là. Mais les tendons du cheval sont plus fragiles, les tendinites sont plus sévères et plus fréquentes à cet âge. Surtout la cicatrisation est plus lente et moins bonne, avec de nombreuses récidives.

Il faudra donc être d’autant plus vigilant passé 15 ans sur les efforts demandés à son cheval, prendre le temps d’un bon échauffement progressif et éviter absolument les sols profonds ou irréguliers.

Cela est vrai quelque soit l’âge du cheval mais encore plus lorsqu’il vieillit.

Par ailleurs, on observe également sur les chevaux bas jointés, un relâchement progressif du ligament suspenseur du boulet. Cela entraine une descente progressive du boulet, qui peut à terme être très handicapante pour le cheval. Il aura du mal à se déplacer, à se relever etc…

Quelles solutions pour le propriétaire ?

Le soutien de l’appareil locomoteur de votre cheval senior passe par un minimum d’activité physique, un suivi régulier, une complémentation adaptée et surtout beaucoup d’attention.

L’activité physique

Adaptée aux possibilités de votre cheval, elle est primordiale pour entretenir son organisme. Vu le poids du squelette d’un cheval, il faut un minimum de muscles pour le mobiliser et éviter le jour fatidique où il ne pourra plus se lever.

cheval âgé

De plus, une activité régulière permet de limiter les douleurs arthrosiques, toujours plus intenses à froid, après une immobilité prolongée.

Cela peut être un grand pré/paddock, avec d’autres chevaux, des balades régulières, ou pour les plus en forme un travail d’entretien en carrière. Le choix du sol sera primordial, éviter les sols trop durs pour les pieds sensibles ou les articulations fragiles et trop profonds pour préserver les tendons du cheval.

Le suivi : vétérinaire et maréchal

La plupart des vieux chevaux ne voient le vétérinaire que pour les vaccins, mais il ne faut pas hésiter à en profiter pour discuter de leur état corporel : arthrose, locomotion etc… Si c’est nécessaire, il pourra prescrire des anti-inflammatoires ou conseiller le complément alimentaire le plus adapté.

marechal ferrant

La question de la maréchalerie est importante, souvent ils sont déferrés, au moins derrière pour vivre en troupeau. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut négliger le parage, qui doit être soigneux et régulier. Et pour ceux qui ont des problèmes tendineux ou articulaires, la ferrure orthopédique peut leur changer la vie. Indispensable pour la réparation d’une tendinite, elle peut aussi limiter les risques de récidives.

Sur ceux qui ont les boulets qui descendent sévèrement, ce qui est parfois considéré comme une fatalité, la ferrure à l’envers ou les eggbar shoes peuvent améliorer grandement les choses.

Compléments alimentaires pour vieux cheval

Ils sont une alternative précieuse aux anti-inflammatoires.

Les compléments pour soulager les articulations sont nombreux, les bienfaits de l’Harpagophytum ne sont plus à démontrer. Ils permettent d’améliorer considérablement la qualité de vie des chevaux âgés.

L’appareil locomoteur du cheval vieillissant est un de ses gros points faibles. Cependant, ce n’est pas une fatalité, en prenant soin de votre cheval, avec un suivi attentif et une activité adaptée, vous pouvez limiter les risques de boiterie.

Il existe aujourd’hui de nombreuses solutions pour offrir le meilleur confort de vie à votre compagnon qui vous a porté de nombreuses années.

Article rédigé par P. Cantet, vétérinaire équin

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